la Gazette des Astrologues

n°155 - Septembre 2017

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Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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“Sur le Vif”

La chronique de

Jacques VANAISE

Deux questions pour introduire cette nouvelle chronique.

Comment mesurer la renommée d’une personne, la célébrité d’un homme public, l’envergure d’une personnalité ?  Et pouvons-nous annoncer par avance leur notoriété à partir de leur thème de naissance ?

Lorsque nous validons une prédisposition susceptible d’«annoncer» un parcours de vie, nous faisons le pari d’un potentiel.  Telle personne mérite le succès et l’apothéose d’une carrière, dès lors qu’elle dispose d’un actif antérieur. Libre à nous, ensuite, de l’expliquer par le dessein des astres, par le bon vouloir des fées ou par un bilan karmique favorable.

En revanche, lorsque nous prenons en compte (et c’est mon choix) toute l’importance d’une interaction nécessaire entre nos aptitudes originelles (opératives depuis notre imaginaire) et les aléas de la vie, nous devinons que si le ciel désigne quelques nominés, en fin de compte, c’est la trajectoire vécue qui décidera quels seront les élus…

Il n’empêche, nous nous plaisons d’épingler les coordonnées natales des stars du moment : footballeurs confirmés pour lesquels des sommes colossales sont dépensées ; chefs de groupe politique soudainement promis au rang de ministres ; groupes rock qui, trente ans plus tard, remontent sur scène et remplissent des stades…  Mais aussi, ces véritables mythes qui tirent leur révérence, au premier rang desquels, récemment, Jeanne Moreau qui avait, peut-être ou pas, dès le départ, l’étoffe d’une légende…

Cette brève évocation des héros et des idoles de notre temps, que leur gloire soit fugace ou intemporelle, n’est ici que le prétexte à une réflexion plus profonde.

Je reviens à ma seconde question posée dès l’amorce de cette chronique : sommes-nous en mesure de désigner qui sera admis au panthéon de l’histoire des hommes ?  

Vous pourriez argumenter à partir de configurations patentes : un Jupiter dominant, un avantage solaire, une popularité lunaire, une culmination flagrante… Et de discuter à propos  d’une valorisation planétaire ou de l’importance d’un aspect.  

Or, à supposer que nous nous accordions sur ce point, que penser de tous ceux (et de toutes celles) qui bénéficient des mêmes faveurs du ciel (cf. les jumeaux astrologiques) et à qui, pourtant, le cours de la vie semble faire de l’ombre ?  La réponse nous vient à l’esprit : le ciel propose, mais l’homme dispose.  Ou encore : la carte n’est pas le territoire.

Rassurez-vous, mon propos n’est pas de douter de la validité de l’astrologie.  Il est plutôt d’interroger la relation entre « essence » et « existence ».  La question peut paraître savante.  Posons donc la question autrement…, tout en revenant au point de départ de ces quelques lignes : sommes-nous inégaux, dès le départ, à notre naissance, face à la promesse d’un bel avenir, d’une carrière florissante, d’une réputation avérée, d’une célébrité méritée ? Ou cela dépend-il d’autre chose : de notre aptitude (ou non) à mettre en chantier nos prédispositions, sans la promesse d’y réussir…?

À supposer que l’astrologie puisse dire, sur base de notre carte du ciel, si nous serons un gagneur ou un perdant (et on sait toute l’importance d’une croyance intime à ce sujet, sur le plan psychologique), elle ne peut le faire qu’en considérant le potentiel susceptible de nourrir notre projet.  Or, celui-ci ne peut se déployer qu’en étant mis en situation.  En effet, le clavier de nos planètes reste inanimé tant qu’il n’est pas suscité, confirmé ou contrarié par les circonstances qui nous sollicitent et qui nous éveillent à nous-mêmes.

Nous sommes là dans une interrelation.  C’est l’une des clefs de l’astrologie lorsqu’elle désigne pourquoi et comment nous voyons le monde comme nous le voyons, avec pour conséquence un mode particulier d’accomplissement personnel.

L’astrologue existentialiste postule que nous forgeons le cours de notre histoire personnelle par nos propres interactions avec le monde.  Mais, paradoxalement, il considère aussi l’antériorité de nos prédispositions au moment de recevoir et d’interpréter les circonstances que nous rencontrons et les événements que nous vivons, ces prédispositions expliquant en quoi « ceci » fait sens pour nous et en quoi « cela » nous est indifférent.

Position ambivalente qui consiste à dire que nous ne nous définissons pas exclusivement et par avance, puisque nous résultons « aussi » de notre expérience vécue et dès lors que nous sommes par nécessité des « êtres dans le monde ».   

Cette ambiguïté se précise lorsque nous reconnaissons, dans le jeu archétypal de notre imaginaire et dès notre naissance, une aspiration à manifester notre singularité.  Nous ne sommes donc pas, comme le disent les existentialistes purs et durs, « fondamentalement rien » au départ.

Nous n’en sommes pas moins contraints d’interagir avec les autres pour nous (re)connaître pas à pas, à mesure que nous leur « répondons » dans notre singularité et avec notre différence.

