la Gazette des Astrologues

n°185 - Mars 2020

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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“Sur le Vif”

La chronique de

Jacques VANAISE

« La pendule fait tic tac tic tic, les oiseaux Pic pic, sans oublier les dindons qui font glou, glou et les pieds sous la pluie flac flac flic flic (1).

« Glou glou ; flac flac…», ça me ressemble bien ça !


Quoi !?  C’est à moi de rédiger la chronique !? Vous êtes sûrs !?

J’étais bien tranquille, blotti contre le radiateur, au fond de la classe, le regard alangui s’évadant par la fenêtre, vers le grand chêne au milieu de la cour…

Bon !  Attendez que je m’étire et que je remonte la rivière ; pardon, l’allée cen-trale entre les bancs de mes camarades, pour rejoindre l’estrade du maître.

Non ! Pas besoin d’un crayon ni d’une feuille quadrillée. À travers le plissement de mes paupières, je ne saurais m’ajuster aux lignes tracées au cordeau dans le cahier d’écolier.

Ne vous attendez donc pas à de la calligraphie.  

Pour cela, adressez-vous plutôt à mon vis-à-vis… Oui, la petite Vierge bien sage, toujours discrète et attentive à chaque détail ; et si confuse si la plume trop généreusement trempée dans l’encrier étale un large pâté sur la page immaculée.


[ Petite scène illustrative.

La Fée Du Logis : « C’est quoi cette tache sur le carrelage ? »

Le Grand Rêveur tente de noyer le poisson et lève les yeux au ciel.

LFDL: « Inutile de regarder en l’air.  Cette tache n’est pas tombée du plafond ! »

LGR tente son joker : « Euh ! Elle était là avant que je ne peigne le mur… »

LFDL : « Ne raconte pas des carabistouilles, cette tache est toute fraîche et net-toie ça tout de suite ! »

LGR encore plus rêveur : « Bon, ça va, tout ça pour une petite tache… ». Dans son for intérieur : « Glou glou, flac flac… » ]


Non ! Je n’ai pas l’intention de zigzaguer n’importe comment ni de sautiller au petit bonheur la chance.  Je laisse ça à mon ami Gémeaux, toujours en quête d’une porte à ouvrir, d’une lettre à envoyer, d’un ami à appeler, d’un livre à terminer.

Bon je me lance.  Attachez vos ceintures…

« Au commencement… »

Je sais ce que vous allez me dire : « Il y a le Verbe… ! »

Mais le Verbe, c’est déjà beaucoup ; c’est déjà très structuré, très intentionnel et donc : très formaté.  

Au commencement, je dirais plus volontiers qu’il y a l’eau. Je devine votre souri-re : ce cher Poisson a le cerveau mouillé…  Soit ! Vous préférez sans doute tout ce qui est solide ?  Tout ce qui peut se démonter en pièces détachées, question de tout expliquer… ?

Moi je préfère le vague…  A l’âme, souvent.

À l’origine, je pense, le Kosmos avait les pieds dans l’eau, principe premier de la nature, selon Thalès de Milet.  

C’est à partir de l’eau primordiale que furent engendrés les autres éléments : la terre, l’air, le feu.  Cosmogonie naïve, sans doute, mais qui me convient.

Pour en revenir à mon cerveau mouillé et à mon air vague, une petite idée me trottine dans la tête et j’aimerais la partager avec vous…  

La vague (oui, je suis passé de l’adjectif au substantif) n’est qu’un mouvement de l’eau.  

La vague est tout à fait impermanente.  Elle monte, elle se brise, elle s’étale. Elle ne fait que répondre à l’appel de la lune ; elle ne fait qu’exprimer le mouvement perpé-tuel des marées.  L’eau, en revanche, est sa matière, son cœur, sa permanence.

Entre la vague et l’eau, à travers mes yeux plissés, je me sens bourgeonner sur une frontière où l’endroit et l’envers se confondent.  

Oui, j’en conviens, c’est assez bouddhique de reconsidérer ainsi la réalité et de songer que toute chose, à vrai dire, n’est qu’une sorte de reflet de la lune dans l'eau. Il n'existe pas de matière dotée d'une existence propre. Les choses ne sont qu’apparence. Elles n’existent qu’en tant que voile.  

