la Gazette des Astrologues

n°133 - Novembre 2015

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Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

Le Billet d’Humeur

Une crise socio-économique mondiale nous déstabilise, chacun selon nos conditions et nos repères.

Sept ans que cela dure.  

Mystifications,  débordements et aberrations n’ont cessé de se succéder, sans vergogne, sans frontières aussi, puisque tout est désormais lié (comme astrologues, nous précisons volontiers : et interdépendant).  

Des crédits immobiliers accordés à tout le monde ; mais impossibles à rembourser.  

Des écoutes téléphoniques généralisées, pour un oui, pour un non.  

Des ingrédients alimentaires tronqués (vous voulez un exemple : les frites recomposées dans les fastfoods contiennent…  du silicone…  Si ! si !)  

Des médicaments commercialisés avant d’être testés valablement.  

Des scanners électroniques pour remplacer le sourire de la caissière.

Des voitures propres, garanties sur ongle, mais qui ne le sont pas.  

Des champions à la fois sportifs et tricheurs.  

Des guerres déclenchées pour de faux motifs.  

Des interventions armées aux objectifs partisans.

Des missiles tueurs téléguidés depuis un bunker aseptisé.  

Des dévoiements de religions à des fins obscurantistes…  

Des fontes de glaciers plus rapides que la vidange de notre baignoire (bon, là, d’accord, j’exagère un peu…)  

Des murs érigés pour bloquer les exodes.  

Des attentats plus fréquents, sinon plus meurtriers que les tremblements de terre. ..

J’arrête la liste.  Libre à vous de la compléter.

En Belgique, quelques éminences se sont réunies pour déclarer : « ceci n’est pas une crise » (1)

De fait, nous vivons avant tout une mutation économique et sociétale, profonde, très profonde.  

Mais, pourquoi aborder ce trou noir qui nous menace de toutes parts dans ce billet d’humeur ?

Parce que tout cela est à l’antipode de notre besoin de sens.  

Je me trompe ?

L’une des alternatives qui me font encore espérer est celle qui consiste à permettre aux nouvelles générations de construire leur identité sur quelque chose d’autre, de différent, de nouveau.   De sorte qu’elles transforment leur malaise en utile indignation (Indignez-vous !  Merci Stéphane Hesse).

Mais que se passe-t-il donc !?  Avons-nous perdu le Nord !?

Et le message d’amour, et de solidarité, et de fraternité, assené par un certain Jésus, a-t-il fait long feu !?  

Vous voulez des indices de cet échec !?

Aujourd’hui, de quoi parle-t-on, prioritairement ?

De compétition, de rentabilité, de croissance, de consommation…

Nous sommes au creux d’une double vague : à tribord, le consumérisme effréné ; à bâbord, l’intégrisme mortifère.

Mais je vous devine reposer la question de tout à l’heure : pourquoi détailler cela dans un billet d’humeur supposé nous concerner, en tant qu’astrologues… ?

Parce que notre pratique nous impose d’occuper un strapontin d’observateurs.  Pas seulement pour plaquer sur les événements et les soubresauts d’un monde en recherche d’une porte de sortie des interprétations savantes et ponctuelles, comme si tout s’expliquait (par exemple) par le carré céleste de Pluton à Uranus (qui, il est vrai, a agité plus d’un de mes amis ces derniers mois)…  Mais pour nous interroger plus profondément.

Sortons le grand jeu ; en l’occurrence celui des cycles.  Là, nous sommes au cœur même de notre discipline.

Nous ne pouvons le nier, de profondes mutations sociales sont en cours.   Bien au-delà de la crise économique, une altération remet en cause  une grande partie des structures qui déterminaient notre quotidien et qui constituaient les fondements de nos identités, produisant ainsi une perte de repères et un sentiment d’anxiété.

Les mouvements populistes et / ou intégristes surfent sur cette fragilité et l’exploitent à travers une rhétorique réductrice, suscitant la confrontation, au risque de déstabiliser nos sociétés.

