la Gazette des Astrologues

n°168 - Octobre 2018

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“Sur le Vif”

La chronique de

Jacques VANAISE

Sommes-nous en mesure, en tant qu’astrologues, d’explorer en détail et par avance les faits marquants d’une histoire personnelle ?

Nous connaissons cet avertissement : « la carte ne fait pas le territoire… »

Notre thème désigne nos prédispositions, à la naissance. Reste à observer comment elles s’articulent avec d’autres données tout aussi essentielles : notre héritage biologique, notre milieu familial et culturel, les carrefours de notre chemin de vie, compte tenu de nos décisions (ou non décisions) et de nos prises de conscience.

Établir un lien entre l’astrologie et l’histoire détaillée d’une personne, c’est déceler, de l’une à l’autre, ce qui exprime les modalités particulières d’une conscience, d’une pensée et d’une expérience.

Pour chacun d’entre nous, notre parcours de vie plonge évidemment ses racines dans ce qui-sous-tend la mise en chantier de notre personnalité.

Nous le savons, chaque naissance est un avènement qui met en œuvre un « projet » original.

Celui-ci se déploie en jouant la gamme reçue en héritage. Nous progressons ensuite, chacun, sur le fil tranchant qui nous relie au monde et aux autres.

Toutefois, l’équation astrale ne nous prescrit pas un parcours déterminé par avance. Il désigne plutôt une trame existentielle, à savoir selon quel mode symbolique et selon quel scénario nous organisons la scène vivante où nous exprimerons progressivement celui (celle) que nous devenons.

C’est dans cet esprit que l’astrologie entend éclairer les modalités de notre existence. Il s’agit là de déceler comment notre histoire personnelle se développe dans le temps et comment nous en prenons conscience ; mais aussi comment nous faisons la part entre ce qui vient de nous et ce qui vient des autres et du monde.

J’ai repensé à tout cela en préparant le thème natal de Richard (prénom d’emprunt). Il est né en 1956, le 14 août, à 05H30, près d’Anvers (Belgique).

Son Soleil est à l’Ascendant.

Voilà donc le petit Richard, doublement Lion, prêt à rayonner sur le monde…

L’astrologie populaire s’arrêterait là.

Tous les Lions aspirent évidemment à recevoir l’estime de leurs proches et à se valoriser ; à agir avec plus ou moins d’assurance et, idéalement, à faire autorité aux yeux des autres.

Quel sera le premier pas de Richard ? Etre accueilli de façon inconditionnelle…

N’est-ce pas ce dont a besoin chaque enfant ? N’est-ce pas,sur une telle base, comme l’écrivait André Barbault, que le Jupitérien bien nourri se déploiera ensuite avec aisance dans le monde ?

Etre accueilli, et aussi aimé, bien entendu (Vénus en Cancer)…

Mais que nous dit la Lune de Richard, conjointe à Saturne et dans le secteur IV ?

Au besoin d’être accueilli inconditionnellement, voilà que s’ajoute la peur du rejet, la peur de l’abandon.

Comment y répondre ? Par de l’application, par le sens de l’effort et du mérite.

Qu’en pense le Soleil de Richard ? Le voici, lui aussi, bien malmené par sa conjonction avec Pluton, à l’Ascendant…

Ces quelques bribes d’interprétation, vous les reconnaissez, bien entendu.

Mais viennent ensuite d’autres interrogations qui orienteront notre analyse.

Ainsi, comment concilier le désir solaire de rayonnement et le sentiment d’être contesté et égratigné jusque dans ses propres profondeurs ?

Le sujet sera-t-il masochiste au point de se décrier ou de se saborder de façon impitoyable ?

Et si cette remise en cause de sa puissance personnelle venait des autres ?

Mon propos n’est pas de réaliser ici une interprétation complète, mais de souligner combien nous sommes, praticiens de l’astrologie, observateurs d’un processus psychique dont nous connaissons les codes symboliques, mais qu’il nous faut encore « contextualiser ».

C’est évidemment à travers le dialogue avec notre consultant que nous pouvons déceler toute l’importance des étapes vécues, non plus seulement dans l’imaginaire, mais dans les faits.

Ecouter notre consultant, c’est observer comment certaines circonstances ont pu atténuer ou amplifier le jeu symbolique de son théâtre intérieur.

Je suis d’avis d’être prudents au moment de mettre de la chair sur la structure symbolique d’un thème.

