la Gazette des Astrologues

n°153 - Juillet 2017

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Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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Le Billet d’Humeur

Maryvonne MEYER

Lorsque j’ai commencé la lecture d’une biographie ⃰ de Montaigne, trouvée par hasard à la médiathèque que je fréquente, la première phrase du premier chapitre, m’a incitée à éclairer cette lecture par celle du thème natal de ce philosophe, auteur des « Essais » : « Michel Eyquiem naît au château de Montaigne , aux confins du Bordelais et du Périgord, le 28 février 1533, entre onze et midi, nous dit son éphéméride. » et plus loin son biographe précise « Montaigne est du signe des Poissons, ascendant Cancer ».  

Si sa nature cancérienne n’est sans doute pas ce que nous retenons le plus du personnage, elle est assez facilement repérable dans le contenu de son œuvre.


Son aspiration au confort, au bien-être, à la tranquillité, Montaigne les a fait peindre sur les murs de son cabinet, à côté de sa bibliothèque (qu’il appelle sa « librairie »), quand il  a quitté sa charge au parlement de Bordeaux, à 38 ans, charge qu’il n’avait pas choisie.


« L’an du Christ 1571, à l’âge de 38 ans, la ville des calendes de mars, anniversaire de sa naissance, Michel de Montaigne, depuis longtemps déjà ennuyé de l’esclavage de la Cour du Parlement et des charges publiques, se sentant encore dispos, vint à part se reposer sur le sein des doctes Vierges dans le calme et la sécurité ; il y franchira les jours qui lui restent à vivre. Espérant que le destin lui permettra de parfaire cette habitation, ces douces retraites paternelles, il les a consacrées à sa liberté, à sa tranquillité et à ses loisirs. »

Pour ce qui est de la liberté,  on peut penser que c’est la conjonction d’Uranus à l’ascendant qui l’y invite.


Son goût de la tranquillité et du confort est assez profond. Son biographe nous dit encore « Il pouvait même écouter la messe grâce à un conduit pratiqué dans la paroi, et qui montait depuis la chapelle privée qui occupait la pièce du rez-de-chaussée en dessous de lui. », et plus loin, «  sa piété nonchalante, pour ne pas dire paresseuse, lui faisait plutôt assister à l’office de son lit ».


La Lune, maître de l’ascendant, en Taureau en XI, l’incline encore vers le calme mais aussi vers l’amour,  l’amitié et  la recherche du plaisir, que ce soit à travers la nourriture ou par ses nombreuses aventures féminines.

C’était un épicurien, « pourchassant le plaisir sans considération morale », dit encore son biographe.


On peut comprendre qu’avec une telle nature, gouvernée par cette Lune, il ait refusé toute restriction alimentaire que lui conseillaient les médecins en raison de son état de santé, mais aussi et plus encore, la difficulté qu’il connut pour surmonter la perte de son ami Etienne de La Boétie. Cette amitié, a peut-être été d’autant plus forte et la séparation d’autant plus douloureuse qu’elle pourrait aussi être mise en correspondance avec l’axe des nœuds : un nœud sud Poisson, conjoint à Mercure, et un nœud nord Vierge, source d’épreuves,  dirigé par cette même planète.  La Boétie était peut-être son véritable frère d’âme.


Un autre aspect de cette nature Cancer, dirigée par une Lune Taureau, allant de pair avec la recherche de la tranquillité et de la paix, est le refus de la violence et des conflits, dans une période qui fut particulièrement troublée. Les guerres de religion faisaient rage à sa porte, et des membres de sa famille choisirent des camps opposés. Montaigne fut toujours très prudent dans ses prises de position, ne voulant s’attirer de trop fortes inimitiés, et grâce à sa sensibilité et son écoute,  il servit de conciliateur à de nombreuses reprises, y compris entre Catherine de Médicis et Henri de Navarre,  futur roi  Henri IV.


Uranus conjoint à l’ascendant et à Saturne ont donné à Montaigne, outre un grand désir de liberté, évoqué plus haut, une certaine insécurité quant à ses origines familiales et à l’identité de son père. Le Soleil Poisson, conjoint à Neptune et à Lilith a pu ajouter encore des doutes, du flou,  et un ressenti de manque, de vide, d’absence.  

Pierre de Montaigne était parti en voyage à l’époque présumée de la conception, et l’histoire familiale retient que la grossesse avait duré 11 mois, certainement pour éviter tout scandale : il y a là, en effet, matière à questionnement. Le bébé fut mis en nourrice dans un village voisin, peut-être dans la famille même de son père biologique où il restera au moins 3 ans.

D’après son biographe, l’utilisation à maintes reprises dans les Essais des termes de « bâtard, bâtardise, abatardisssement... » semble accréditer la thèse d’un enfant adultérin.


La conjonction de Saturne, maître du descendant, à l’ascendant, donc présent dans sa nature, lui permet de concilier cette nature rêveuse et le sens des responsabilités, en restant maître chez lui. Il écrit  lui-même : « Chez moi, je me détourne un peu plus souvent en ma librairie, d’où tout d’une main, je commande à mon ménage. Je suis sur l’entrée et vois sous moi mon jardin, ma basse-cour, ma cour et la plupart des membres de ma maison. Là, je feuillette à cette heure un livre, à cette heure, un autre sans ordre et sans dessein, à pièces décousues ; tantôt je rêve, tantôt j’enregistre et dicte, en me promenant, mes songes, que voici ». (Essais, III, 3)


L’exemple de ce grand philosophe démontre, s’il était besoin, que les ascendants Cancer ne sont pas forcément des doux rêveurs paresseux et d’éternels enfants. Tout dépend, bien sûr de la configuration générale du thème ! Il fallait que ce soit dit.


Maryvonne MEYER


Montaigne, La splendeur de la liberté. Christophe Bardyn, Grandes bibliographies Flammarion, 2015

Michel de MONTAIGNE