Les mutations que nous vivons sont opaques, voire menaçantes, tant que nous ne sommes pas en mesure d’y déceler les prémices d’une transformation nécessaire.

Nécessaire à quoi !?

À l’éclosion de ce qui est en germe en chacun de nous : notre part d’humanité.

Pour étayer cette idée d’éclosion, d’innombrables symptômes attestent la mutation en cours.  

À la veille de l’an deux mille, nous aspirions à l’avènement  d’un autre mythe salvateur : celui du Verseau.  Or, qu’observons-nous : une machine à broyer les individus et les peuples, dès lors qu’un nouvel empire planétaire est en gestation dans le ventre du monde.  Elle montre son visage là où il est donné la préférence au premier degré des choses, à l’extrême opposé d’un encouragement à rechercher chacun son propre Graal…

Le futur esprit (du Verseau) ne s’exprime pas plus clairement aujourd’hui qu’aux temps anciens où il était question de pressentir et d’annoncer le temps des Poissons, il y a plus de deux mille ans.  Nous ne saurions nous en étonner, dès lors qu’aucun homme n’est encore capable de définir cet esprit.

Pour l’approcher, le deviner, le nourrir, le faire émerger, nous pouvons nous poser la question du sens.  Bien au-dessus de l’organisation courante des choses, dévoyée par les priorités d’une société « du spectacle » et la primauté reconnue à la réussite matérielle (des plus forts), situons le petit homme dans le vaste jeu des mondes infinis : dans l’immensité du temps qui nous a accouchés sur terre, dans l’infinitude du cosmos où nous ne savons même pas si nous sommes seuls…  

Et de nous poser la question essentielle : qu’est-ce qui peut faire sens ?  Ou, plus précisément, de quoi l’homme a-t-il besoin pour ne pas se contenter d’être terriblement productif, pour aussi et surtout d’être extrêmement fécond.

Fécond, non dans le sens de la procréation, bien évidemment, mais dans le sens de l’aventure prométhéenne qui doit le faire sortir aussi bien de la fascination pour l’enveloppe superficielle des choses, que de l’indifférence pour ce qui ne répond pas à son seul souci de satisfaire ses besoins immédiats.

En cela, il n’est nullement question de faire taire, dans notre conscience, les bruits du monde, mais d’aspirer à un retour sur l’essentiel.

Le principal péril est celui d’une civilisation creuse, à force de s’occuper du vernis extérieur.  Jung l’écrivait déjà : « l’homme intérieur est resté à l’écart ».  Songeons ici à tout ce qui le maintient à distance du déclic salutaire : celui qui peut (doit) lui révéler ses conformismes, ses assujettissements, ses vanités.

En tout cela, amis astrologues, je ne cherche pas à vous réunir autour d’une vérité toute faite, mais à nous interroger ensemble sur le sens et la portée de notre rôle, en tant que praticiens de l’astrologie.

Quel est ce rôle ?  Accompagner, par exemple, chacun, sur le chemin d’un retour méditatif sur soi-même, retour qui incite à se dégager de ses gangues ; et je cite à nouveau Jung, en vue de solliciter en chacun « sa vraie vocation individuelle et sociale »…

Nous avons besoin d’une nouvelle utopie.  S’agit-il de nous envoyer en l’air dans le froid glacial et abstrait d’un ciel vide !?  Oh ! que non : il s’agit de réinventer le « vivre ensemble » ; autour d’un commun dénominateur, le plus grand possible et  prenant en compte la différence, l’unicité de chacun, bien au-delà des particularismes autour de dogmes absolutistes ou de pièges consuméristes…

Ces différences et singularités, comme astrologues, nous les connaissons bien.  Nous sommes tous et chacun messagers singuliers d’une configuration et donc d’une réponse à la question du « comment » et surtout du « pour quoi » vivre.

Resterons-nous indifférents ?

Avons-nous besoin d’être confrontés au pire pour ensemble et enfin faire notre métier mieux que bien… ?


(1) http://www.cecinestpasunecrise.org/fr

Jacques VANAISE

Octobre        2015




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Jacques VANAISE

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