la Gazette des Astrologues

n°145 - Novembre 2016

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Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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Billet d’Humeur

Réflexion sur l’axe Scorpion-Taureau dans la pièce de théâtre Harold et Maude de Colin Higgins

L’entrée toute récente du Soleil dans le signe du Scorpion, et la lunaison qui a démarré le 30 octobre dans ce même signe ne me laissent pas indifférente puisque mon nœud nord est dans cette énergie, conjoint à Mercure,  et que Mars, qui en est le régent, l’est aussi.

Les personnages de la pièce de théâtre, Harold et Maude, me sont apparus comme l’incarnation des signes opposés du Scorpion et du Taureau, et de l’axe qui les relie.


Harold, un jeune homme de 20 ans, représente le Scorpion : un signe d’eau, masculin, sous la maitrise de Mars et de Pluton. Vénus y est en exil, la Lune en chute et Saturne en exaltation.

Maude, une femme âgée de presque 80 ans, symbolise l’énergie Taureau dans ses différentes caractéristiques astrologiques: un signe de terre, féminin, maitrisé par Vénus, dans lequel la Lune est en exaltation, Saturne en chute et Mars en exil.


Tout oppose les deux personnages, mais à travers leur rencontre va émerger leur complémentarité.


Toutefois, au cours de la pièce, c’est l’évolution d’Harold qu’il va nous être permis d’observer, dans son intégration de l’amour et de la vie grâce à sa relation à Maude, alors qu’elle, qui a un long vécu, a déjà intégré le Scorpion.


Harold et le Scorpion

Nous apprenons dès la première scène, de la bouche même de la mère d’Harold, que celui-ci « n’a aucun savoir vivre », puisqu’il se suicide, en se pendant, sous les yeux de la nouvelle femme de chambre. L’humour noir de la phrase nous introduit déjà dans le Scorpion, l’énergie dans laquelle baigne Harold. Dès la scène 2, il, il avoue à son psychiatre qu’il a déjà une quinzaine de tentatives de suicide à son actif, et il va les multiplier au cours de la pièce. Harold est autodestructeur et négatif. La présence de Pluton se manifeste nettement dans sa fascination pour la mort et les choses morbides, l’intérêt pour les enterrements et donc la fréquentation des cimetières, où il rencontre Maude pour la première fois. Il est sombre et angoissé. Harold rejette la vie, il refuse la légèreté et les plaisirs : il ne chante ni ne danse. Il est prisonnier d’un cadre rigide qui représente l’exaltation de Saturne, mais d’un Saturne vécu en naïf, qui n’est pas construit: la morale et le devoir l’empêchent d’accéder aux plaisirs de la vie.» Saturne extérieur est aussi représenté par sa mère qui lui a donné une éducation respectueuse des convenances, traditionnelle et stricte. Elle dit d’ailleurs au psychiatre: « J’ai fait tout ce que j’ai pu pour lui enseigner les bonnes manières ». Mais elle ne l’écoute pas et ne respecte pas ses besoins, symbolisant la chute de la Lune.

Maude incarne Vénus, d’abord dans son allure, et ses comportements : elle est souriante, gaie et sensuelle, heureuse de vivre. Elle n’aime pas la tristesse des statues de l’église où elle rencontre Harold pour la première fois et elle le dit au prêtre : «  Il y a plusieurs choses dont j’aimerais vous parler. Par exemple ces statues. Regardez, elles sont sinistres… pas un sourire. C’est idiot. Je vais vous dire : les saints devraient être heureux, vous ne trouvez pas ? Un saint malheureux, c’est inimaginable. »  Elle fait ce qu’elle aime et ce qui lui plait sans s’occuper du qu’en dira-t-on ni des convenances. Elle aime la vie, elle aime se faire plaisir.  Elle est dans la satisfaction des sens, en dehors de toute référence morale. Saturne en chute n’oppose pas de frein à la satisfaction du plaisir.
Devant les inquiétudes d’Harold à tomber dans le vice en fumant le narguilé, elle réplique « Confucius disait : « Emprunter le bon chemin ne suffit pas. Fais en sorte qu’il soit agréable. » Et quand Harold s’étonne: « Confucius a dit ça ? », Maud réplique : « Comme il était très sage, il l’a sûrement dit. »
Sa conception de la propriété est aussi très libre et ne s’embarrasse pas de règles. Elle « emprunte » la brouette du jardinier, part avec la voiture du prêtre  et « emprunte » encore le camion dont elle a besoin pour transporter un arbre. Aux remarques d’Harold, elle répond  « N’est-ce pas un peu absurde cette notion de propriété ? … Vous êtes ici aujourd’hui, vous n’y serez plus demain. Ne vous attachez à rien. Forte de cette pensée, je me permets de collectionner des tas de choses. » La toute dernière phrase symbolise bien le côté accapareur du Taureau, mais ce qui précède indique une vision de la notion de possession qui s’affranchit des règles.
 Vénus, c’est aussi le sens artistique qui apparait chez Maude dans différents domaines : la sculpture, la peinture, la musique : elle joue du piano, chante et danse.
Maude incarne aussi l’élément terre du Taureau, avec son goût de la nature, de la terre, des animaux, ainsi que des choses saines.
Elle décide de replanter un arbre qu’elle a « vu ce matin en passant près du commissariat, coïncé dans un pot de ciment, asphyxié par les gaz.» Et au moment de le replanter dans la forêt, elle dit à Harold : « J’aime le contact de la terre. Et son odeur, pas vous ? »
Elle nourrit les oiseaux, enlève un phoque du zoo pour aller le remettre dans la mer…
Elle se fait plaisir avec la nourriture mais mène une vie saine : quand elle dit à Harold qu’elle va avoir 80 ans et qu’il répond qu’elle ne les fait pas, elle a cette explication « Conséquence d’une bonne alimentation, d’un bon exercice et d’une bonne respiration. Tous les matins  on salue l’aurore comme ceci. » 
 