Personnellement (et j’aime ça), lorsque je me laisse porter par la vague, c’est avec l’intention étrange et surréaliste de me laisser bercer par une sorte de langueur amoureuse.  

Alors, non ! Ne m’enlevez pas ce rêve pathétique !  

Ne dénoncez pas l’illusion de mes infinis, même s’ils sont flous. Ma table de travail est en désordre, soit ! Mais je sais de quel côté tendre la main pour trouver la farde ou le dossier dont j’ai besoin.

Oui, je sais, je me laisse volontiers emporter par des mirages et aussi par des vi-sages… Un regard appuyé et, tout de suite, « Je l’aime à en mourir » (2).  Un vrai cœur d’artichaut ! « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » (3) (Surtout quand Vénus se baigne dans le signe des Poissons).

Je me plais aussi à m’enliser dans les mystères. N’y voyez qu’une profonde nos-talgie : celle de l’Unité première, de la fusion complète qui me mouille le regard lorsque je vois, j’entends, je devine une foule unie autour d’une idée, ou enrobée de musique, ou submergée par un élan de solidarité.

Ce qui affleure dans mes rêves est encore plus insensé. Or, lorsque le poète un peu fou se laisse aller au non-sens, le médecin l’observe avec intérêt. Confortablement assis, un sourire aux lèvres, il est sûr de sa logique.  Il permet au fou de raconter n’importe quoi.  

De son côté, le fou (ou le poète) pense qu’il dit des choses profondes ; mais lui seul peut les comprendre.  


Englué dans l’implicite, sans même avoir besoin des vapeurs languissantes de l’alcool ou de la fumette, j’épanche mes impressions, sans me rendre compte que mes périphrases alambiquées ne sont que des bulles que ‘l’autre’ ne peut déchiffrer.  

Quel intérêt, pensent les gens sensés, d’écouter ce voyageur perdu dans son pro-pre labyrinthe ?  Ses mots sont évanescents, ses idées sont vaporeuses et sa pensée est captive dans un lointain où tout n’est que suggestion, perméabilité, contagion…

Sachez-le : je ne détiens aucune vérité !  Je suis simplement, aux meilleurs mo-ments de ma vie, en résonance avec tout ce qui déborde de mon quotidien : le monde poétique, le « sacré », le « divin » qui, sans cesse, échappent à la plupart d’entre nous et qui, pourtant, sont comme incrustés dans notre univers inconscient.   

Pour explorer cette dimension de la vie, je ne dispose d’aucun référentiel précis.  Et pour parler de l’infini, je ne me fie à aucune théorie bien ficelée.  Je préfère pressentir, par allusion, ce qui est au-delà des apparences.  

Là, je découvre une mesure qui échappe à tout contrôle.  Parfois, le voile se dé-chire et un songe m’ouvre sa porte.  J’y devine, le flash d’un instant, ce qui me relie à l’infini et à l’indifférencié.  J’y redécouvre aussi le méandre de mes propres univers oubliés, refoulés, enfouis.  

Oui, sans doute, la voie religieuse n’est pas étrangère à cette descente en moi-même. Mais, je ne suis pas dupe : il ne s’agit tout au plus que d’un passage. J’y franchis un seuil, tantôt pour augurer du « Tout Autre », tantôt pour me sentir extrêmement relié à tout ce qui m’entoure, ici, dans le monde.

Là, ce qui compte, c’est l’élan du cœur à peine effleuré par un bref frémissement, au diapason de ma propre musique intérieure et de celle des autres.

Mais, me voici bien lyrique…

Il est temps que je fasse silence…


Jacques VANAISE


(1) Charles Trenet, 1918 (Neptune au MC en cancer)

(2) Francis Cabrel, 1979 (Neptune en V carré à l’Ascendant)

(3) Jean Yanne, 1972 (Neptune carré à la Lune)

Pour tout contact
jacques.vanaise@skynet.be

Les Poissons : le monde du silence.

Sur le vif

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