la Gazette des Astrologues

n°190 - Août 2020

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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“Sur le Vif”

La chronique de

Jacques VANAISE

- Eh bien ! C’est pas trop tôt !

- Que veux-tu dire ?

- Enfin ! Tu vas parler de moi !

- Quoi ! Tu te prends pour le Roi Soleil !?  Si c’est le cas, je te rappelle que Louis XIV n’était pas Lion…  Il était Vierge !

- Tu veux dire : du signe de la Vierge… ?

- Oui, bien entendu, ne fais pas le malin !

- N’empêche, Louis avait le Soleil en plein mitant du ciel ! C’est suffisant pour que je me considère comme son cousin. Et je ne vais pas t’apprendre que le Lion est « le » signe solaire par excellence... !

- Ah ! Monsieur se voit bien en haut de l’affiche, il me semble… Il ne se mêle pas aux petits besogneux.

- Là, c’est toi qui égratignes la pauvre petite Vierge.  Il est vrai qu’elle me fait un peu pitié…

- Pitié !? Quel ostracisme !

- Tout de suite les grands mots…  Laisse-les à ceux qui savent causer…

- Parlons-en de causer…  Il ne suffit pas d’avoir la tête superbe. À t’entendre, ta prestance suffirait à charmer tout un public, fût-ce en lisant l’annuaire téléphonique.

- Que veux-tu, c’est comme ça, mon panache est souvent éblouissant…

- Oui, et ton panache de fumée soustrait à ta propre vue ce qui risquerait de te faire de l’ombre… J’y reviens : en quoi ta voisine la Vierge t’indispose-t-elle ?

- Elle ne me dérange nullement ; elle m’ennuie, c’est tout. Et, d’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi tu as commencé par elle…

- Commencé par elle !?

- Mais oui, il y a douze mois, c’est par la Vierge que tu as commencé tes chroniques.  Avec quel titre déjà !? Oui, je me souviens : Prudence Petitpas… Bien vu ! Tout un programme, en mode mineur, évidemment.

- Soit ! Sache tout de même qu’il n’est pas toujours adéquat de claironner ; il est plus important de réaliser quelque chose d’utile.

- Mais je sais me rendre utile… ! Tu veux savoir comment !? Voilà : j’ai un ami Bélier. Il est tout feu tout flamme. Ses réactions sont souvent impulsives, bien trop directes. Eh bien, je le conseille. Par exemple, je lui dis de ne rien entreprendre dont il ne puisse ensuite se féliciter. C’est bien trop risqué de perdre la face à cause d’un accès de colère. Et donc, je le coache : s’il veut se comporter à la manière d’un héros, qu’il le fasse avec majesté.

- Et peut-on, savoir, Majesté, si un autre signe trouve grâce à tes yeux…

- Oui, peut-être : le Sagittaire…

- D’accord…  Et pourquoi ?

- C’est simple, lui aussi, il sait mettre de la voilure…

- De la voilure !?

- Oui, de l’envergure, si tu préfères. Il voit grand et loin et, lui aussi, il aime être admiré. Mais je le préviens tout de même : c’est parfois casse-cou de s’engager dans des entreprises qui dépassent les moyens dont on dispose.

- Et c’est son cas ?

- Je pense qu’il écoute régulièrement son voisin.

- Son voisin !?

- Eh bien oui ! Le Capricorne ! Il faut tout te dire, bon dieu !

- Ok donc pour le Capricorne. Et ça donne quoi ?

- Je pense que son voisin lui montre l’exemple : ne compter que sur soi-même et, surtout, bien réfléchir avant d’entreprendre. Moi, personnellement, cela ne me conviendrait qu’à moitié. Toujours peser le pour et le contre…

- Comme la Balance, quoi…

- Ah, la Balance… ! En voilà une qui se veut discrète pour jauger ce que l’autre pense à son sujet et pour ne surtout pas être prise en défaut. Je la devine très bien : tomber des nues lorsqu’on lui fait une remarque et estimer que c’est insensé qu’on veuille s’éloigner d’elle.  Alors, elle est toujours à son poste d’observation, toujours aux aguets.

- Mais, toi aussi tu es attentif à ce qu’on pense de toi… !

- Ce n’est pas du tout la même chose. Moi je sais que les apparences sont parfois trompeuses. Être trop prévenant envers autrui, c’est être trop complaisant envers toi-même. La Balance gagnerait à se montrer plus directe.