L’axe Taureau-Scorpion : complémentarité et évolution
 
Quand ils se rencontrent, les deux personnages n’en sont pas au même niveau de vécu de leur signe et l’axe va jouer pour entrainer celui qui a le plus de chemin à faire.
 
Maud a vécu longtemps. Elle a fait un long chemin qui lui a permis de vivre le signe à un niveau supérieur et d’intégrer le Scorpion.  Elle a été confrontée dans sa vie à des épreuves correspondant à l’ombre du Taureau puisqu’on découvre qu’elle a connu les camps de concentration. Elle a rencontré la souffrance et a côtoyé la mort, et elle rend grâce à la vie. Elle accepte la séparation, et le fait de quitter la vie qu’elle aime tant, quand elle sent le temps venu, dans la paix du Taureau, car elle a intégré le processus de mort-renaissance qui est au cœur de l’énergie Scorpion. Elle a vu mourir une de ses amies en camp de concentration le lundi de Pâques, symbole de la résurrection, qui montre bien qu’elle a dépassé l’attachement et le refus de la mort car elle la voit comme une renaissance. Elle a intégré la dialectique Taureau-Scorpion : la vie qui nait, grandit, meurt pour fournir l’humus qui permettra le renouveau. Quand elle replante le petit arbre avec Harold dans la forêt : « Adieu petit arbre. Pousse, verdis et meurs pour nourrir la terre ».
Mais elle le dit aussi pour les humains, dès sa rencontre avec Harold, lors d’un enterrement: « Tout s’ouvre et tout se ferme. La naissance, la mort… La fin est au début, le début à la fin. Un grand cercle qui tourne…. Pourquoi s’arrêter à la mort ? On dirait que personne n’a lu l’histoire jusqu’au bout. » 
 
Harold est jeune, il représente l’énergie Scorpion vécue en naïf, et c’est Maude qui va l’amener à intégrer le Taureau. On suit son évolution à petits pas, au cours de la pièce.
Elle l’initie à la sensualité par le biais de sa sculpture:« Prenez le temps de toucher le bois. Explorez le longuement. Il vous répondra. » Puis, c’est l’odorat qui est sollicité par les créations olfactives de Maud, et on commence à sentir la réceptivité naissante d’Harold et le plaisir qu’il en tire : il respire profondément et sourit, surpris. Ses sourires deviennent plus fréquents, indiquant une évolution par rapport à sa morbidité et son pessimisme. Quand Maude le fait chanter avec elle, il rit et applaudit à la fin de la chanson: il sait désormais positiver.
 Il commence aussi à apprécier la terre : au moment de replanter le petit arbre dans la forêt, il remarque: « C’est de la bonne terre ». Un peu plus tard, grimpés dans un arbre, Maude le pousse à écouter ses envies et à se laisser aller, et il fait des cabrioles. 
Il s’ouvre à la musique : il a appris à jouer sur le banjo que Maude lui a offert, et c’est lui qui propose à Maude de chanter. A la fin de la scène, il embrasse Maud, franchissant encore une étape dans la manifestation de son amour.
Quand enfin il déclare son amour à Maude, elle s’en émerveille et l’encourage à continuer : « C’est merveilleux, Harold. Aime encore. Et encore. Aime »

Harold a intégré l’énergie d’amour du Taureau.


Pour conclure, il faut reconnaître que la pièce met l’accent sur l’axe et l’intégration du Taureau par le Scorpion mais laisse de côté les qualités du signe que sont la lucidité, la recherche de la vérité, l’authenticité, la combattivité et la détermination à transformer les choses. Cependant, la profonde transformation opérée par Harold relève bien de ces talents.


Maryvonne MEYER


Maryvonne MEYER