la Gazette des Astrologues

n°156 - Octobre 2017

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Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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“Sur le Vif”

La chronique de

Jacques VANAISE

L’une des fonctions de l’astrologie est de nous aider à « donner du sens ».  

Ces dernières semaines, je me suis toutefois demandé si, dans notre pratique, il nous revenait d’accompagner nos consultants à « faire sens » dans leur parcours de vie ou si nous avions les moyens de rechercher et de saisir « le » sens !?

Il est évident que le sens à donner à notre propre vie ou au monde est avant tout une affaire personnelle ; alors même que l’astrologie nous conduit parfois à avoir une vision globale sur l’état de monde, ce qui pourrait nous inciter à prétendre cerner « un sens collectif »…

Or, tandis que j’y réfléchissais, je me suis mis à douter de la pertinence d’une recherche de sens, me disant qu’il était peut-être trop tard...  Je m’en explique.

Récemment, j’ai revisionné le film E.T. à la télévision. À la fin du film, je me suis dit : et si j’accompagnais E.T. sur sa bicyclette ?  Tandis que je passais devant la lune (vous connaissez sûrement cette image), je me suis interrogé pour la millième fois : quelle est notre place dans l’univers… ?  Puis, j’ai imaginé que (comme E.T.) j’arrivais d’une région très lointaine, dans le cosmos, et que je découvrais pour la première fois notre planète bleue gravitant autour d’une étoile moyenne, semblable à d’innombrables étoiles, parmi d’innombrables galaxies…

Me mettant ainsi dans la peau d’un voyageur de l’espace, je pensai que puisque cette planète que je découvrais s’avérait propice à la vie, elle avait peut-être permis aussi la germination d’une certaine forme d’intelligence...

Je déchantai bientôt, observant une terre sous haute tension.  Là, en dessous, le temps est à l’orage, d’Ouest en Est, entre une grande puissance qui s’est choisi comme président un bouffon et un petit pays soumis au joug d’un paranoïaque.

Je pensais que leurs invectives n’étaient peut-être que le fait de deux coqs turbulents, en mal d’estime et obsédés par leur image.  Hélas, si l’ostentation peut faire sourire, les provocations le font beaucoup moins, surtout lorsque la main d’un fou est proche du bouton poussoir et lorsque l’éternuement d’un aliéné risque de provoquer une déflagration aux conséquences in-calculables.  

Chers ami(e)s astrologues, me voici bien alarmiste, penserez-vous.  

Autant voir les choses en face : la barque est chargée à ras bord, l’artillerie lourde est aux aguets, les contentieux nous guettent, les accents nationalistes retrouvent de la voix, les intégristes nous menacent, les réfugiés se heurtent aux frontières, le protectionnisme redevient la règle, le dérèglement climatique se tient en embuscade…

Assez, me direz-vous ! Assez ! Pourquoi une telle mise en abîme ? Parce que la question que je me pose est celle-ci : cela sert-il encore à quelque chose de spéculer à propos du « sens » lorsque la maison est en feu ?  Question à la fois singulièrement pragmatique et hautement philosophique.   

Interroger le sens des choses, dans le confort et la sérénité de notre bureau de consultation, est-ce faire « comme si » tout allait bien dans le meilleur des mondes ?  Est-il indiqué de philosopher et de tenter donner du sens, voire de rechercher « le » sens, dans un monde qui est au bord de la crise des nerfs ?

En réponse, je persiste et signe…  Si (ou parce que) le monde est en crise, tentons au moins de comprendre en quoi et pourquoi nous avons fait fausse route.  Et de constater que, chemin faisant, nous avons précisément oublié de donner du sens au devenir des hommes…

Sur la bicyclette d’E.T.  j’ai choisi de prendre un peu de hauteur et de me souvenir que nous, les terriens, nous sommes poussières d’étoiles et que nous venons de très loin.  Ce rappel de nos origines évoque du même coup un passé fabuleux.  À la réflexion, ce passé fabuleux ne nous fait-il pas l’obligation de lui donner un avenir, à sa mesure ?

