la Gazette des Astrologues

Accueil.
le Billet d'Humeur.
Astronomie.
les Actus DN.
Ateliers, conférences....
divers.
Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)
n°105 - Juin 2013

Le Billet d’Humeur

« Toute vérité est-elle bonne à dire ? »

Pascale PIBOT

Nous sommes sûrement nombreux à avoir dû un jour disserter sur ce sujet de philo intemporel : « toute vérité est-elle bonne à dire ? » J’ai eu l’occasion de me poser la question très tôt, un jour que je m’amusais à lire les lignes de la main à une camarade de classe. En entendant mon verdict sans nuance : « ligne de vie courte : tu mourras jeune », sa réaction a été tellement violente que j’ai été convoquée chez le proviseur ; « vous me copierez 100 fois : il faut réfléchir avant de parler ». Il avait raison, même si le principe est peu difficile à appliquer quand on a comme moi Mercure/Mars/Jupiter conjoints : la parole n’aime pas être réprimée !

Depuis, en pratiquant l’astrologie (en amateur mais de manière un peu plus sérieuse que la chiromancie, heureusement), je me suis plusieurs fois demandée s’il fallait édulcorer la signification potentielle de certains transits « lourds ». Avec l’expérience, je me suis fixée trois principes : garder une relative neutralité par rapport à l’avenir, dire toute la vérité sur les aspects en cours et toujours ouvrir une porte quand il s’agit de commenter une période douloureuse.

1/ Ne pas attacher de signification grave a priori à un aspect planétaire pas encore formé : personne n’est capable d’anticiper de manière fiable la traduction concrète d’un transit, même s’il a l’air porteur de danger ou de mise à l’épreuve. Non seulement la vie s’arrange pour inventer des situations imprévisibles mais de plus, certains individus ont besoin de défis pour progresser, faire leur chemin de vie. Ce qui paraitrait terrifiant aux uns stimule les autres. Alors pourquoi faire naître des inquiétudes inutiles ? La peur est source de (tous ?) nos maux, cherchons plutôt à nous en débarrasser.

2/ Ne pas chercher à minimiser la détresse/souffrance des personnes qui s’interrogent sur « leur ciel » en essayant d’adoucir ce qui pourrait en effet expliquer un tel climat dans le thème natal. Un ami m’a une fois posé la question à brûle-pourpoint : « peut-on connaître la date de sa mort avec l’astrologie ? » J’ai compris aussitôt que sa question était très personnelle puisqu’il était malade. Pluton venait de rentrer dans sa maison XII et allait passer sur son Soleil quelques années plus tard, un événement qui passe rarement inaperçu dans une vie humaine, surtout dans le dernier secteur du zodiaque. Quelle qu’en soit l’issue, les transits de Pluton sur le Soleil natal tendent à nous modifier en profondeur et le transit est souvent décapant. On est différent après de ce qu’on était avant. Nous avons très souvent parlé de ce sujet au cours des années où il a dû apprendre à vivre avec le cancer. Il savait que son temps était compté mais il a su tirer parti de cette « nouvelle naissance » que peut apporter Pluton en transit. Il laissait tomber un vieux personnage qu’il n’aimait plus, un autre apparaissait, plein de fraîcheur et de désir de profiter de ce qui lui restait. Il a eu l’intelligence de s’autoriser à vivre ce qu’il s’était toujours interdit avec une lucidité toute plutonienne. Force est de constater qu’il est décédé juste après cette période noire, à une opposition exacte Soleil/Pluton sur l’axe Ascendant/Descendant. Au propre comme au figuré, le soleil se couchait définitivement pour lui. Un 21 juin, le jour le plus long de l’année. Il avait trop usé ses dernières forces pour espérer un nouveau sursaut, redémarrer un nouveau cycle, mais il avait vécu avec intensité jusqu’à la fin.

3/ Donner de l’espoir : « rien ne dure qu’un éternel changement ». Saturne opposée durablement à Vénus nous donne l’impression d’être irrémédiablement seul(e) ? Période forcément douloureuse mais oh combien constructive si on arrive à apprivoiser cet état, voire à y prendre plaisir. Il y a un temps pour tout : la vie en famille, à deux, seul… Et la solitude peut paradoxalement recréer de la disponibilité pour de nouvelles rencontres, dont la nature est à définir par chacun. Il suffit de vivre ce qui passe, sans attendre que revienne la fausse sécurité induite par la proximité de l’autre. En sachant que là haut ça tourne et que le contexte va forcément évoluer, qu’il suffit de rester attentif et présent au monde pour y trouver sa place. Et que celle-ci n’est jamais donnée une fois pour toutes.

Nous sommes de passage, tâchons d’avancer à pas légers sur la terre, sans jamais nous enliser et en gardant la tête dans les étoiles.

 

Pascale PIBOT