la Gazette des Astrologues

n°173 - Mars 2019

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Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

20
ans

1996-2016

la FDAF a


“Sur le Vif”

La chronique de

Jacques VANAISE

Isabelle (prénom d’emprunt) est une jeune  femme qui aura bientôt 25 ans (née à Bruxelles le 7 avril 1994 à 12H42). Elle a entrepris des études universitaires en psychologie. Chaque année, elle doit régulièrement représenter des examens.  Actuellement, elle n’en finit pas de terminer son mémoire. Elle doute beaucoup d’elle-même, se disant qu’elle a peut-être fait fausse route…

Comment l’aider ?  Comment déceler avec elle le sens à donner à sa vie, alors qu’elle se cherche encore ?

Je ne crois pas aux théories selon lesquelles la profession d’un « natif » serait clairement indiquée dans son thème. Autre chose est de tenter éclairer son processus psychologique, ainsi que les tenants et aboutissants ayant modelé jusqu’ici sa personnalité.  

On le sait, indépendamment de son héritage familial et social, des éléments de notre histoire personnelle sont utiles à connaître, la carte n’étant pas le territoire et, après tout, le thème de naissance étant tout au plus la partition d’une mise en œuvre intérieure ; alors même que sa concrétisation dans les faits et à l’occasion de situations vécues peut varier, évoluer, dans l’accentuation ou dans l’atténuation des attentes, des aspirations et des peurs, tout au plus pressenties lors de l’analyse de la carte du ciel.

Je vous livre donc une information utile à connaître avant de partager avec vous une piste pour, il me semble, appréhender l’une ou l’autre clef de ce thème.

Isabelle a le bonheur, mais aussi l’inconvénient, d’avoir un père brillant, connu et reconnu, autant le dire : une personnalité publique.  Il n’est pas toujours aisé, dit-on, de « se faire un prénom »…  Il nous vient donc à l’esprit la question de savoir comment Isabelle se situe face à un père pour qui, aux yeux de sa fille tout au moins, tout semble aisé, dans l’exercice d’une pensée créatrice, rapide, percutante…

Ne considérons pas, trop hâtivement et après avoir survolé le thème d’Isabelle, qu’elle a le papa qu’elle mérite ou qui lui convient…  Prenons plutôt en compte son Soleil Bélier et culminant pour supposer qu’il la conduit à valider le rayonnement vif et « de haut vol » de son père dans le domaine public.  D’où cette autre question : « comment Isabelle imagine-t-elle sa filiation et comment peut-elle, non nécessairement être l’égal de son cher papa, mais obtenir tout au moins son admiration.. ? »

Loin de moi l’intention de proposer ici une analyse complète du thème d’Isabelle.  Je me contenterai de relever quelques indices pouvant éclairer ses doutes quant à la poursuite de son projet actuel d’études.

D’emblée, Isabelle est partagée entre le désir d’un confort paisible (Vénus et le Nœud Sud en Taureau), l’aspiration à adhérer autant que possible aux valeurs de la communauté des hommes (Secteur XI, celui des solidarités), mais aussi l’impulsion et l’impatience de son Soleil en Bélier et en Secteur X.

Avec la tonalité Taureau, elle a besoin de s’appuyer sur un acquis. La particularité du Taureau est effectivement de se nourrir, d’ingérer, d’assimiler, de s’approprier.  

Ainsi, le Nœud Sud en Taureau souligne une tendance à puiser dans le tronc commun social et culturel ce dont Isabelle a besoin pour alimenter son propre système de valeurs.  

Mais, insensiblement, son Nœud Nord en Scorpion l’invite à filtrer ce qui provient de ce terreau humain et social, pour mieux discriminer ce qui lui correspond (Secteur identitaire V) et ce qui la concerne personnellement et intrinsèquement.  

Ce Nœud Nord se trouve là où il est question de sa valorisation personnelle, de son identité, de ses satisfactions d’amour-propre, de ses références à des modèles.  

La tonalité Scorpion l’incite à vouloir se singulariser dans ses recherches de repères (cf. la présence de son Soleil, facteur de rayonnement et d’identité, dans le secteur de l’accomplissement : le Secteur X).

Or, discriminer, pour mieux discerner et pour mieux affirmer ses propres valeurs et références, réclame d’Isabelle de l’audace et de la singularité.  

Il y a dans la tonalité du Scorpion (Jupiter, Nœud Nord et Pluton) une sorte de critique sous-jacente et exigeante qui ne dit pas vraiment son nom.  Isabelle se sent en désaccord, mais elle maintient le statu quo, aspirant à la quiétude et au confort d’un soutien (Vénus Taureau en XI).  Pourquoi ?  Serait-ce pour éviter de vivre la mise à l’écart, voire le sentiment d’abandon (Lune conjointe à Saturne) ?

Le Scorpion a pourtant besoin de vérité.  On peut donc voir dans le Nœud Nord en Scorpion et en Secteur V le besoin de connaître sa propre vérité.  

