la Gazette des Astrologues

n°169 - Novembre 2018

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“Sur le Vif”

La chronique de

Jacques VANAISE

L’astrologie n’est pas une question de foi ou de raison, mais d’expérience.

Cette opinion peut déconcerter.  

À propos de la foi, nous nous accordons pour écarter de notre discipline tout élément de croyance et de religiosité ; alors même que… nous nous occupons de ce qui nous relie au monde, aux autres, au ciel.  

Plus subtil est sans doute le fait de nous mettre à distance quant à l’exercice de la raison…  Oui, mais le mot est à préciser.

La raison « raisonnante » nous incite à ne croire qu’à ce qui est « raisonnable »…

Sortir de ce cadre est pourtant indispensable pour s’engager sur la voie de la décou-verte et de l’innovation ; et cela avec audace, non parce que c’est possible, mais parce que c’est nécessaire.

Ainsi, à la fin du 16e siècle, Giordano Bruno refusa d’entériner les dogmes de son temps pour suivre ce que sa « raison » le conduisait à penser.  

Croire, à son époque, qu’il n’y avait dans le ciel que les planètes dont l’existence était connue, était pour lui déraisonnable… Ce serait comme, aujourd’hui, être con-vaincu que seules les espèces d’oiseaux que nous voyons dans notre jardin existent, à l’exclusion de toutes les autres.

Ceci nous incite à donner la primauté à la raison sur tous les diktats.  Mais est-il pour autant raisonnable de dire que nous sommes reliés aux configurations du ciel et, qu’en analysant ces configurations, nous sommes en mesure de dire des choses perti-nentes quant au profil psychologique d’une personne ?

Et est-il raisonnable de nous fier au bagage de l’astrologie, alors que nous ne sommes pas encore en mesure de démontrer, de façon irréfutable, comment et pourquoi « cela fonctionne » ?  Notre propre expérience suffit-elle à baliser notre pratique ?  

Personnellement, je pense que l’astrologie se fonde sur une intuition, alors même que la progression de la pensée « raisonnante », au fil du temps, nous incite à l’explorer, à l’expliquer, à la démontrer, à la prouver…  Y arriverons-nous un jour !?  Nous ne pourrions y parvenir en usant des seuls outils et arguments de la science classique.

Au fil de l’histoire de la pensée, souvent une intuition a ouvert la voie à l’expérimentation, puis à la mise en théorie et à la formulation de lois physiques inconnues jusque-là.

En tant qu’astrologues, nous voici, souvent, entre les deux chaises de l’intuition et de la raison, de l’imaginaire et de la démonstration.  Dans une telle position, nous ne pouvons que cultiver à la fois la conviction que nous donne, jour après jour, notre expérience ; et le doute ou, en tout cas, la réserve et la retenue.

Plus nous serons en recherche (dans un esprit de dialogue, tant entre nous qu’avec les disciplines intéressées à la réalité psychologique, sociale et culturelle de l’humain), plus nous nous trouverons dans l’axe d’une discipline qui ne fait encore que soulever le voile du grand mystère de notre présence au monde.

Certes, la tradition astrologique est là pour nous guider et nous ne manquons pas de nous appuyer sur elle. Mais sachons « raison garder » et faire la part des choses.  

Une intuition plurimillénaire nous a persuadés que nous étions fils et filles du cosmos, bien avant que la raison et la science nous disent, à leur tour, que nous sommes « poussières d’étoiles ».  

Il ne convient pas, aujourd’hui, de réfuter cette longue expérience et de fragiliser la langue symbolique dont nous sommes les héritiers.  

Mais il est opportun de départager ce qui, d’une part, à travers le temps, s’est sédimenté dans la mémoire des hommes (et plus singulièrement dans l’héritage symbolique de l’astrologie); et, d’autre part, ce qui a enveloppé cette même mémoire de croyances propres à chaque époque ; croyances qui, parfois, ont conduit nos prédécesseurs à prendre le pouvoir sur le destin des hommes, plutôt que de leur donner les moyens de se comprendre et de s’accomplir.

Alors…, intuition ou raison ?  

Esprit d’expérimentation et de recherche, sûrement !

Mais que recherchons-nous ?

Par-delà notre légitime désir de donner sens à notre vie et, si possible, de l’orienter vers ce qui nous ressemble et ce qui convient à notre participation au monde et à la vie collective, nous progressons (c’est ma conviction) sur un fil tendu et fragile.  Ce « fil rouge » nous conduira un jour à décrypter la portée des images symboliques qui meublent notre imaginaire ; images que nous avons projetées sur le ciel et qui, par-delà la singularité de notre cheminement individuel, nous en diront un peu plus sur la mystérieuse aventure humaine.

Sur le plan pratique, nous le savons bien, nous mettons dans notre interprétation des symboles astrologiques une part de ce que nous sommes.  Si bien que ce que nous disons à notre consultant est révélateur de ce qui fait sens dans l’entre-deux de notre relation avec lui.

Dans un tel échange, nous procédons avec raison, pour composer un discours qui ne peut dire au sujet ainsi analysé « qui » il est, mais qui sollicite son intuition, de sorte que celle-ci le conduise à la rencontre de ce qui fait écho en lui.

Ainsi alternons-nous sans cesse entre analyse et suggestivité, entre raison et intuition.  

Non sans redire, une fois encore, que sur ce fil tendu entre les symboles et ce qu’ils suggèrent, nous avons la tâche nécessaire d’attester en chacun de nous l’illustration sans cesse différente, personnelle et unique de notre part universelle d’humanité.  

Rendre compte de cela, dans un monde où la technicité des machines supplante pro-gressivement le foisonnement de l’imaginaire humain, … telle est notre responsabilité en tant qu’astrologues, responsabilité trop peu dite, trop peu reconnue, trop peu partagée…


Jacques VANAISE

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jacques.vanaise@skynet.be

Sur le vif

Notre part universelle d’humanité...