la Gazette des Astrologues

n°160 - Février 2018

Accueil. "Sur le Vif". Billets d'Humeur. la Vie de la FDAF. les Actus DN. Ateliers, conférences.... Divers.

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

20
ans

1996-2016

la FDAF a


“la Gazette des Astrologues”, la newsletter des membres de la FDAF - www.fdaf.org - mail : FDAF@fdaf.org

Conformément à l’article 34 de la loi 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification des données nominatives vous concernant.
Si vous souhaitez vous désinscrire, cliquez ici

“Sur le Vif”

La chronique de

Jacques VANAISE

Un jeune homme de 28 ans s’est tout récemment tué en voiture pas loin de chez moi.  Je connaissais ses grands-parents, mes proches voisins depuis plus de 40 ans.  

Je me suis rendu aux funérailles, dans l’église romane de mon village.  Plus de 500 personnes occupaient l’église, trop petite;  et beaucoup d’autres encore attendaient sur la petite place villageoise.

Quelle émotion de voir tous ces gens rassemblés pour entourer la famille et les proches.

Ce simple « fait divers » dans le journal local prenait pour moi une autre dimension :  j’étais très ému de voir toute cette empathie (c’est mon côté neptunien).

Mais autre chose me trottait en tête : les circonstances de l’accident.  Le journal local avait publié un article à ce sujet.  Disposant de la date de naissance du jeune homme, je n’ai pu m’empêcher de calculer sa révolution solaire et « ses » transits.

Étrange intrusion dans la vie et la mort d’un jeune homme que je connaissais peu.  Je me sentais étrangement plus intime avec lui ; et aussi un peu voyeur, en tapant  les données astrologiques sur le clavier de mon ordinateur.

Que le praticien astrologue qui n’a pas vécu cela me jette la première pierre.  Quant aux autres, à vous qui me lisez, réprouverez-vous cette sorte de « déformation professionnelle » qui nous incite à interroger les astres à seule fin d’y trouver quelque chose de significatif ?

Peut-on seulement donner un sens à une mort prématurée ?  

Reconnaissons que nous sommes habitués à nous plonger dans nos éphémérides lorsqu’un fait marquant nous paraît « devoir » correspondre à un « état » du ciel.

À ce point de votre lecture, vous penserez peut-être que je me suis fié à un événement dont la brutalité, dans l’instant, se doit d’être significative pour nous, nous qui taquinons les planètes.

Serais-je un peu sadique, juste au moment qui précède l’apparition du thème astrologique sur l’écran de mon ordinateur, dans une sorte d’attente fébrile, dans l’anticipation d’une évidence (tel aspect, tel transit…) ou au contraire dans la perspective d’une déception lorsque la configuration astrale ne « signe » rien d’évident … ?

J’observe tout cela, critique vis-à-vis de moi-même, voire embarrassé ; alors même qu’intimement, je ne crois pas du tout à un éclairage astrologique flagrant, indéniable, indiscutable à propos des « événements ».

Cet accident était-il inscrit dans l’histoire de ce jeune homme ?

Son thème de naissance n’est pas anodin…  Que « du rouge » ! aurait clamé un débutant.  Et de me souvenir de mes débuts, feuilletant fébrilement l’un ou l’autre manuel, pour découvrir qu’effectivement une conjonction de Soleil à Mars, en double carré à Uranus, nourrissait les pires présages…

Soyons raisonnables, ce type d’aspect n’est pas si rare et la gazette locale ne fait pas état chaque jour d’un accident mortel.

Est-il nécessaire de préciser, pour revenir quelques lignes plus haut, que ma « curiosité » professionnelle n’a rien de pervers… ?

En observant quelques minutes le thème de naissance de ce jeune homme, j’ai découvert, dans son processus psychologique, des impulsions, des coups de colère, une impatience…  Pouvais-je en déduire une certaine façon de conduire (Mars-Soleil en carré à Uranus) ?  J’ai observé aussi un potentiel de révolte (Mars Soleil en carré à Jupiter).  Mais aussi un comportement plus prudent et raisonnable (Vierge).  Mais aussi un besoin de quiétude (Lune en Taureau).

Voyeurisme que tout cela, pensais-je, en me rendant à l’église.

Plusieurs hommages de proches et d’amis ont cependant fait écho à ces quelques observations.  

Étrange sentiment, au milieu de tous ces gens, de me sentir « autrement » plus proche de ce jeune-homme dont j’entendais parler.  Ce que j’entendais illustrait son théâtre intérieur.

En cela, aucune fierté pour mon aptitude à décoder l’univers subtil d’un humain qui, comme nous tous, a investi un champ de vie, d’émotions, de réponses, de réactions.., entre naître et mourir…

Le prêtre parlait d’espérance et de résurrection.  Je pensais gâchis et fatalité.

Non pas de la « fatalité » dans le sens d’un destin écrit par avance, mais dans le sens de « fatal », à savoir « ce qui entraîne logiquement une suite de causes et de conséquences ».

Le jour de son accident, ce jeune homme roulait beaucoup trop vite, il n’avait pas mis sa ceinture de sécurité, il tempêtait sans doute parce qu’il était en retard…

Et je pensais : oui son accident fatal lui ressemble.   

Qu’aurais-je pensé et dit si je l’avais eu en consultation ?  L’aurais-je prévenu, l’aurais-je mis en garde ?  Jamais je n’aurais pensé voir l’accident fatal dans son thème, préprogrammé, annoncé par les astres. Et si j’avais trouvé les mots pour éclairer avec lui un certain feu auquel il s’est brûlé trop vite, m’aurait-il écouté, m’aurait-il seulement entendu ?

J’imagine l’instant du choc, le grand trou noir ; ou la grande page blanche, comment savoir ?

Cela m’a mis vraiment, véritablement, sur le vif…

Je resonge aux paroles de la chanson écrite par Michel Berger et entendue alors que le cercueil était placé dans la nef de la petite église romane…

Je m'en irai dormir dans le paradis blanc

Où les nuits sont si longues qu'on en oublie le temps

Tout seul avec le vent

Comme dans mes rêves d'enfant

Je m'en irai courir dans le paradis blanc

Loin des regards de haine

Et des combats de sang

Retrouver les baleines

Parler aux poissons d'argent

Comme, comme, comme avant

« Poissons d’argent ».  Le choix de la chanson n’était pas anodin ; ce jeune homme vif-argent, franc et colérique, aspirait aussi à la quiétude, au calme, qu’il trouvait au bord de la rivière qui traverse le village. Il était passionné de pêche et je songeais au contraste de sa Lune argent, de sa Lune en Taureau…


Jacques VANAISE

Pour tout contact
jacques.vanaise@skynet.be

Sur le vif