En attendant, et faute de mieux, songeons à laisser la lampe allumée, ici, sur terre, car il n’est pas sûr qu’il y ait vraiment et déjà quelqu’un au tableau de bord…  

Mais à qui confier le gouvernail ?  Nous pourrions, par exemple, nous inspirer de la curiosité pétillante de l’enfant : celle qui lui fait goûter la joie de la découverte et de l’apprentissage.  Hélas, trop souvent, comme les roses, cette curiosité ne dure qu’un temps.  Viennent en effet l’adolescence et l’heure des mimétismes.  

Nous observons régulièrement cela, lorsque nous tentons de comprendre ce qui « anime » nos semblables.   C’est le règne de l’apparence au seuil critique de l’âge d’homme, à l’heure où vient l’inconnu qui est en nous et qu’il nous faut apprivoiser, et qui n’est autre que nous-mêmes, mais que nous confions à l’utérus du « paraître » dont use et abuse la société du spectacle…

À contre-courant de tout cela, l’astrologie nous invite à découvrir l’âme pierreuse qui correspond à ce que nous avons à être et à accomplir dans l’œuvre commune. Et de penser que ce qui peut nous arriver de mieux, c’est d’assumer pleinement notre propre part d’intelligence et de conscience, reçue en héritage et dont le monde a besoin.  

Un tel point de vue arrache tous les masques et il nous replace dans la verticalité. Mais cette remise à l’endroit peut-elle ensuite nous aider à redonner du sens et ce sens peut-il, à son tour, contribuer à ce que les choses changent… ?

Nous vivons une époque étonnante où se généralise un doute profond quant au devenir des hommes et de leurs traditions.  D’aucuns voient dans la mondialisation une machine à broyer les cultures.  Sur son passage, elle nivelle les modes de vie, quand ce ne sont pas les valeurs.  En  réponse, un retour à ce qui fait le fondement de notre humanité s’impose.

Mais l’homme est un animal étrange.  Il transforme le monde « à son image » et, ensuite, il s’étonne de découvrir un monde désenchanté, ayant réduit l’humain à ses besoins physiques ; comme si, lui aussi, n’était qu’un objet.  

Sans doute serions-nous prêts à changer beaucoup de choses autour de nous, si nous étions assurés que cela nous conduirait à une autre forme de bonheur.  

Mais, précisément, quelles sont les conditions du bonheur ?  Satisfaire nos besoins fondamentaux, être en bonne santé, avoir un emploi, vivre heureux en famille, être aimé… ; tout cela est fondamental.  Or, qu’observons-nous ?  Ces besoins étant satisfaits (tout au moins en Occident), nous voici guettés par la peur du vide.  

Le paradoxe du bonheur est que nous y pensons vraiment lorsque nous en sommes privés.  Tant que tout va relativement bien, nous nous habituons au bonheur ; si bien que ce qui était un plaisir devient un peu plus fade… C’est alors, nous le savons, qu’un transit planétaire peut réanimer en nous le feu d’anciennes aspirations…

Mais gardons-nous de décréter que nous connaissons la réponse.  La recherche de sens ne suppose évidemment pas la quête d’une certitude.  Elle n’implique pas non plus, obligatoirement, des réflexions philosophiques de haut vol.  Elle ne pose pas systématiquement la question de savoir si, fondamentalement, « la vie a un sens absolu ».  Bien plus modestement, elle nous interroge quant au sens de notre propre vie.

De façon prosaïque, plusieurs critères guident notre recherche de sens au niveau de notre vie quotidienne : être cohérents dans nos choix, poursuivre un objectif personnel, être satisfaits de nos résultats…  

Alors, que faire de tout cela et comment valider, un tant soit peu, notre métier d’astrologue ?  

Sans doute en aidant nos contemporains à mieux saisir « qui » ils sont et à se donner un objectif « valable » (à savoir : qui vaut le coup).

