la Gazette des Astrologues

n°187 - Mai 2020

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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Billet d’Humeur

Marie-Louise
BIELER BERNARD

Je m’interrogeais depuis deux ou trois ans sur le fait que les apprenants rejetaient des pratiques que pendant trente ans d’autres avaient appréciées. J’ai toujours commencé les ateliers en faisant poser les transits planétaires sur le thème des participants afin qu’ils se familiarisent avec la notion de cycles d’une part, et, d’autre part, afin qu’ils s’entraînent à faire des corrélations entre ces transits, ce qui se passait dans la société et leur vécu personnel. Et voici que plus personne ne voulait savoir où se trouvait le 23ème degré du Capricorne dans son thème natal. Je me demande aujourd’hui s’il ne s’agissait pas d’un déni collectif inconscient.

J’ai donné une conférence en mai 2019, devant des non-initiés, au cours de laquelle j’ai présenté la carte du ciel du 12 janvier 2020. Je leur proposais d’observer ce qui allait se passer dans le monde à ce moment-là car des événements significatifs pourraient influer sur l’évolution de la société, à l’échelle mondiale. Je me souviens, alors que j’échangeais avec le public, m’être retournée vers l’écran et avoir ressenti pendant un quart de seconde un frisson de frayeur devant ce que je voyais, en grand sur le mur : quelque chose qui m’a rappelé l’époque des débuts de l’informatique où les systèmes bloquaient tous les sans cesse et où l’informaticien de service nous demandait de faire un reset en pressant avec une épingle sur un minuscule point contact. Cela relançait la machine, mais nous y perdions souvent pas mal de données.

Nous nous trouvions ce jour de mai devant un cluster de planètes, astéroïdes et autres éléments symboliques. Mais c’était le temps où je pérorais dans ma petite robe d’été, sans masque ni gants, et surtout, sans avoir jamais entendu parler de cluster.

A partir de septembre, j’ai présenté à chaque début d’atelier ce même thème, sur papier, et j’avais écrit à côté de l’amas planétaire en Capricorne : annonce, formulation, responsabilité, pouvoir, restrictions, répression, peur.

Dans ce groupe en Capricorne, nous avions Pluton, Saturne, Mercure et le Soleil concentrés sur 3°, Jupiter alors en approche a rejoint Pluton le 5 avril.

Quand je parle de Pluton, j’aime insister sur le fait qu’il fait disparaître nos repères extérieurs pour nous contraindre à en établir de nouveaux en tenant compte de nos ressources et empêchements inconscients. Cela peut se produire de bien des façons. Je craignais une catastrophe atomique ou une succession d’éruptions volcaniques et tremblements de terre.

Nous savons maintenant que c’est le confinement qui devait nous priver de nos repères extérieurs.

Pour un impact aussi puissant et généralisé, il fallait que les deux compères de Pluton, Uranus et Neptune, se mêlent de l’affaire.

Au printemps 2012 Neptune est entré en Poissons où il restera jusqu’en 2025. Neptune traite de ce qui nous rassemble, compassion, altruisme, solidarité. Il nous incite à mettre en commun, à passer de l’individualité à la communauté, il repousse les limites et les frontières jusqu’à l’universalité. Ce principe est tout à fait propice aux contagions de toutes sortes. Neptune en Poissons présente aussi un risque d’illusion et de tromperie.

Jusqu’à cette année, ce paragraphe de mes comptes-rendus semblait concerner les mouvements migratoires, la propagation de médisances et autres fausses nouvelles, les manifestations collectives sans structures et sans chefs. C’était vrai, mais Neptune avait encore de la ressource. Ce ne sont plus seulement les frontières géographiques qui sont concernées, mais nos propres frontières corporelles. La propagation est rapide, comme l’eau après la rupture d’un barrage. Les qualités neptuniennes s’expriment aussi : dans la plupart des pays, on fait passer les vies avant les profits financiers, les recherches médicales sont mises en commun.

En mai 2018, Uranus est entré en Taureau pour une durée de sept ans. Je parle depuis lors de nouvelles façons d’appréhender les aspects matériels de la vie (finance, propriété, etc.) ; d’importantes remises en cause et réformes de ce qui relève de la biologie en général (agriculture, médecine, etc.), les technologies d’avant-garde prenant davantage de place. En opposition au Scorpion, je supposais une activation de ce signe de façons inattendues. Peut-être des conflits provoqués par les changements en Taureau qui pourraient être difficiles à vivre mais qui favoriseraient les transformations. Peut-être la mise en application d’un nouveau traitement ou vaccin contre le SIDA dont l’épidémie s’était développée lorsque Uranus transitait le Scorpion.

Traitements et vaccins sont bien d’actualité, avec des sommités médicales dans le rôle d’Uranus (qui étonne, qui se démarque au risque de déranger, qui proteste et qui avance !) et espérons que les qualités du Taureau permettront des résultats concrets et une production efficace. On peut voir également dans ce transit les nouvelles pratiques de soin, les réorganisations subites des services médicaux, le déploiement de moyens financiers considérables.

