la Gazette des Astrologues
n°160 -
Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)
1996-
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Billet d’Humeur
Janine TISSOT
Par la grâce du Verseau qui vient de faire son entrée révolutionnaire dans notre calendrier, ce texte se veut « billet d’humour ». Si « le rire est le propre de l’homme » selon François Rabelais, l’humour est le propre de l’humain Verseau. Et pour l’illustrer quel meilleur exemple que Jacques Prévert (*).
Ce Verseau grand teint est un spécimen du genre pour un humour du second, voire troisième degré, tant il peut séduire ou importuner. Mais nous, humains qui inaugurons l’ère du Verseau, sommes prêts pour accueillir sans nous offusquer cette « violence d’humour qui nous faisait hurler de rire qui nous paraissait étourdissant », selon les mots de l’acteur Yves Robert.
Il est un irrévérencieux, iconoclaste, rebelle, mais plein d’humour et de poésie !
Poète irrévérencieux et rebelle à l’autorité, comme il se doit pour un Verseau, il n’est guère fait pour la vie militaire dont il expérimente d’emblée la prison lors de son service militaire, pour avoir ridiculisé le discours du colonel faisant l’apologie de l’armée. Jacques s’était mis à faire en parallèle son discours sur l’utilité des colonels !
Et quand on propose à Prévert d’entrer au Parti Communiste, il répond « Ah oui, on veut me mettre en cellule. »
Au nom sacré de l’amitié des copains, il se lie avec de joyeux surréalistes et pour
dépeindre l’ambiance des lieux, quelques mots puisés dans une franchise bien ajustée
suffisent : « y en a qui peignent, y en a qui écrivent, y en a qui ne foutent rien
et moi, je suis de ceux-
« Moi, la vie, je veux la vivre. Je veux rencontrer les copains, je veux voir les gens. »
L’ascendant Vierge donne à cet artisan perfectionniste de décortiquer les mots avec une méticulosité tatillonne et inquiète pour en retirer l’essence : « Moi, personnellement je n’suis pas poète, on m’a appelé comme ça. Je suis un artisan. J’écris ce qui me fait plaisir. J’écris pour faire plaisir à beaucoup et pour en emmerder quelques uns ». D’ailleurs, il se qualifie de « braconnier » dans le monde de la poésie. Ainsi s’exprime cet original qui combat le vedettariat littéraire.
Son style inclassable inspire nombre d’artistes…
Gabin, Arletty, Jouvet, Piaf, Brasseur, Montand font partie des nombreux artistes reçus par ce scénariste et parolier, pour trouver vers lui « les mots qui allaient les faire exister ».
« Le jour se lève, mais du pied gauche » dans Quai des Brumes avec Jean Gabin avec casquette et mégot à la bouche ; ou bien dans la bouche d’Arletty dans Les Enfants du Paradis : « Quand j’ai envie de dire oui, je ne sais pas dire non ! »
Comme beaucoup d’artistes mal à l’aise avec les choses de l’amour, il a su en sublimer la souffrance pour s’offrir une jouissance intellectuelle encore plus grande. « J’ai rien vu de mieux qu’une femme… Y a rien de plus joli qu’une femme nue ou qu’une fille nue, les gens appellent ça l’amour ».
Selon l’universalité humaniste du Verseau, son ouvrage « Paroles » a été traduit dans toutes les langues ! Ainsi, il entre dans la vie de beaucoup de ceux qui le découvrent.
Cet original s’active à redonner de la liberté aux mots
A cause de ses idées d’avant-
Ses œuvres les plus géniales ont mis longtemps à plaire au public avant de devenir des chefs d’œuvre.
Offrant une revanche au Prométhée de la légende qui s’est retrouvé enchaîné pour avoir volé le feu de la connaissance afin de le porter aux humains, Prévert libère le lecteur et le spectateur par des mots distillés au creuset de la liberté d’agir et de penser.
Janine TISSOT
(*) Jacques Prévert est né le 4 février 1900 à 19h
à Neuilly-
Le mythe de Prométhée grandeur nature
avec Jacques Prévert
| Mireille MORGAN-SMITH |
| Janine TISSOT |
| Maryvonne MEYER |
| Thérèse LACAN-MERLIN |