la Gazette des Astrologues

n°178 - Août 2019

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Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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Billet d’Humeur

Sylvette
LAMUR

URANUS QUAND TU NOUS TIENS

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Ce 31 Octobre 1501, Alexandre VI, venait de marier sa fille, Lucrèce au Duc D’Este. Les obligations avaient duré fort tard, et le repas du soir promettait un temps de repos bien mérité. A l’issue d’un repas copieux et bien arrosé, le pape Alexandre a convié des danseuses, fort peu vêtues avec le mot d’ordre d’égayer ses invités. Lesquels ont été encouragés à montrer une assiduité  dont le moins que l’on puisse  dire est que celle-ci a été suivie avec un bel enthousiasme, d’autant que ces demoiselles avaient pris des poses qui avaient été des plus intéressantes, colorant les joues des invités en rose ponceau.

La soirée s’est poursuivie jusqu’à l’aube et n’aurait pas déparé le meilleur Lupanar de Rome. Le récit de cette scène dantesque nous a été rapporté par Jean Burckhardt, né à Strasbourg, nommé maître de cérémonie pour l’ordonnancement des places que les invités devaient occuper au cours de ce festin.

Devant son regard horrifié se déroulait un véritable cauchemar dont il ne parvenait pas à se réveiller.

Quel est le responsable – astrologique – d’une pareille turpitude ? Mais avant de répondre nous allons faire connaissance avec trois usurpateurs. J’ai nommé Uranus, qui a pris la place de Saturne diurne, Neptune, qui a pris la place de Jupiter nocturne et Pluton qui a pris la place de Mars Nocturne, maître du Scorpion. Bien sûr, me direz-vous, c’est lui le coupable. Il est maître du Scorpion donc de la sexualité et joue sur une partition bien plus obscure que nous ne le soupçonnons. Eh bien non ! Ce n’est pas lui ! Pluton est assez direct dans ses avances, même si on l’accuse de passer par les mondes souterrains pour y parvenir, et puis physiquement il n’a pas l’envergure physique de Mars dont les attaques directes portent la signature des violeurs qui se dissimulent dans l’ombre du Scorpion et agressent leur victime par surprise. A Pluton appartiennent les “ballets roses”, les confréries perverses et les victimes plus ou moins prévenues de ce qui les attend. Pluton n’est jamais que l’exécuteur d’une créature bien plus haut placée que lui. Et dans ce registre nous avons ce qu’il nous faut.


Nous savons qu’Uranus est en exaltation dans le signe du Scorpion, étant l’octave supérieur de Mars. C’est donc lui, le Machiavel qui se cache sous des abords innocents, car Uranus c’est le Talleyrand du zodiaque en matière de sexualité. Un véritable génie en ce qui concerne les préludes, mais décevant dans ses conclusions. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que notre usurpateur occupe un domicile qui n’est pas le sien, et qui était auparavant celui de Saturne diurne. On ne peut pas prétendre que Saturne, même diurne soit d’une gaité folle. Il est austère comme lorsqu’il occupe son domicile nocturne préféré le Capricorne. Mais dans le Verseau, il est le chaudron qui bouillonne, et qu’un évènement imprévu renverse. Gare à ceux qui se trouvent sur son passage.

Regardons bien ce thème : Ce n’est pas avec le carré Pluton/Vénus à Lune/Uranus que les hostilités ont pu se déclencher. Un carré dénonce toujours un état de crise et au moins un obstacle qui empêche la crise de trouver une issue – Nous connaissons cela  pour le vivre depuis le mois de Mars – Mais Uranus va se frayer un passage jusqu’au Soleil par un trigone finissant, mais un trigone tout de même. Le soleil va littéralement “éclairer” les intentions de l’hôte du palais épiscopal. Regardez bien la position d’Uranus, il est à la limite de deux signes. Le premier, son domicile – gagné à la force des poignets, lors de la Révolution française – le Verseau. Le second les Poissons. Cette intersection va lui donner deux valeurs. La première, sera bien sûr celle de l’anticonformisme, mais la seconde, c’est celle qui lui permettra d’utiliser trois planètes. La première, l’ancien maître nocturne des Poissons : Jupiter. Le petit sextile qu’Uranus forme avec Jupiter va placer son “entregent” sous l’autorité ecclésiale du pape régnant. Laissant la bride sur le cou à toutes ses fantaisies.

