la Gazette des Astrologues

n°163 - Mai 2018

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Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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“Sur le Vif”

La chronique de

Jacques VANAISE

Plus que jamais, les éducateurs et les parents s’interrogent : que se passe-t-il dans la tête des enfants et des jeunes, tandis que les repères se délitent... ?  Observons-nous une désorganisation des liens sociaux ou sommes-nous les témoins d’une autre étape dans le développement psychique des nouvelles générations ?

Qu’est-ce qui caractérise ces changements et cela réclame-t-il toute notre attention ?

Et puis, plus singulièrement, en tant qu’astrologues, sommes-nous directement concernés par ce que d’aucuns appellent une véritable mutation ?

La réponse à la dernière question va de soi.  Ne sommes-nous pas des observateurs privilégiés face aux indices qui confirment que rien n’est immobile dans l’expression de notre part d’humanité ?  

Le principe des cycles (qui nous est si cher) démontre que de nouvelles aspirations, de nouvelles logiques de pensée et de nouvelles réponses au « comment » et au « pour quoi » vivre se font jour, à chaque carrefour de l’histoire ; alors même qu’aujourd’hui la réalité sociale, économique et symbolique du monde sollicite « autrement » les jeunes générations.

Par îlots plus ou moins isolés chez les adultes, mais de façon plus affirmée chez les enfants et les jeunes adolescents, nous décelons de toute évidence des transformations au cœur même du psychisme humain et de ses diverses formes d’expression.  

Ainsi, de nouveaux univers de significations se construisent autour de nous, tandis que les jeunes adultes se déclarent porteurs de nouvelles valeurs, tant au niveau social qu’au niveau culturel.

En tant qu’astrologues, nous nous plaisons à considérer les grandes configurations qui, avec les planètes lentes, annoncent et « signent » de tels changements.  Le moins que nous puissions faire, c’est de saisir la portée de ce qui est ainsi en train d’éclore et de nous attacher à montrer qu’il ne s’agit pas, au cœur de ces différences, d’une sorte de pathologie, mais bien (espérons-le) de l’émergence d’une nouvelle « normalité ».

Dans le mot « normalité » il y a le mot « norme ».  Il est clair que si l’autorité parentale, culturelle ou sociétale se logeait autrefois (il y a, tout au plus, quelques décennies, ce qui n’est rien à côté de l’histoire des hommes) dans l’échiquier normatif des anciennes générations (et nous pensons évi-demment et notamment au rôle de Saturne), les planètes transsaturniennes ont eu le temps de remodeler la dimension symbolique que nous nous plaisons à reconnaître aux signes du zodiaque. Pour faire court, être Sagittaire, ou Capricorne, ou tout autre signe en ce nouveau siècle, ce n’est plus la même chose qu’avant l’an 2000.

Peut-on / doit-on parler de bouleversement ou d’évolution ?  L’homme n’est pas apparu sur terre en un jour.  Nous savons que l’un de nos lointains cousins, « Neandertal », a vécu durant 350.000 ans, avant d’être supplanté, pense-t-on, par « Sapiens ».  On parle pour ces temps-là de progression de l’espèce.  Songeons plutôt aujourd’hui à une mutation psychique des individus.

Une double interrogation découle de ce constat.  Si mutation il y a, la question est de savoir pour que faire et pour aller où ?  Notre pratique régulière de l’astrologie nous inspire le début d’une réponse : sans doute pour réaliser et faire croître le potentiel inscrit dans l’humain.  Nous sommes tellement enclins à considérer et à exposer le germe inscrit en chacun de nous à la naissance, qu’il nous est assez naturel de transposer ce processus au niveau collectif.  Et de considérer que nous avons chacun une pierre unique à insérer dans l’édifice.  Chaque personne apporte sa propre réponse au « comment » et au « pour  quoi » vivre…

Vient alors la seconde interrogation. Ce potentiel ne « vient pas au monde » n’importe comment.  L’astrologie, en effet, nous convainc de l’usage d’une grammaire ou d’une langue qui caractérise l’indispensable interaction dont nous avons besoin avec le milieu humain qui nous reçoit, nous entoure, nous nourrit, nous interpelle, en un mot : nous éduque (educarer : sortir de l’ignorance de nous-mêmes).  À la différence de Neandertal, nous sommes nés comme Sapiens avec un cerveau plus petit, mais doués d’une capacité d’évolution extra-utérine unique, ce qui souligne toute l’importance de nos apprentissages dans un contexte familial, social, culturel, économique…  donné.

