“la Gazette des Astrologues”, la newsletter des membres de la FDAF - www.fdaf.org
- mail : FDAF@fdaf.org
Conformément à l’article 34 de la loi 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique,
aux fichiers et aux libertés, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification
des données nominatives vous concernant.
Si vous souhaitez vous désinscrire, cliquez
ici
Je pourrais parler d'astrologie en extra-lucide : je vois pour 2019… Je pourrais
en parler en chef culinaire : entre Mars et Jupiter, c'est chaud, à cause du carré
qui bout à 90°. Je pourrais en parler en marchande : tant de temps ou tant de pages
pour tant d'euros. Je pourrais le faire en syndic de copropriété : ton Saturne sur
mon Soleil… Et de bien d'autres façons.
Aujourd'hui, à vous qui avez chacun et chacune votre approche personnelle, dans le
contexte social que l'on sait, j'ai envie d'en parler en Victor Hugo. (Les Misérables
- L'idylle rue Plumet).
Rien n'est petit en effet ; quiconque est sujet aux pénétrations profondes de la
nature, le sait. Bien qu'aucune satisfaction absolue ne soit donnée à la philosophie,
pas plus de circonscrire la cause que de limiter l'effet, le contemplateur tombe
dans des extases sans fond à cause de toutes ces décompositions de forces aboutissant
à l'unité. Tout travaille à tout.
L'algèbre s'applique aux nuages ; l'irradiation de l'astre profite à la rose ; aucun
penseur n'oserait dire que le parfum de l'aubépine est inutile aux constellations.
Qui donc peut calculer le trajet d'une molécule ? que savons-nous si des créations
de mondes ne sont pas déterminées par des chutes de grains de sable ? qui donc connaît
les flux et les reflux réciproques de l'infiniment grand et de l'infiniment petit,
le retentissement des causes dans les précipices de l'être, et les avalanches de
la création ? Un ciron importe ; le petit est grand, le grand est petit ; tout est
en équilibre dans la nécessité ; effrayante vision pour l'esprit. Il y a entre les
êtres et les choses des relations de prodige ; dans cet inépuisable ensemble, de
soleil à puceron, on ne se méprise pas ; on a besoin les uns des autres. La lumière
n'emporte pas dans l'azur les parfums terrestres sans savoir ce qu'elle fait ; la
nuit fait des distributions d'essence stellaire aux fleurs endormies. Tous les oiseaux
qui volent ont à la patte le fil de l'infini. La germination se complique de l'éclosion
d'un météore et du coup de bec de l'hirondelle brisant l'œuf, et elle mène de front
la naissance d'un ver de terre et l'avènement de Socrate. Où finit le télescope,
le microscope commence. Lequel des deux a la vue la plus grande ? Choisissez. Une
moisissure est une pléiade de fleurs ; une nébuleuse est une fourmilière d'étoiles.
Même promiscuité, et plus inouïe encore, des choses de l'intelligence et des faits
de la substance. Les éléments et les principes se mêlent, se combinent, s'épousent,
se multiplient les uns par les autres, au point de faire aboutir le monde matériel
et le monde moral à la même clarté. Le phénomène est en perpétuel repli sur lui-même.
Dans les vastes échanges cosmiques, la vie universelle va et vient en quantités inconnues,
roulant tout dans l'invisible mystère des effluves, employant tout, ne perdant pas
un rêve de pas un sommeil, semant un animalcule ici, émiettant un astre là, oscillant
et serpentant, faisant de la lumière une force et de la pensée un élément, disséminée
et indivisible, dissolvant tout, excepté ce point géométrique, le moi ; ramenant
tout à l'âme atome; épanouissant tout en Dieu ; enchevêtrant, depuis la plus haute
jusqu'à la plus basse, toutes les activités dans l'obscurité d'un mécanisme vertigineux,
rattachant le vol d'un insecte au mouvement de la terre, subordonnant, qui sait ?
ne fût-ce que par l'identité de la loi, l'évolution de la comète dans le firmament
au tournoiement de l'infusoire dans la goutte d'eau. Machine faite d'esprit. Engrenage
énorme dont le premier moteur est le moucheron et dont la dernière roue est le zodiaque.
Et de partager l'émotion.
Salon de Provence, le 23 novembre 2018
Marie-Louise BIELER BERNARD