Et en matière d’imagination nous savons qu’Uranus n’est jamais à court d’idées. Aidé en cela par la couverture d’un pape fort indulgent en matière de gaudriole, Uranus va utiliser tout le répertoire dont il dispose, car si Jupiter est premier maître nocturne des Poissons, il est suivi de près par Vénus, son second maître qui sous la coupe de Pluton va jouer une partition dont je pourrais dire que Casanova a été le brillant imitateur.

Nous en arrivons à Neptune, planète de l’amour cosmique transcendantal et maître de l’illusion, nouveau maître des Poissons. A l’évidence, aucune des planètes concernées par cet évènement n’a de rapport avec Neptune, totalement exclue d’une soirée où elle n’a pas sa place.

Les prouesses sont avant tout physiques et ne demandent pas d’aborder les navires en faisant preuve d’un romantisme échevelé. Cependant il y a parmi la foule un homme, ou une femme, ou encore des hommes et des femmes qui ne partagent pas les mêmes élans, et qui se retireront discrètement le moment venu. Neptune en V, trigone au MC désigneraient ceux qui ne veulent pas se commettre, tels peut-être, les enfants du pape.


Il nous reste cependant à analyser la position de Mars dans le signe des Gémeaux trigone à Mercure. Rendons grâce à Alexandre VI de n’avoir pas utilisé de jeunes enfants pour assouvir le désir des adultes. Le trigone Mars/Saturne/Mercure – Gémeaux/Balance, ne lui a pas fait envisager une pareille vilenie.

Cependant avant de crier : “Oh ! Le vilain, l’infâme, comment-a-t-il pu souiller le trône épiscopal ?”  Avant de le jeter au pilori, revenons quelques années en arrière. En 1494 exactement, lorsque Charles VIII roi de France décide des guerres d’Italie et qui, après avoir épargné Florence grâce à l’intervention de Savonarole - Jérôme - de son petit nom, se dirige vers Rome qu’il met à sac, jurant de tuer jusqu’au dernier romain, si Alexandre VI ne lui remet pas le frère du Sultan Bajazet qu’il protège dans son palais. Alexandre VI s’il ne veut pas voir tous ses sujets exterminés un à un est obligé de lui remettre “l’homme”, qui est d’ailleurs mort quelques mois après, sans profit pour le roi.

Imaginons un instant, un pape, d’origine espagnole, et nous connaissons la susceptibilité de ces grands, qui se voit obligé de se soumettre à un roi de France, qui est son vassal dans la religion. Qui doit bafouer la parole donnée à un homme qui lui a fait confiance bien que d’une religion rivale, et qui à tout instant, et à cause de cela, risque de se trouver face à une guerre sainte provenant de l’Islam. Quel est le sentiment d’impuissance qui l’habite face à un pareil coup du sort ? Bien sûr, il se soulagera un peu en exécutant Savonarole, en 1498, mais ce sera tout-à-fait insuffisant. Il lui faut plus, beaucoup plus, et il affirmera son autorité suprême devant Dieu et les hommes (Soleil trigone Uranus) – (Jupiter trigone As) lors de cette soirée cathartique qui le replace dans ses fonctions d’autorité suprême. Il mourra un peu plus d’un an et demi plus tard, en 1503.


Je joins le thème de cette soirée inoubliable, en tout cas, pour ses participants, car je suis sûre que l’on peut encore trouver bien des rapports planétaires qui désignent des alliances plus ou moins durables,  car dans ce genre de soirée ce sont les lendemains qui apportent souvent des engagements économiques entre participants et complices.


Sylvette LAMUR