la Gazette des Astrologues

n°184 - Février 2020

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

Billet d’Humeur

Jacques VANAISE

Quelques réflexions (schématiques)
transmises par Jacques Vanaise (excusé à la journée de rencontre)

“la Gazette des Astrologues”, la newsletter des membres de la FDAF - www.fdaf.org - mail : FDAF@fdaf.org

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1. L’avenir de l’astrologie

- Les neurosciences observent le fonctionnement de notre cerveau et expliquent « ce que fait la personne humaine ».  Nous y sommes souvent réduits à une mécanique faisant intervenir une chimie et des processus neuronaux supposés expliquer la conscience ; alors même que celle-ci reste un profond mystère. Par rapport à cela, l’astrologie atteste le rôle prégnant de l’imaginaire, concept proche de l’inconscient collectif où « opèrent » les archétypes, les symboles et les images séculaires. Voyons donc dans l’astrologie un moyen essentiel de faire contre-poids à la perception de la psyché humaine comme s’il s’agissait d’une machine digitale.  Ceci introduit dans notre discipline une dimension qu’on ne peut guère désigner autrement que par le mot « spiritualité »

- L’astrologie se doit d’intégrer dans sa démarche l’apport des connaissances en évolution constante, dans les domaines les plus variés : la psychologie (et, à cet égard, nous devons beaucoup à notre confrère André Barbault), mais aussi la physique quantique qui souligne toute l’importance d’un « arrière-fond » où se déploie un monde extraordinaire d’informations très subtiles et très évanescentes. Cette prise en considération révolutionne notre acharnement à vouloir démontrer la validité de l’astrologie sur base d’une relation essentiellement physique entre les astres et nous. La psyché humaine est un monde considérablement plus complexe que le cycle des marées lunaires…  En clair, arrêtons de vouloir défendre la théorie d’une astrologie scientifique dans le sens ancien du terme.

- L’astrologie se fonde sur les cycles. Ceux-ci indiquent clairement que la personnalité est le résultat d’un processus d’émergence, d’éclosion (de germination, en comparaison aux processus naturels) et d’expression d’un potentiel. Conformément aux constats de la phénoménologie, nous sommes le produit d’une interaction entre notre potentiel psychique et notre environnement.  L’astrologie éclaire ce potentiel avec une extrême pertinence. Mais elle ne peut y ajouter les données environnementales (données sociales, culture, milieu familial, histoire personnelle) qu’après avoir dialogué avec le consultant, ce qui revient à contextualiser les données inscrites dans sa carte du ciel.  Le rôle de l’environnement est clairement décrit dans la notion nouvelle de l’épigénétique qui étudie ce qui peut activer, désactiver ou modifier l’expression de nos gènes.  Osons transposer cela au niveau de notre potentiel psychique initial.  Ce qui se résume par la formule bien connue : « la carte n’est pas le territoire ».

- Ajoutons que ce qu’un thème désigne, c’est la mise en œuvre d’un appareil psychique (une sorte de véhicule) dont se servira la personne. Celle-ci ne peut être réduite à la mise en place de ses outils émotionnels, affectifs, conceptuels, caractériels…  C’est ce qui encourage d’ailleurs la personne à observer « ce dont elle est faite » psychiquement et d’en modifier les engrenages et les ancrages imprimés en elle au cours de son développement plus inconscient, durant la prime enfance.

- Ces quelques réflexions (très sommaires) nous indiquent que notre discipline astrologique peut et doit allier tradition et connaissances actuelles. Par ailleurs, la séculaire maxime « connais-toi toi-même » prend ici tout son sens. Se connaître, c’est observer les processus psychiques qui sous-tendent l’élaboration de notre personnalité.  De plus, dans un monde où l’individualisation valorise les singularités, il devient essentiel de prendre en compte la différence de l’autre, chaque homme et chaque femme apportant dans et par sa vie une autre réponse à la question : « comment vivre en conscience dans un monde de coopération et de rencontre de l’autre ».

