la Gazette des Astrologues

n°174 - Avril 2019

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“Sur le Vif”

La chronique de

Jacques VANAISE

Partageons ensemble, voulez-vous, l’étude du thème astrologique de Roland (prénom d’emprunt), né près de Bruxelles le 24 mars 1994, 22H19).

Roland est hypocondriaque. Mais je préfère écrire qu’il manifeste les symptômes de l’hypocondrie, me gardant ainsi de lui coller définitivement sur le dos l’étiquette de ce syndrome.

Dans certaines formes d’hypocondrie, on observe que le sujet réduit son identité en s’investissant constamment dans une maladie ou dans le risque qu’elle représente.  On peut y voir une pathologie narcissique, une sorte de repli sur soi.

La sexualité et, plus largement, le rapport à l’autre et au monde extérieur sont désinvestis.  

Cela s’apparente aux mécanismes de la paranoïa en tant que trouble du jugement et de la perception. Mais ne soyons pas excessifs, rien n’étant pire que l’attribution arbitraire à une personne d’un processus psychologique. Parlons plutôt de processus paranoïde qui désigne une méfiance exacerbée, le sujet se sentant menacé et persécuté par des personnes inconnues ou faisant partie de son entourage (Lunes noires encadrant Vénus ?).  Cette personne interprète les situations, les paroles et les comportements de façon erronée.  Un mot ou un regard peuvent suffire à éveiller le sentiment d’un abus de pouvoir sur elle (Lune en carré à Pluton, Jupiter en Scorpion et à l’Ascendant).

Mais revenons à l’hypocondrie. Celle-ci présente paradoxalement un petit avantage : celui de localiser le danger, ce qui le rend plus supportable que s’il restait diffus. C’est comme si l’identification du danger, souvent sous la forme d’une maladie, permettait de mieux gérer le risque en le localisant.

Le processus de l’hypocondrie peut s’avérer transitoire lorsque la crainte ou la peur suit le décès d’un proche. Or, il est probable que ce soit le cas de Roland, son père étant décédé dans des circonstances plutôt troubles (que je ne détaillerai pas ici) et alors que Roland n’avait que onze ans.

Relevons déjà quelques indices dans son thème, non pour affirmer que cette réponse hypocondriaque était écrite dans les astres (de même que la mort du père de Roland), mais pour tenter de comprendre sa réponse intime à cette situation de deuil.  

Est-il encore nécessaire de rappeler que notre souci constant doit être de cerner les attitudes d’un sujet « face à l’événement » (celui-ci restant dans l’ordre du possible, à partir d’une configuration astrale), plutôt que de supposer que l’événement, en tant que tel, est irrémédiablement programmé ?

L’hypocondrie a, le plus souvent, une origine psychodynamique. Il est courant que les personnes qui en souffrent aient connu des carences affectives précoces, une séparation (Lune opposée à Saturne), voire un deuil (nous l’avons vu).  D’autres ont eu des parents qui engendraient chez eux, délibérément ou subtilement, un sentiment de vulnérabilité et d’insécurité à l’égard de leur corps (Pluton carré à la Lune ?).

Mais l’hypocondrie peut aussi découler d’un manque d’estime de soi.  On parle alors d’une peur de l’échec  (Mercure en Poisson, encadré par Mars et Saturne).  On y décèle un sentiment d’impuissance, voire de nullité (Pluton carré à la Lune culminante en Lion : ce qui souligne qu’il ne suffit pas de disposer d’une Lune culminante et, de surcroît, en Lion pour rayonner de tous ses feux).

Relevons que l’image fantasmée ou introjectée de la Lune Lion (il se fait que la maman de Roland est Soleil Lion, conjoint à la Lune de son fils…) peut désigner un modèle d’exigence qualitative auquel est confronté Roland.  

À défaut d’y répondre ou de se sentir en mesure d’y répondre (Pluton carré Lune), Roland remet en cause son image intime de lui-même. Son Soleil en Bélier et dans le Secteur V suggère le besoin d’être gagnant, dans l’immédiat et en réponse directe (et en miroir) à une sollicitation vive et exigeante ; alors que Mars (associé au Bélier) est « empêtré » entre les mouvances du Poisson et une autre forme d’impératif : celle de Saturne.

Relevons encore que l’axe des Nœuds Lunaires, entre le Taureau et le Scorpion, de même que la culmination de la Lune, suggèrent ici que, si la souffrance hypocondriaque peut être due aux exigences de la vie quotidienne, elle est aussi une phobie à laquelle des manifestations corporelles viennent s’ajouter.