- Et toi, gros malin, tu t’y prends comment ?

- Oh ! Je me calque volontiers sur mon vis-à-vis : le Verseau. Un vrai narcissique, crois-moi, sous ses airs ingénus d’idéaliste et de visionnaire.

- Et qu’est-ce que tu lui trouves, au point de le copier ?

- C’est simple : comme lui, je sélectionne dans les commentaires de mon entourage ce qui me conforte dans ce que je pense. Bien entendu, je risque de n’entendre que ce que je souhaite entendre, surtout à mon sujet. Mais, vois-tu, je pense que les vraies relations, mieux encore : les vraies amitiés n’existent que s’il y a affinité.

- Te voici du coup assez sélectif et je ne vois pas en quoi tu fais autrement que la Balance.

- Je vais t’expliquer : la Balance s’adapte aux autres…  Moi, je sélectionne dans le miroir des autres le reflet de ce que j’apprécie chez moi.  

- Ah bon ! Mais alors, c’est comme si tu observais les autres à travers une meurtrière. Bien voir…, mais finalement n’être vu que sur ton meilleur profil. Pourtant, j’imagine que, comme tout le monde, si tu t’observes d’un peu plus près, tout n’est pas rose et violette ; pardon, je voulais dire : tout n’est pas or et argent…

- C’est exact. Je m’en suis rendu compte grâce à un ami Scorpion. Ah ! le gars, toujours à fouiner, à fouiller, à creuser là où ça fait mal.

- Et qu’est-ce qui fait mal…, je veux dire, en toi ?

- C’est une sorte d’insatisfaction, toujours la même : l’impression que je ne peux pas me contenter de mon panache, comme je le disais tout à l’heure ; que je dois me dépasser, qu’il serait présomptueux de me croire captivant en permanence.

- Et alors… ?

- Et alors !? C’est alors que je constate à quel point je fonctionne dans l’implicite. Comme Narcisse, je découvre que mon miroir me renvoie une image floue, quasiment neptunienne. Et je comprends à quel point quelques touches de couleurs impressionnistes ne suffisent pas pour faire bonne impression sur les autres. Je crois être rayonnant et je constate que je suis, en fin de compte, assez perméable à ce qui m’entoure.  Comme Narcisse, je le répète, je me projette sur un décor vide et je me construis un personnage que je ne suis pas vraiment.

- Je comprends. Comment t’en sortir ?

- Je l’ai compris récemment… : en faisant plus clairement la différence entre le contenu et le contenant.

- Je ne te comprends pas du tout.

- Je t’explique : c’est un autre ami, un Taureau, qui m’a fait comprendre cela. Il ne suffit pas d’être un personnage, il faut l’habiter, l’incarner, charnellement.

- Si je te suis bien, c’est donc une question de sensualité ?

- Oui, c’est tout à fait ça.  Parfois, nos yeux nous trompent. Le toucher devient alors important.

- Tu peux me donner un exemple ?

- Supposons que tu souhaites acheter un melon. Tu peux le regarder aussi longtemps que tu veux ; pour estimer s’il est mûr, tu dois le toucher, le sentir. Souvent, je ressens cela au contact des autres : le sens du toucher est une parole que les mots ne peuvent révéler.

- Te voici bien philosophe…

- Pourquoi pas ? À vouloir paraître, mais en restant à distance, je suis comme un adolescent qui s’amuse à souffler inutilement dans un appeau. Tout autre chose est de proposer le miel du désir…

- Et te voici poète… !

- Poète !? Non, je laisse cela au Gémeaux Lunaire.  « Prête-moi ta plume, mon ami Pierrot ».

- Mais je n’ai aucune plume à te prêter…

- Je sais, je sais… Tu écris avec un ordinateur…  Eh bien, voici venu le moment de l’éteindre. Tu n’en as pas marre de fouiller dans tes vieilles notes sur les passions, comme tu l’annonçais en août 2019… ? Voilà douze mois que tu tangues à travers les signes.  Veux-tu que je te dise : finalement, c’est pas plus mal que tu finisses par moi, en beauté. Un voyage réussi ne s’évalue pas au premier coup de pédale. Te voici revenu au point de départ, ta besace bien garnie au fil des quatre saisons…


Jacques VANAISE

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jacques.vanaise@skynet.be

Le Lion : le miroir de Narcisse.

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