Face à cela, nous sommes fondamentalement inégaux.  En revanche, chaque chemin personnel de réalisation peut acquérir un sens en présence d’objectifs qui valident les étapes parcourues. On devine ici que le mot « sens » concerne aussi bien ce qui donne de l’intérêt, de l’importance ou une valeur à ce que nous faisons, que ce qui nous désigne une direction.  Ainsi, le seul fait de savoir où nous allons (et pour quelle raison) suffit déjà à « faire sens »…  C’est assurément la première utilité de l’analyse astrologique.

Mais avons-nous seulement besoin de donner du sens à ce que nous faisons ?  

Avons-nous besoin de nous donner un but dans la vie ?   Et puis, un tel besoin de sens est-il le propre de l’homme ?  Et encore, le besoin de donner du sens est-il inhérent à chacun d’entre nous ou certains hommes se posent-ils davantage des questions existentielles ?  

En tant qu’astrologues, nous savons ou plutôt nous ressentons que oui ! nous sommes chacun(e) un modeste « messager » du cosmos ; à savoir que nous portons en nous le potentiel d’une réponse singulière, unique, utile à la question du «comment» et du «pourquoi» vivre.

Cette seule réflexion nous désigne l’importance et l’urgence d’une réconciliation avec la dimension métaphysique susceptible de faire exploser le carcan qui nous maintient dans l’apparence et l’immédiat.  L’homme a beau n’être qu’un grain minuscule dans la course du temps, il aspire pourtant à faire taire en lui l’angoisse qui l’étreint, face à sa relativité évidente et à sa disparition inéluctable.

À la fin de chaque jour, le soleil s’en va.  À la fin du voyage, la vie s’en va.  Au moment de faire le bilan de notre vie, un petit indice nous indiquera-t-il que « cela en valait la peine ? »  Ou penserons-nous que nous aurions dû nous y prendre autrement ?  

En dernière analyse, si notre histoire personnelle est le résultat de nos expériences mises bout à bout, elle est aussi et surtout le lieu d’une émergence, de la percée d’une aptitude extraordinaire : la conscience.

Or, reconnaissons qu’un tel besoin de donner du sens à l’univers est, dans le monde matérialiste qui nous envahit de toutes parts, perçu que comme une perte de temps.   

Certes, que pouvons-nous avec nos modestes outils empruntés au cours des planètes, face à la démesure des décisions économiques, financières, militaires, environnementales qui nous poussent dans l’abîme ?  C’est pourtant notre responsabilité de désigner qu’en chacun perce le vrai progrès, la vraie réponse, le vrai devenir des hommes : un soupçon de conscience qui devrait, qui doit faire toute la différence et nous inspirer pour demain une tout autre perspective.

En attendant, nous sommes sur un seuil.  Il est fragile, chaotique, dangereux.  C’est un mo-ment charnière, une crise, une apocalypse peut-être…  Mais au cœur de la fournaise, quelque chose se prépare.  Espérons-le et songeons, avec responsabilité, que, comme pour le premier matin du monde, l’humanité a sans doute besoin de ce chaos pour engendrer l’étoile de son renouveau.


Jacques VANAISE

Pour tout contact
jacques.vanaise@skynet.be

Sur le vif

“Nous sommes poussières d’étoiles et que nous venons de très loin... Ce passé fabuleux ne nous fait-il pas l’obligation de lui donner un avenir, à sa mesure ?”

“Ce qui peut nous arriver de mieux, c’est d’assumer pleinement notre propre part d’intelligence et de conscience, reçue en héritage et dont le monde a besoin.”

“Le paradoxe du bonheur est que nous y pensons vraiment lorsque nous en sommes privés.”

“Nous portons en nous le potentiel d’une réponse singulière, unique, utile à la question du «comment» et du «pourquoi» vivre.”


“Un soupçon de conscience qui devrait, qui doit faire toute la différence et nous inspirer pour demain une tout autre perspective.”