Qu’il nous suffise de savoir que nombre de personnes sont nées en même temps que Richard et que leur contexte de vie, leur héritage et leur hérédité ne les ont sûrement pas placés dans un cadre identique.

Alors, à moins que de penser que tout est déjà programmé dans l’histoire de Richard, nous sommes avant tout à l’écoute de ce qu’il nous dit de son histoire personnelle ; notre rôle étant de décoder les méandres psychiques qui, en arrière-plan, nous indiquent, non pas ce qui était déjà écrit, mais ce qui, à présent,lui ressemble.

En ce qui concerne Richard, il me parle du rôle d’un père exigeant (ancien militaire) et d’une mère douce, mais manipulatrice. Nous relierons ces indices au double foyer de Pluton conjoint au Soleil et de Saturne en Scorpion conjoint à la Lune. Je ne pense pas nécessaire de détailler davantage ces aspects.

Mais, ayant entendu cela, restons attentifs au jeu des projections… Les parents de Richard jouaient-ils réellement ces rôles-là ? Et si c’était Richard qui les avait intériorisés (introjectés) comme tels ?

Et si oui, pourquoi ?

Je suis enclin à penser que si un foyer symbolique (dans un thème) exerce un rôle dans l’ensemble de la vie psychique du sujet que nous étudions, c’est « aussi » parce que cette personne focalise un regard, une attente, une exigence sur le monde (et ici, sur son père et sur sa mère). Dans le cas de Richard, et comme pour dépasser l’autosatisfaction qui généralement caractérise le Lion, tout se passe comme s’il mettait en place un aiguillon qui, comme un boomerang, l’incitera à se dépasser, à remettre en cause ses acquis, à être plus rigoureux vis-à-vis de lui-même.

Il arrive cependant que nous soyons bien plus troublés encore, par le jeu des coïncidences, au cours de notre entretien avec un consultant. Ainsi en est-il lorsque celui-ci partage avec nous d’autres détails, d’autres faits, d’autres événements, que nous nous hâtons de relier à la symbolique de son thème.

Ainsi… Richard me parle d’un secret de famille dont je tairai ici le détail. J’indiquerai simplement que sa « venue au monde » fut contestée, dès le départ : « que vient faire ce garçon mâle dans un monde où la mère et trois filles occupent le devant de la scène… ? »

Et voilà que le sentiment de rejet mentionné plus haut prend une autre dimension.

Et voilà que, comme praticiens astrologues, nous voyons vivre et prendre chair les personnages symboliques qui s’animent dans le thème étudié.

Et voilà que surgit le piège ou, tout au moins, le risque de nous dire : « mais, oui, bien évidemment, ce rejet et cette insatisfaction du Lion décrite jusque-là, était écrite, prévue, pro-grammée… »

Etrange situation où nous sommes tentés de voir une histoire préétablie se dérouler devant nous…

A moins que de nous souvenir que nous ne disposons que d’une équation, d’un échiquier, d’une palette de couleurs, … d’une partition musicale… Elle est là, devant nous. Nous en écoutons une interprétation particulière. Un autre chef d’orchestre l’interpréterait-il de la même façon ?

Ne soyons pas trop empressés pour répondre à ce genre d’interrogation…

Car si nous pouvions dialoguer avec d’autres Richard, nés, eux aussi, le 14 août 1956, approximativement à la même heure, entendrions-nous le même récit ?

Restons des observateurs, des chercheurs, des découvreurs, dans le respect de cette subtile mécanique qui nous relie chacun à une partition symbolique et à une expérience de vie. Non sans nous souvenir, encore et encore, que la carte n’est pas le territoire


Jacques VANAISE

Pour tout contact
jacques.vanaise@skynet.be

Sur le vif

“La carte n’est pas le territoire”

“l’équation astrale ne nous prescrit pas un parcours déterminé par avance. Il désigne plutôt une trame existentielle, à savoir selon quel mode symbolique et selon quel scénario nous organisons la scène vivante où nous exprimerons progressivement celui (celle) que nous devenons...”

“Ecouter notre consultant, c’est observer comment certaines circonstances ont pu atténuer ou amplifier le jeu symbolique de son théâtre intérieur.”

“Restons des observateurs, des chercheurs, des découvreurs, dans le respect de cette subtile mécanique qui nous relie chacun à une partition symbolique et à une expérience de vie.”