On conçoit que c’est un peu le besoin de chacun(e) d’entre nous.  Cependant, ainsi souligné par les oppositions vers le secteur V, ce besoin est ici pleinement agissant et rendu difficile, voire conflictuel.  

Avec le Scorpion en Secteur V, complété par la présence de Pluton, il n’est guère possible pour Isabelle de faire de l’esbroufe ou de faire preuve d’un étalage gratuit, question de donner le change, par souci de représentation et de représentativité…  

Tout doit être profondément intègre et ressenti.

Le Scorpion présente une autre particularité, en opposition au Taureau.  Ce dernier s’appuie sur des réalités concrètes de stabilisation et de bien-être ; le Scorpion perçoit clairement que les finalités de la vie impliquent des transformations, des métamorphoses, des paroxysmes, autant de processus qui impliquent de lâcher prise et, parfois, d’accepter de perdre, pour entrer dans une autre perception des choses, question de rejoindre les vrais fondements de l’être et de la vie.

Et, sans doute, Isabelle perçoit-elle la nécessité de créer quelque chose qui lui soit propre.

Ce qui suppose d’envisager une œuvre personnelle, plutôt que de se nourrir d’un acquis dans lequel il suffirait de puiser.  

Avant d’y parvenir, son axe des Nœuds lunaires l’interpelle quant à son désir de prendre racine (Taureau) dans une dimension sociale impliquant inévitablement des compromis.  

Il est cependant utile qu’Isabelle se recentre sur elle-même et pour se réaliser intrinsèquement, en prenant une distance vis-à-vis des appuis sur lesquels son Ascendant Cancer l’invite à se référer.

Sa nature inventive aspire à exprimer sa créativité et à mettre en valeur ses aptitudes et ses dons encore insoupçonnés, à partir du niveau le plus profond, à la source même de ce qui fait sa différence.

Pour cela, il convient qu’elle prenne conscience que c’est par elle-même qu’elle peut définir ses propres repères.  

Elle a donc besoin d’extérioriser ses talents personnels et singuliers.  Mais elle recherche aussi l’assentiment de tout ce qui lui sert de modèle (cf. son père !?).  

Sensible à son image sociale (Soleil dans le Secteur X), elle cherche à faire reconnaître ses capacités, à susciter respect et admiration.  

Il ne lui suffit donc pas de réagir pour réagir (ce que fait le Bélier), mais de valoriser et de consolider un impact pertinent (Secteur X).  

Et donc, si ses succès décuplent son enthousiasme, ses échecs peuvent la décourager complètement.  Mieux vaut donc renforcer sa confiance en elle-même ; à défaut de quoi son épanouissement passe, dans une large mesure, par la reconnaissance d'autrui.

Toutefois, le risque ou le piège est alors de se modéliser sur un profil, ou une norme, ou un cadre ; et donc d’écouter ce que les autres voudraient qu’elle soit.  

Elle risque d’y répondre, un peu par orgueil (Soleil) et un peu par défi (Bélier + Scorpion). Ce qui la pousse à aller plus loin qu’elle ne le pensait au départ.

Son projet de vie (et notamment professionnel : Secteur X) devient alors le lieu d’un combat, ce qui peut poser problème si son but n’est pas clair. Découle-t-il de ses aspirations les plus intimes ou se calque-t-il sur un modèle de réussite ?

La voilà, en quelque sorte, partagée entre l’importance d’un rôle social à assumer et la dérision avec laquelle elle le considère.  

C’est comme si elle devait, d’une façon ou d’une autre, agir ou réagir contre un modèle.

Le Bélier aspire à réagir au quart de tour, mais la secondarité d’Isabelle (Ascendant Cancer, Lune conjointe à Saturne) lui fait pressentir la suite des enchaînements et des conséquences.  Tout jugement ou tout reproche peut alors être ressenti comme un réel empêchement.  

Le piège est de penser qu’elle doit forcément être la meilleure (Soleil en Bélier et en Secteur X) et sur l’avant-scène, chaque fois que quelqu’un ou quelque chose la sollicite.

Elle peut ressentir tout exemple de réussite à la fois comme un modèle à suivre et comme une exigence : ce qui entraîne un partage entre le désir d’y satisfaire et le désir d’en revenir plus exactement à sa juste mesure.  

Il convient donc d’éviter le piège consistant à condamner ses propres moments de doute et de déconsidérer son besoin de progresser à son propre rythme.  

Plutôt que de s’aligner sur un cadre formel, sa part de sensibilité aspire à montrer au grand jour ce qu’elle ressent dans son intimité.  Ainsi, elle plonge dans une intensité de vie qui se lit dans ses états d’âme.  

Avec les enfants, elle recherche la complicité. Leur créativité et leur vulnérabilité sont comme une source qui vient au jour.  