- Il est temps que les astrologues conjoignent leurs efforts dans l’axe de ces quelques réflexions, plutôt que de se chamailler autour de détails surajoutés dans nos techniques d’interprétation (cf. les éléments symboliques sans cesse et inutilement ajoutés : mi-points, nouvelles planètes, etc.)  Il est temps aussi que les astrologues fassent un pas de côté quant à la préséance de « leur » théorie personnelle (voire de « leur » école) pour gagner en crédit et pour se rejoindre, avec sagesse et pondération, autour des fondements de leur discipline.

2. La question de l’avenir en tant que telle au cœur de l’astrologie

- Je joins à ce texte une annonce publicitaire (reçue ce matin par mail – voir annexe) qui illustre ce que l’astrologie ne saurait être et qui, pourtant, circule encore sur le Net et nous fait bien du tort.

- Sur base des réflexions précédentes, nous pouvons définitivement considérer que rien n’est écrit par avance dans notre carte du ciel à la manière d’un destin préétabli.  Ce qui renforce notre responsabilité de « faire quelque chose de notre vie » (de réaliser notre tâche personnelle), plutôt que de nous en remettre à un plan tout tracé (ce n’est pas de ma faute, c’est mon destin, c’est à cause de mon Saturne…).

- Quant à la prédiction, il est temps de remettre nos pendules à l’heure.

o Une carte du ciel nous parle moins d'un événement à venir que de la relation que nous vivons (que nous vivrons) par rapport à cet événement (par rapport à cette circonstance, pour autant qu’elle soit significative pour nous.  Ainsi, un accident collectif n’a pas la même portée vécue pour toutes les personnes impactées).

o Chaque configuration astrologie ne peut qu’évoquer (par analogie, correspondance et métaphore) une situation. Ce qu’elle explore avant tout, c’est notre intériorité au moment de vivre cette situation. Ce que l’astrologie nous dit, ce n'est pas une vision directe du monde, mais une expression de l'homme en état imaginaire... face au monde.

o Préférons définitivement la notion du « devenir » à la hantise de l'avenir. Ce que nous devenons, jour après jour, exerce une influence sur notre chemin. L’astrologie contribue à nous en montrer les tenants et les aboutissants. Décrire cela, c'est nous donner les moyens d'agir plus lucidement, entre aujourd'hui et demain. En revanche, annoncer l'avenir, c’est pro-jeter le déroulement d'un scénario qui se déroule en nous, en ce moment même. Or, entre le moment présent et l'événement annoncé, s'écoulent des heures et des jours ; et donc des prises de conscience, des engagements et des retraits, des carrefours et des choix : les jalons de notre propre histoire. Il en découle, pour une personne avertie, les indices d'une liberté à conquérir à chaque pas.

o Et finalement (l’idée m’est suggérée par Laurent) pourquoi ne ferions-nous pas de la postdiction plutôt que de la prédiction ?  Il est tout aussi utile d’explorer a posteriori ce qui fait sens pour nous.  C’est une autre façon d’examiner ce que nous avons vécu, ce qui nous concerne dans une situation particulière, ce qu’elle montre de nos processus conscients ou inconscients.  Bref : voir en quoi telle situation « nous ressemble ».  Cela peut nous aider à mieux comprendre vers quoi nous allons, vers quoi nous aimerions nous diriger, vers quoi nous refusons de progresser.  Le principe est là de nous demander, après avoir découvert le symbole correspondant (par analogie) à l’événement (éventuel) vécu :  « Qui suis-je à travers cela ; quel aspect de moi, quel besoin, quelle motivation, quelle crainte est à l’œuvre lorsque je suis ainsi, lorsque je pense ainsi, lorsque je me parle à moi-même comme je viens de le faire, à partir de ce cette planète (de son symbole, évidemment) et de ce qu'elle suggère précisément pour moi ? »

Merci pour votre attention.

En toute cordialité,

Jacques VANAISE

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