la Gazette des Astrologues

n°174 - Avril 2019

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Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

20
ans

1996-2016

la FDAF a


Billet d’Humeur

Françoise
BITTON

Il y a dans une vie des rencontres qui sont déterminantes.

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Je ne peux pas dire que je suis croyante car j’ai toujours cherché les preuves de Tout. C’est un énorme défaut. Mais j’ai toujours eu au fond de moi une petite lumière qui me disait que rien n’était dû au hasard et qu’il y avait certainement quelque chose de plus grand que soi.

Après une jeunesse assez mouvementée, je pensais que ma vie était programmée de façon ordinaire, or c’est l’extraordinaire qui est venu me surprendre. J’étais une petite provinciale.

Je venais d’avoir vingt ans lorsque j’arrivais à Paris. Dans la voiture qui me transportait, je regardais par la vitre les arbres mordorés de l’automne qui m’accueillaient dans le brouhaha de la capital. J’étais songeuse, un peu excitée par cette nouvelle aventure mais aussi un peu effrayée. J’avais fait mon choix. Vivre à Paris. Je rentrais d’Angleterre où j’avais vécu dans une famille très accueillante. A Paris, je ne connaissais que mon ami d’enfance mais chez lui ce n’était pas possible d’être hébergé plus d’une nuit ou deux. Il fallait que très vite je trouve un job et une chambre pour me loger. Mon grand-père m’avait donné une petite somme d’argent mais pas de quoi faire des folies. Une de mes amies de province connaissait une jeune fille qui cherchait une colocataire. Très vite je rencontrai Huguette qui était très sympathique, l’endroit me plaisait. La chambre du sixième était située dans le quartier des Champs Élysées. Sympa pour un début. L’entretien fut très chaleureux. Les deux jours suivants, je m’installais rue Magellan avec ma petite valise et pas grand-chose dans les poches. Grâce à Gérard mon ami d’enfance j’ai aussi trouvé un boulot.

Les débuts de ma vie parisienne et notre colocation étaient très agréables et faciles. Huguette était modéliste. Je travaillais dans une succursale de l‘usine Citroën. Nous nous rencontrions parfois le soir autour d’une soupe. Chacune respectait l’indépendance de l’autre.

J’étais jeune, jolie, gaie et pleine d’enthousiasme, je travaillais en tant qu’attachée commerciale. Mon boss était sympa. L’ambiance dans l’agence dans laquelle je travaillais était très sympathique. Beaucoup de jeunes hommes étaient mes collègues, j’étais courtisée et tout allait bien, j’avais des flirts et je ne me posais aucune question métaphysique. Au bout de quelques semaines, je passais mon permis de conduire afin même de gravir quelques échelons.

 

Comment l’extraordinaire est-il survenu dans ma vie ? Quelques mois plus tard ma grand-mère décédait. Je l’aimais beaucoup. J’étais triste. C’était ma première confrontation à la mort. Une nuit alors que j’avais des difficultés à m’endormir, ma grand-mère est apparue sur l’écran de ma mémoire en tenue claire, son visage rayonnait, elle semblait avoir une quarantaine d’année. J’étais stupéfaite par cette apparition qui ne semblait pas être une illusion. Sa voix me susurrait « Ne sois pas triste, je suis venue pour te dire que la mort n’existe pas, il ne faut pas avoir peur. Ici je suis heureuse. Jean m’attendait lorsque je suis arrivée. Nous allons bien. » Et puis… Elle s’est évanouie comme dans un rêve. Je me suis endormie. Jean était le fils bien aimé qu’elle avait perdu aux commandes de son avion quelques années auparavant.

Lorsque je me suis réveillée, je racontais l’apparition de ma grand-mère à Huguette. D’une relation polie et agréable, Huguette et moi sommes devenues complices ce jour-là. Elle me confia qu’elle avait déjà vécu ce genre d’histoire. Huguette était très douée. Elle créait des modèles en crochet de coton ou de laine pour habiller des femmes qui avaient un certain standing. Elle était très ambitieuse et connaissait un autre monde que le mien. Elle avait rencontré une astrologue qui lui avait prévu un avenir médiatique grâce à son don de médium. Je me souviens encore que Lilli lui faisait faire de la psychométrie (des photos de personnes que l’on pose sur le front.) Elle décrivait les personnages et racontait leur histoire, c’était fascinant. Très vite Huguette se fit un nom : Yaguel qui selon les prévisions de Lilli fut la voyante du Tout Paris. A l’époque il n’y avait aucun médium médiatisé. Je dois reconnaître que son don était extraordinaire. J’ai même été témoin d’une voyance où elle avait décrit trois semaines auparavant la mort du président égyptien Sadate.