Ceci nous conduit à recadrer notre question de tout à l’heure. Si le psychisme des nouvelles générations progresse vers autre chose, est-ce en raison d’un nouveau germe, d’un nouveau potentiel qui s’anime en chacun et de l’intérieur ; ou est-ce parce que ce germe est sollicité autrement et de plus en plus vite par le monde qui change, jusqu’à nous placer face à un miroir explosé ?  Explosé, dès lors que la globalisation (ou la mondialisation) nous met à chaque instant au contact d’innombrables informations qui, bien que dispersées dans l’espace du globe, nous sont livrées instantanément, grâce aux prouesses de la communication.

À la tradition locale qui se transmettait en une génération de 50 ans, succède une suite ininterrompue de flashs instantanés parmi lesquels aucune ligne directrice ne se dessine vraiment, tout au moins sur le plan des valeurs éthiques.  Autre chose est de considérer le fil rouge désormais imposant et imposé du consumérisme…

L’astrologie nous montre en quoi le processus d’éclosion psychique de chaque personne est une véritable et utile immanence.  Celle-ci n’a plus rien à voir avec les transcendances d’autrefois qui nous servaient de repère et de gouvernail…   Ceci remplace le poids des dogmes par une nouvelle éthique : celle de la responsabilité individuelle.  Cette responsabilité n’est évidemment plus verticale, elle devient horizontale et elle est guidée par la liberté du choix.  Ne dit-on pas que la spiritualité se conçoit, se vit et se partage désormais « à la carte », chacun puisant les matériaux qui font écho à ses aspirations ; et ceci, en vue de donner forme à son propre orchestre intérieur ?

Encore convient-il que subsiste un lien avec les autres et avec le monde.  Ce lien est idéalement celui de l’apport de notre propre part d’humanité à l’effort collectif pour donner sens à l’aventure des hommes et ceci,  par-delà les tribulations d’un monde qui, aujourd’hui, tout autour de nous, n’en finit pas de s’enliser, faute de sens.  

Mais où trouver le sens ?  Et comment l’authentifier ? Nous voici dans un monde où la mondialisation des objets de consommation, des images et des sons emplit à ras bord notre existence.  D’où la perte de singularité qui fragilise le rapport à soi et aux autres.  

Nous sommes peut-être devant une porte ouverte que nous n’osons pas franchir.  Le « tout au marché » ne saurait détenir valablement et (espérons-le) durablement le monopole de ce qui est vrai et bon pour nous.  On voudrait nous enfermer à l’intérieur des choses : des choses à consommer… Il est temps de revenir à ce qui nous est propre.  Ce qui suppose une anamnèse du germe qui est en nous aussi bien que du creuset qui doit le nourrir.  Cela commence inévitablement par le « connais-toi toi-même » ;  étant entendu que nous ne pouvons développer, modifier et améliorer nos propres facultés qu’à condition qu’elles soient sollicitées par les circonstances et les situations que nous rencontrons.  

Notre pratique astrologique se déploie précisément là, dans ce rapport, dans cet échange ; là où se précise le mystère de notre singularité, mais aussi la véritable alchimie de notre rapport nécessaire aux autres et au monde.  Encore convient-il qu’aucune opacité ne vienne troubler ce jeu de miroir…


Jacques VANAISE

Pour tout contact
jacques.vanaise@skynet.be

Sur le vif

L’émergence d’une nouvelle « normalité » ?

Ne sommes-nous pas des observateurs privilégiés face aux indices qui confirment que rien n’est immobile dans l’expression de notre part d’humanité ?

Nous sommes peut-être devant une porte ouverte que nous n’osons pas franchir.