la Gazette des Astrologues

n°155 - Septembre 2017

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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1996-2016

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Billet d’Humeur

Marie-Louise
BIELER BERNARD

Samedi soir, au retour d'une journée bord de mer, je consulte ma messagerie et lis que je suis sollicitée pour produire un billet d'humeur. Moue dubitative : on m'a plusieurs fois complimentée sur mon humeur égale, il n'y a donc pas matière à long billet.

Et de vider mon sac de plage. Aux Saintes le sable est doux, mais quand on rentre on en met partout.

Un vague mouvement quelque part dans mon ventre m'informe que plusieurs neurones y entrent en conciliabule à connotation émotionnelle. Je compte neutraliser la tentative par une respiration bien posée, mais trop tard. Un grésillement assez raffiné monte le long du nerf vague et atteint déjà mon cerveau. Le délégué des neurones empoigne le porte-voix "billet d'humeur – le cas Joséphine B -  billet d'humeur – le cas Joséphine B…" pendant qu'au premier plan défile un bandeau lumineux (comme celui affichant les cours de la bourse dans le Mac Do de Wall Street)   : " billet d'humeur – le cas Joséphine B -  billet d'humeur – le cas Joséphine B…"

Je referme le couvercle de la machine à laver et je vais évoquer pour vous le cas Joséphine B.

Joséphine a 42 ans. Elle a fait de longues études, a une vie professionnelle en forme de carrière et un mari rencontré tardivement. Joséphine n'a pas d'enfant et le besoin s'en fait cruellement sentir. L'horloge biologique étant sur le point de sonner les douze coups de minuit, les médecins lui proposent la fécondation in vitro. Trois fois elle vit le processus espoir-déception-espoir-désespoir et s'investit de plus en plus dans son travail. Lorsque la clinique l'appelle pour lui demander son projet pour le quatrième embryon, elle l'avait "oublié". Redoutant une nouvelle tentative qui pourrait s'avérer infructueuse, elle parle de consulter une voyante à quelqu'un qui (par chance ?) lui conseille de s'adresser plutôt à moi. Joséphine vit à plusieurs centaines de kilomètres et la consultation doit avoir lieu par téléphone. Je vais faire de mon mieux mais je n'aime pas trop cela. Comment sans le regard, la respiration, les réajustements de posture,  bien sentir ce que l'on fait bouger pour que ce soit suffisant mais pas perturbant ? Je l'ai sentie dans un grand état de confiance et par chance j'ai suggéré la bonne porte à pousser et elle a bien voulu et pu l'ouvrir. Quelques semaines plus tard, j'ai reçu un magnifique bouquet avec l'annonce de sa grossesse qui en est aujourd'hui au septième mois.

Ce que je veux vous livrer dans ce billet, c'est mon questionnement au sujet de ma responsabilité par rapport à l'enfant. Bien sûr je ne me crois pas plus puissante que je ne suis et je n'ai fait qu'aider la mère à l'accueillir. Je sais aussi que si elle n'y avait pas été prête, le blocage n'aurait pas été levé.

Mais quand même, c'est immédiatement après mon intervention que l'enfant s'annonce. Je ne peux pas me cacher que j'y suis un peu pour quelque chose. Et ce n'est pas la première fois : il y a eu le cas Carine R. qui a eu trois petites filles en trois ans après avoir évoqué un lourd secret de famille, et deux ou trois autres cas encore. Mais la vie est si difficile. Je ne sais pas si je fais bien ou mal en favorisant la venue au monde de ces enfants. Je réponds à la demande d'aide de la mère et je partage grandement sa joie, mais quelle est ma responsabilité par rapport à l'enfant ?

Marie-Louise Bieler Bernard
Salon de Provence, le 28 août 2017

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