Quelques années plus tard, Yaguel sera une des pierres angulaires sur le chemin que j’allais devoir entreprendre.

C’est à cette même époque que j’ai rencontré un homme avec lequel j’ai vécu une histoire d’amour bien différente de celles que j’avais connu auparavant même si à chaque rupture c’était la fin du monde. J’étais une personne passionnée. Je le suis toujours. C’est la passion qui m’anime. J’aime la vie.

Donc pour en revenir à ce coup de foudre; appelons cela ainsi, j’avais été choisie par mon boss pour faire la promotion d’une voiture Méhari qui venait de sortir lors de l’inauguration d’un drugstore parisien. Au moment où je franchissais la porte Il m’attendait. Lorsque nos regards se sont croisés un éclair illumina nos regards. Un instant le temps s’est éclipsé. Nous étions tétanisés. Encore une fois l’extraordinaire traversait ma vie. Il ne pouvait pas en être autrement c’était inscrit. Nous nous sommes aimés jusqu’à la folie et nous nous nous sommes quittés. Comme toutes les grandes histoires d’amour elle écrivait dès le premier jour la fin de l’épisode C’est certainement grâce à cette aventure douloureuse que je rencontrai Lili. Ma chère colocataire qui en avait assez de me voir pleurer avait décroché pour moi un rendez-vous chez cette dame.

Je rencontrais donc Lili qui était l’astrologue du Tout Paris. J’étais très impressionnée par ce qu’elle me racontait. Je savais qu’elle voyait juste. Elle demanda de voir le thème de mon amoureux et ce qu’elle m’expliqua résonna très fort au plus profond de mon être. « Cet homme ne pourra pas être votre compagnon de route car les expériences que vous devez vivre son parallèles et vous devez faire votre chemin séparément mais sachez qu’il y a un fil qui vous lie qui ne sera jamais rompu. ». J’en avais rien à faire du fil qui ne serait pas rompu. J’ai compris bien des années plus tard sa signification. Il fera l’objet d’un des chapitres de ce livre. L’Astrologue me parla des dieux et de leur influence sur mon thème. J’étais fascinée d’une telle traduction. C’était bien moi avec sa part d’ombre et de lumière. J’étais loin d’imaginer ce jour-là qu’à mon tour j’exercerai cet art. Lili me révèla que j’avais toutes les dispositions pour apprendre l’astrologie si je voulais. Ce qui m’excita. Elle me donna une liste de livre à lire et quelques semaines plus tard, nous nous nous rencontrions chaque semaine autour du zodiaque et de ses dieux. J’étais envoutée. Très vite j’ai fait des travaux pratiques sur les copains. Pour certains je tombais juste, d’autres se moquaient de moi. Il faut dire que j’étais novice. Cet apprentissage me permit de mettre fin à mon idylle douloureuse et même de l’oublier.

Mettre le doigt dans l’étude de l’astrologie fut le révélateur d’un vouloir apprendre. Autodidacte de formation. J’étais sur un terrain vierge qui avait les moyens d’explorer sans formatage. Le polythéisme zodiacal me fascinait.

Mon travail dans l’antre de l’entreprise Citroën où je travaillais dans le domaine des relations publiques et du commerce me rendait très heureuse. Parfois je travaillais intensément les week-ends ce qui me permettait d’avoir des semaines de vacances. J’entretenais de très belles relations avec mon entourage professionnel qui changeait régulièrement. Je fis de très belles rencontres. Il y avait des juifs venant du Maghreb et d’autres dont les familles avaient été décimées dans les camps. Ces personnes me troublaient par leur appartenance. Je ne connaissais rien à leur religion. J’avais dans mon enfance suivi des cours de catéchisme et fait ma première communion avec un renoncement au renouvellement des vœux. Je détestais le confessionnal. Je n’y suis jamais retournée. J’étais déjà rebelle. Je me souviens que ma mère lorsque j’étais adolescente m’avait fait voir un film Nuit et brouillard ce qui m’avait profondément choquée et attristée. Côtoyer ces gens de manière professionnelle excitait ma curiosité. C’est à la périphérie de ce contexte professionnel que j’ai rencontré quelques temps plus tard mon futur mari.

A l’époque j’expérimentais la vie sur plusieurs plans, celui des sorties avec les copains et l’autre plus solitaire et plus intellectuel. Je lisais tout ce qui avait trait aux différentes religions, aux différentes cultures. De part mon éducation, j’avais la chance d’être un électron libre, je le suis toujours. J’ai beaucoup de mal avec ce qui est imposé.