On peut penser qu’un Soleil Bélier en V, complété par un Ascendant Scorpion et une Lune culminante en Lion, préfigure une personnalité ardente, bien différente du syndrome de la peur.  

Il convient donc de constater cette peur, décrite par Roland lui-même ; puis, de tenter d’en comprendre le processus psychique.

Souvenons-nous que la peur peut à la fois nous sauver et nous pourrir la vie. Elle est évidemment un handicap lorsqu’elle nous fait trembler et blêmir.  Mais elle nous contraint aussi aux abandons (Lune opposée à Saturne), notamment lorsqu’il s’agit pour nous de déserter un but ou d’éviter un défi, cette sorte de « lâcheté » permettant de mettre à distance beaucoup d’écueils et, finalement, de se préserver de l’échec.  

D’où cette interrogation : Roland dévie-t-il sa course abrupte et son élan (Bélier) pour ne pas prendre totalement son indépendance, notamment affective (Lune opposée à Saturne, Nep-tune et Uranus en carré à Vénus) ?

La peur a mille visages et elle est l’une des composantes de notre système de survie.  

Avoir peur d’une agression microbienne extérieure…, serait-ce pour Roland éloigner une autre peur, bien plus troublante et angoissante, celle du droit de vie et de mort que la mère fantasmée a sur son bébé lorsqu’il est encore un nourrisson (Nœud Sud en Taureau, Lune en carré à Pluton) ?

Mais si la peur est nécessaire pour nous préserver de l’ultime danger et si elle canalise nos propres pulsions de mort, de refus et de rejet, elle peut se décupler et devenir une sorte d’anxiété chronique. Elle devient alors une sorte de système immunitaire et elle conduit à réagir en permanence contre des situations qui, pour d’autres, sont naturelles et sans danger. Le corps aussi bien que la psyché sont ainsi en état constant d’alerte, la peur se déclenchant sous n’importe quel prétexte.

Qu’en résulte-t-il ?  Notamment la peur de s’adresser aux autres (Vénus en Bélier encadrée par les deux Lunes Noires) ; la peur de s’engager dans des projets (défiance de Jupiter en Scorpion) ; mais aussi la peur d’être piégé par un système normatif (Saturne en Poisson conjoint à Mercure).

L’une des peurs les plus conscientes et anxiogènes est évidemment celle de la mort.  Or, Pluton à l’Ascendant en Scorpion caractérise ici une force instinctive et intérieure.  Roland aurait-il peur de sa propre instinctivité en désaccord avec l’image fantasmée de la Lune en Lion ?

Face à la peur, il y a le courage (Bélier).  À ce propos, on se plaît à penser : petite peur, petit courage ; grande peur, grand courage…  

On aurait beau dire à Roland que la peur en elle-même est souvent plus effrayante que les choses desquelles la peur doit le protéger…  Relisons Sénèque (philosophe de l’école stoïcienne - Lettres à Lucilius) : « il y a beaucoup plus de choses qui font peur que de choses qui font mal ».

Il est sûrement plus utile et salutaire de dire à Roland que lorsqu’on fait face à la peur, on peut se connecter à ce qu’il y a de positif derrière elle.  Autrement dit, derrière la peur, il y a un désir (Pluton ?).  Il y a là quelque chose d’important dont nous avons envie de prendre soin.  Et, dans ce cas, écouter le message de la peur, c’est ne plus mettre son énergie à lutter contre ce qui nous menace, mais c’est réagir pour quelque chose, en vue de quelque chose…

Roland est-il prêt à entendre cela ?  Pas sûr…  Sa demande est bien différente…  Elle est que l’astrologue lui dise ce dont « demain sera fait… »  Une façon comme une autre, sans doute, d’écarter l’inconnu, d’éviter le risque de la liberté, de cerner par avance le danger, plutôt que d’écouter son instinct (Scorpion) et son intuition (Mercure en Poisson), pour faire le premier pas qui lui ressemble, face à lui-même (Soleil en Bélier et en Secteur V), au risque de se rebeller et de ne pas répondre à ce qu’attend de lui la Lune culminante en Lion…


Jacques VANAISE

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Sur le vif

« Il y a beaucoup plus de choses qui font peur que de choses qui font mal... »

“...C’est comme si l’identification du danger, souvent sous la forme d’une maladie, permettait de mieux gérer le risque en le localisant...”

“...La peur a mille visages et elle est l’une des composantes de notre système de survie...”

“...la peur en elle-même est souvent plus effrayante que les choses desquelles la peur doit le protéger...”