Mais revenons à notre Capricorne. Saturne au coude à coude avec Pluton fait que les problématiques s’incarnent dans la société. Au paroxysme du processus, se produit la fin de la forme : la mort. Pour l’éviter, la notion de temps dont Saturne est le maître devient cruciale : les aggravations sont subites, les réanimations sont longues. Jupiter qui les rejoint veut plus d’espace, dans d’autres services, d’autres établissements, dans une tente sur le parking, dans d’autres régions et on fait voyager les malades. Dans d’autres pays aussi. Les frontières rétablies à la gloire de Saturne s’ouvrent pour les malades à la gloire de Jupiter. Dans nos propres univers de confinement, les notions d’espace et de temps s’altèrent. Mais Saturne n’est pas à cours de limites, il a dans une main le carnet d’autorisations et dans l’autre celui des interdictions. Et donc, nous nous autorisons nous-mêmes, en remplissant et signant un document en bonne et due forme, à sortir en raison de divers motifs répertoriés alors que, de toute façon, nous sommes autorisés à sortir pour nous promener. Et Saturne se met de mèche avec Jupiter pour imposer la « distanciation sociale », pour modifier notre image : tout le monde devient rapidement aussi mal coiffé que moi et le port du masque ne laisse apparaître que des regards à identifier, comme dans les anciennes énigmes de la Veillée des Chaumières. Saturne, Jupiter et Pluton chamboulent les repères sociaux : les soignants, les livreurs, les caissières et les éboueurs sont subitement encensés, comme si nous venions de découvrir que dans la société, chacun a son importance.


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Bien que tous ces éléments basiques de l’astrologie nous paraissent d’une interprétation limpide, s’il était possible de prévoir cette crise planétaire majeure, il n’était pas possible d’en prévoir le déroulé précis. D’une part, parce que cela aurait pu se dérouler différemment : l’épidémie aurait pu être consécutive aux tremblements de terre que je redoutais ; d’autre part, parce que la vie a beaucoup plus d’imagination que nous : le confinement généralisé ne me serait jamais venu à l’esprit.

Personnellement, le fait d’avoir envisagé cette crise dans son ampleur m’a évité l’effet de sidération et m’aide à gérer mon énergie. Mais, dans la mesure où nous ne pouvons pas prédire, est-il bon de prévoir ? Avec l’intention de mobiliser des ressources, n’allons-nous pas générer des angoisses ? était-il nécessaire d’alerter dans les conférences et les ateliers sur sa probabilité, de faire ce que j’appelle des avertissements de précaution. J’ai posé la question aux participants.

Réponses :

Je me souviens que tu avais prévu ce contexte bien particulier… C’est dur mais il faut prendre cet intermezzo comme un bénéfice.

Personnellement, après t’avoir écoutée, je n’ai pas retenu d’angoisse, juste du positif. Je ne voulais ENTENDRE que du bon, sans oublier d’y inclure ma vie personnelle. On ne pouvait plus continuer ainsi, il fallait que l’on change, nous n’avons pas été capables de le faire seuls. Ce virus nous aide à nous remettre en question.

Vous m’aviez fait part de turbulences à venir, j’ai ressenti toute votre prévenance quant à ce qui se dessinait et j’ai senti que la situation pouvait être grave. Cela s’est traduit dans ma tête par « attention, prudence, gardons à l’idée de prendre du recul, préparons-nous ».  De fait, psychologiquement, cela m’a aidée à amortir les coups en quelque sorte… Compte-tenu de mon fonctionnement, il m’a peut-être manqué plus de concret, un calendrier plus précis. Mais dire plus ou plus précisément aurait-il changé quelque chose ?

Tu sais combien l’analyse au niveau mondial me semblait un peu superflue et la tendance que j’avais à ramener cet aspect sur mon thème perso… Je n’aurais jamais pensé que cela impacterait autant ma vie privée. Maintenant, j’écouterai et lirai avec beaucoup plus d’attention le contexte astrologique que tu fais chaque mois !!!!

Dire que tu as suffisamment insisté ou pas sur le contexte de janvier 2020, que ça a été utile ou pas, avec le recul je dirai plutôt que tu as posé les choses de façon affirmative, utile oui car beaucoup ressentent que le monde dans lequel nous évoluons arrive à bout de souffle, ton « avertissement de précaution » a posé cet état de fait. Je pense que chacun a dû s’approprier ton discours, tes réponses, en fonction de ses propres références, ressentis, afin, d’une certaine manière, de mettre « un lendemain » sur tes mots et se rassurer si besoin…


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Pour finir, je voudrais relever une tendance bien saturnienne qui s’exprime dans les réponses que j’ai reçues et dans la société en général : la culpabilité et la culpabilisation. Là encore, je vois des questions de limites et notamment, celle qui existe entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. Je vois régulièrement des personnes que l’on a culpabilisées à l’occasion d’une maladie en leur disant : c’est parce que tu n’as pas fait le deuil, parce que tu n’as pas pardonné, parce que tu as pris un coup de soleil dans ton enfance, peut-être même qu’un jour tu as mangé le gras du jambon, etc... Aux personnes victimes d’agression on dit qu’elles sont trop soumises, à ceux qui cherchent un emploi qu’ils sont trop compétents, etc... Et beaucoup le croient. Certains pensent actuellement que le coronavirus serait un justicier couronné destiné à nous faire comprendre toutes nos erreurs. Et beaucoup l’utiliseront pour manipuler ceux qui se culpabilisent. L’astrologie nous l’enseigne : des événements surviennent en corrélation les uns avec les autres mais sans avoir obligatoirement de lien de cause à effet. Toutes les espèces ont leurs vulnérabilités, l’espèce humaine comme les autres. De grands bonheurs nous arrivent et de grands malheurs aussi sans que nous les ayons provoqués. Le mieux que nous puissions faire est de les assumer avec responsabilité, mais sans culpabilité.



Salon de Provence, le 28 avril 2020


Marie-Louise BIELER BERNARD

La vie a plus d’imagination que nous...

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