Un film Le Violon sur le toit et un livre sur la cabale mystique trouvé dans une vieille malle ont ouvert une deuxième porte sur le « Vouloir apprendre ». C’est avec ardeur que je me suis intéressée au judaïsme, à son histoire et à son influence sur le christianisme. Je décidais d’aller plus loin que celui de lire. J’avais envie de renouer avec une histoire inachevée. Je décidais de me convertir. Pour certains c’était une folie et impossible. Pour d’autres c’était une démarche curieuse d’autant plus qu’aucun homme ne m’y avais poussé. Il fallait que j’y aille. Je rencontrais à plusieurs reprises les rabbins pur et durs du consistoire qui me décourageaient. A force d’insistance ils m’envoyèrent vers un instructeur. J’ai eu beaucoup de chance, j’ai rencontré un maître. Il m’enseigna les lettres hébraïques afin de comprendre la traduction dans le texte de la genèse biblique et bien d’autres choses encore… Je ne lui révélais pas que j’étudiais en parallèle l’astrologie car il m’aurait jeté à la porte. Je suis une femme.

Certaines nuits, lorsque je n’étais pas en soirée avec des copains, j’essayais de trouver les concordances entre « Elohims » de la genèse biblique et les dieux du zodiaque ce qui n’était pas très simple car il me manquait beaucoup d’éléments. Je passais des nuits à jouer avec les lettres et les nombres, à les inverser. C’était passionnant.

Un soir dans le métro lorsque je rentrais de mon cours d’hébreu une petite voix me susurra « Il faudra que tu fasses le lien entre le Dieu de la Genèse biblique et les dieux du Zodiaque ». Cette fois-ci ce n’était pas la voix de ma grand-mère. Les paroles sans images venaient de je ne sais où…. C’est bien des années plus tard qu‘elles reviendront vers moi et me diront : « il faut y aller maintenant, vas-y tu es prête. » Lorsqu’on est en pleine jeunesse et que s’expriment les différentes parts de nous-même, on ne fait pas toujours attention aux signes. Pourtant ils s’enroulent à l’écheveau des fils repliés et colorés qu’il faudra tisser sur la toile de l’existence.

Au bout de quelques années d’études et grâce à ma persévérance, le consistoire rabbinique de Paris me délivrait le certificat de bienvenue dans la communauté juive après m’être baignée selon la loi. Mon deuxième baptême, celui de mon choix. Dans cette démarche plusieurs paramètres avaient motivé mon intention. Celle de réussir l’impossible. Ma mère m’ayant toujours dit que je n’arriverai à rien. Mon futur mari qui n’avait jamais rien demandé mais dont je connaissais l’importance de sa filiation. Mais c’est surtout cette voix intérieure qui me poussait malgré les difficultés à agir, à continuer à me confronter à ce tribunal rabbinique des hommes à la barbe, au chapeau et au costume noir. J’étais déterminée. Dans cet engagement je me suis découverte opiniâtre, volontaire et beaucoup moins superficielle que l’image que j’avais de moi. J’avais acquis une légitimité pour parcourir le chemin. Ce sont des visions venues sur l’écran de ma mémoire qui m’ont fait comprendre le sens de ma démarche. J’étais rentrée au bercail pour avoir le droit d’en sortir. Je l’ai compris lorsque j’ai fait des recherches pour aboutir à l’écriture de l’Homme dévoilé le Zodiaque et la Genèse en miroir.


Mon diplôme délivré par le rabbinat, mes études en astrologie en poche. Je me suis mariée avec Victor au début de l’année 1979. Citroën m’avait remercié depuis trois ans, j’en avais profité pour parfaire mon anglais. Ensuite j’ai travaillé en tant que responsable d’une société de personnel intérimaire jusqu’au jour où le patron décréta que nous étions en surnombre. Il me proposa de me licencier, ce que j’ai accepté. A l’époque j’y trouvais des avantages. Je voulais avoir des enfants et deux années de chômage pour moi me promettait un bel avenir. C’est aussi dans cette maison où je fis travailler une cousine de mon mari qui était étudiante que j’ai vraiment fait la connaissance de Chantal. Aujourd’hui cela fait cinquante ans que nous sommes amies.

Toutes ces années furent celles de l’apprentissage. Elles me montraient le chemin que j’allais devoir suivre.

Ma vie d’astrologue

Cela faisait quelques années que j’avais perdu de vue mon amie Yaguel.

Françoise BITTON