Relevons un parallélisme évident avec le nécessaire développement postnatal du cortex antérieur du petit de l’homme qui grossit tardivement à mesure que l’enfant s’adapte à son milieu.  Ce qui conduit à parler du potentiel de l’intelligence humaine et de l’expression de soi en terme d’aptitude à interagir avec le monde, sur un mode très personnel ; ce qui nuance l’absolu supposé de réponses préformatées, « quoi qu’il arrive », et comme si « les jeux étaient faits à l’avance... »

Mais si nous sommes d’accord pour considérer, à la base de ce processus d’éclosion et d’épanouissement de nous-mêmes, un potentiel psychique, la question est de savoir d’où il provient.

Pour certaines théologies nous recevons chacun une « âme » éternelle qui nous est destinée en propre et qui nous prédestine à vivre certaines choses.  Pour l’existentialisme, au contraire, nous sommes chacun, à chaque instant, le résultat de ce que nous avons vécu. Or, en Orient, cette idée même de l’expérience acquise (ou à acquérir) est transposée du côté de l’âme pour considérer qu’elle aussi dispose d’un acquis, d’une expérience, d’un…  karma.

À cette prédestination karmique, j’oppose deux notions, tout aussi essentielles que la clef désignée plus haut, au cœur même du propos astrologique : l’émergence et la motivation.

Acceptons, pour en discourir brièvement, le principe intangible d’une essence première en considérant que, puisque le monde existe, c’est qu’il était virtuellement (et par essence) possible.  

L’évolution même de l’univers rend compte de l’émergence et de l’actualisation progressives de ce « possible ».  Or, chaque étape de cette évolution / émergence est aussi un enregistrement, une sédimentation, une mise en mémoire.  D’où, ensuite, le principe d’une transmission, d’un héritage et…  d’une mise en condition.  

C’est ainsi que la liberté absolue de l’essence originelle est contingentée, circonstanciée, conditionnée.  La graine ne peut effectivement que transmettre le germe reçu en héritage. Ce germe redevient ensuite projet et, pour l’homme (en principe ou au mieux), possibilité d’assumer un potentiel et d’y trouver le levier d’un dessein ou d’une vocation. C’est alors et évidemment le rôle de l’astrologie de cerner au mieux ce projet, non en vue d’en déduire un parcours obligé, mais afin de susciter en chacun la motivation de le réaliser.

Au niveau de l’être humain, considérons l’enregistrement d’une mémoire séculaire sous la forme d’engrammes psychiques, voire quantiques, tels qu’ils composent l’univers subtil de l’inconscient collectif.  Celui-ci, depuis l’autre côté du miroir, sous-tend et favorise le processus d’éclosion de notre conscience. Il s’agit là d’une véritable compétence au même titre que les aptitudes inscrites et transmises au niveau biologique de notre ADN.

Pour en revenir au prétexte initial de cette chronique, considérons que ce processus d’accouchement de soi-même, dans la découverte et la reconnaissance progressives de notre propre potentiel et de nos propres aspirations, se réalise sous le regard contrasté des autres.  

Sous cet angle se conjuguent l’aspiration à persister dans notre être propre, au point de nous valider et de nous valoriser aux yeux des autres, et le jeu des opportunités, des occasions, voire des modes et de ce qui est « dans l’air du temps ».

Et d’observer qu’un tel peut être porté par la vague, à sa propre surprise, comme malgré lui, sa motivation première n’étant pas d’occuper la première place, mais trouvant a posteriori et dans son succès le déploiement logique et mérité de sa propre part d’humanité ; alors que tel autre aura toujours rêvé de puissance, de pouvoir et de privilèges, sans toujours les obtenir.

J’y vois personnellement ce qui différencie l’artiste de l’homme de pouvoir…  Chacun est sans doute régi par la force implacable d’une aspiration, d’une inclination, d’une passion ; alors même que cette force est et reste à la recherche de son « objet » (de son image)… ; et tandis que cet objet n’est pas toujours accessible, ou évident, ou offert…  

Si, en fin de compte, nous souhaitons nous distinguer aux yeux des autres, au vrai théâtre de la vie ou à celui du pouvoir, sans doute notre critère d’appréciation doit-il se préciser autrement qu’en terme de notoriété, de célébrité ou d’envergure ; mais plutôt dans le fait, pour l’un, d’aspirer à (se) donner ;  et, pour l’autre, dans l’intention de se servir, et donc de recevoir, voire de prendre, pour lui-même…


Jacques VANAISE

Pour tout contact
jacques.vanaise@skynet.be

en fin de compte, c’est la trajectoire vécue qui décidera quels seront les élus…

le ciel propose, mais l’homme dispose. La carte n’est pas le territoire.

Le clavier de nos planètes reste inanimé tant qu’il n’est pas suscité, confirmé ou contrarié par les circonstances qui nous sollicitent et qui nous éveillent à nous-mêmes.

nous sommes par nécessité des « êtres dans le monde »

C’est alors et évidemment le rôle de l’astrologie de cerner au mieux ce projet, non en vue d’en déduire un parcours obligé, mais afin de susciter en chacun la motivation de le réaliser...