Au départ, elle construit donc un personnage qui s’avère très sensible aux remarques quant à sa propre image, mais que, par ailleurs, elle remet en cause elle-même.  

Elle craint, on ne sait trop pourquoi, d’être devinée et mise à nu.  Aurait-elle peur de trahir l’idée ou l’attente qu’on projette sur elle ?  

La Lune Noire conjointe à son Soleil est le signe d’une grande exigence qualitative quant à son image personnelle.  Mais le piège est de s’identifier à une image « importée ».  

Certes, toute introjection de références extérieures contribue à développer ses convictions.  

Quant au rôle de Saturne (en Poissons et conjoint à la Lune), il est de délimiter le champ trop large et trop vague des méandres de son imaginaire.  

Il est certes utile de s’appuyer sur ce qui a fait ses preuves avant elle (cf. l’acquis et le patrimoine du Taureau et du Cancer).  Mais ce sont là des moyens, non des fins en soi.  

Isabelle gagnera en puissance et en résistance, donc en conviction profonde, en réévaluant ce dont elle a besoin pour « nourrir » ses propres aspirations.

C’est ainsi qu’elle se rattachera de plus en plus à ce qui est pur et vrai, plutôt que brillant et ne se situant que dans les apparences…

Alors, en définitive, quelle réponse lui donner quant à une orientation (notamment professionnelle) répondant davantage à ses aspirations profondes ?

Près de 50 ans de pratique en astrologie me conduisent à penser qu’il est illusoire, voire trompeur, de trouver dans un thème les signaux d’une profession précise. Plus facile est, lorsqu’on connaît le choix d’orientation d’une personne, de faire le lien avec telle ou telle donnée de sa carte du ciel.

Si la profession était « signée » dans un thème et notamment par le Secteur X, tous les Béliers seraient militaires ou sportifs, tous les Taureaux seraient cuisiniers ou agriculteurs…  J’ironise, bien entendu.  Autre chose est d’observer le symbolisme astral caractérisant en peinture un Picasso ou un Monet…  C’est une question de tempérament, de couleur subjective, non une signature prescrite par le destin.

Mais alors, encore une fois, comment accompagner Isabelle dans sa réflexion ?

Sans doute en éclairant avec elle les processus psychiques qui sous-tendent ses choix et surtout ses « croyances » ou systèmes de valeurs.  On le sait, trois catégories de croyances nous limitent couramment. Elles tournent autour du désespoir, de l'impuissance et de la dévalorisation.

Sommes-nous en mesure de les déceler dans le thème d’Isabelle ?  Sans doute une certaine forme de désespoir en réponse opposée au désir de perfection de Mars, Mercure, Lune et Saturne en Poissons et en Secteur IX.  Un sentiment d’impuissance, l’enthousiasme de Jupiter étant déraciné et déréalisé en Scorpion.  Une autodévalorisation de soi par le contraste entre le premier élan (Bélier) et le facteur temps et persévérance qu’impose toute maturation (Saturne).  Mais aussi l’ambiguïté de la conjonction d’Uranus / Neptune au Descendant et en Capricorne : besoin empathique de croire que l’activation des rêves est possible parce que soutenu par le regard de l’autre et le démenti abrupt d’Uranus qui entend être singulier et différent et donc, de ne pas se fier à une trop grande réceptivité et perméabilité vis-à-vis des messages d’encouragement.

En dernière analyse, le thème d’Isabelle évoque une dramatisation quant à la possibilité de l’épanouissement personnel.  Le Bélier aspire à un impact directement pertinent, tandis que Saturne réclame assiduité et effort pour mériter de prendre sa place dans le « collectif » (Poissons).  

Nous aspirons tout « faire ensemble » en nous laissant porter par une lame de fond (Lune en Poissons IX).  Mais, le plus souvent, chacun reste seul (Lune conjointe à Saturne) pour faire ses preuves.  Quant aux gratifications et aux compliments qui peuvent soutenir Isabelle, Jupiter en Scorpion exige bien plus, comme si la vie devait forcément être une lutte, un effort soutenu et constant, une partition difficile, à la manière d’un défi à relever.

En réponse, mettons l’éclairage sur le droit d’Isabelle à la quiétude et à une « croissance » progressive (Ascendant Cancer et Vénus en Taureau).  Prendre racine dans ses propres aspirations est nécessaire pour cultiver son jardin intérieur.


Jacques VANAISE

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Sur le vif

Prendre racine dans ses propres aspirations...

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“...Discriminer pour mieux discerner et pour mieux affirmer ses propres valeurs et références, réclame de l’audace et de la singularité...”

“...le risque ou le piège est alors de se modéliser sur un profil, ou une norme, ou un cadre ; et donc d’écouter ce que les autres voudraient que l’on soit...”

“...Si la profession était «signée» dans un thème et notamment par le Secteur X, tous les Béliers seraient militaires ou sportifs, tous les Taureaux seraient cuisiniers ou agriculteurs...”