la Gazette des Astrologues

n°175 - Mai 2019

Accueil. "Sur le Vif" - J. VANAISE. Billets d'Humeur. la Vie de la FDAF. Astro & Médias. Astro & Livres. les Actus DN. Ateliers, conférences.... Divers.

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

20
ans

1996-2016

la FDAF a


“Sur le Vif”

La chronique de

Jacques VANAISE

Lorsque j’ai entrepris d’étudier l’astrologie, il y a près de cinquante ans, je ne disposais guère que de quelques traités qui exposaient l’interprétation des planètes, signe par signe, secteur par secteur, aspect par aspect.  La parution d’autres ouvrages, au fil des années, a contribué à ce que je me fasse une idée plus complète de ce que doit être l’analyse d’un thème de naissance.  Puis, ma propre expérience a favorisé une compréhension progressive de ce qu’est un « échiquier astral ». A présent, il est selon moi évident qu’une carte du ciel est l’image d’une équation qu’il convient de lire, d’explorer et de décrire de façon globale.

Me voici bien loin de l’idée que je me faisais d’un thème astral : une sorte de puzzle dont chaque partie s’ajoute aux autres, au risque d’aboutir à un melting-pot fait de touches contradictoires.

Tout autre chose est d’y voir une partition ou un théâtre, dès lors que tout interagit dans une carte du ciel.  

Pour bien comprendre la dynamique qui relie toutes les fonctions ou acteurs qui interagissent dans une carte du ciel, il convient de ne pas simplement additionner les pièces du puzzle, mais d’en faire apparaître la synthèse vivante.  

Mais on ne peut réaliser cette synthèse autrement qu’en découvrant la clé du thème.  C’est comme un fil d’Ariane : une fois qu’il est saisi, la mise en scène du théâtre astrologique se révèle.  Chaque acteur prend sa place et l’image globale de l’échiquier astral se découvre : l’addition des notes et des couleurs devient musique et peinture…

Fort bien ! Mais comment faire et par où commencer ?

Personnellement, il me semble utile d’observer ce que j’appelle les confirmations ou les contrastes qui caractérisent une carte du ciel.  Ainsi, considérons la carte jointe (thème d’Élisa – prénom d’emprunt – née près de Tournai, en Belgique, le 16 juillet 1963 à 06H45).

J’observe tout d’abord un Soleil en Cancer. Quelles similitudes ou coïncidences me viennent ensuite à l’esprit ?  L’ascendant est en Lion associé par analogie au Soleil.  Le Cancer est « gouverné » par la Lune ; Lune qui est en tension (carré) à Saturne dont je connais évidemment l’antithèse vis-à-vis du Cancer et de la Lune. Je remarque alors la présence de Saturne proche du Descendant et, par ailleurs, le Nœud Lunaire Sud en Capricorne.

Par similitude, à propos du Descendant, je recherche la position de Vénus.  Vénus se trouve en Cancer, l’inverse de Saturne, et en Secteur XII qui me renvoie vers Neptune qui s’oppose à la Lune, « maîtresse » du Cancer…

(Bien, accrochez-vous…, au risque de vous laisser gagner par le tournis…)

La Lune est opposée à Neptune que je peux relier analogiquement au Secteur XII où se trouve le Soleil…  Je poursuis mon exploration…  Nœud Sud en Capricorne et en Secteur VI.  Saturne « maître » du Capricorne en Verseau.  Uranus qui « gouverne » le Verseau en Vierge (on revient vers le Secteur VI).  

Réexaminons le Soleil.  Il est en carré à Jupiter culminant.  Ces deux forces ambitieuses sont donc en contraste.  J'ajoute encore une pièce au dossier : Jupiter est en Bélier, mais Mars est en Vierge ; on revient vers la note mentionnée à propos du secteur VI dont la cuspide est en Capricorne…

Nous pourrions aller plus loin, bien entendu.  Mais mon propos n’est évidemment pas d’aiguiser ici votre impatience, ni davantage de vous faire un cours.

Je retiens de cette brève exploration quelques contrastes qui en disent long sur une lecture trop systématique et découpée des différents pôles du thème lorsqu’on l’envisage uniquement à la manière d’un puzzle ; même si, d’ordinaire, les pièces d’un puzzle sont supposées s’emboîter.

Chacun(e) aura saisi dans ce thème le besoin du Soleil Cancer d’être le « centre de gravité » d’une attention affective supposée inconditionnelle, mais en total contraste à l’exigence saturnienne qui réclame le sens de l’effort, condition pour avoir droit à un peu d’estime.   

Le même Soleil en Cancer rêve pourtant d’un soutien encore plus complet, voire absolu, étendu dans la globalité et l’impressionnisme évoqués par le Secteur XII et réclamés aussi par Neptune en vis-à-vis de la Lune.  

Tiens tiens ! Neptune se trouve dans le Secteur IV.  Nous restons dans les languissantes suggestions de l’élément eau.  Mais dans une eau troublante (ou troublée) : celle du Scorpion, alors que Pluton est supposé « assagi » en Vierge.

 André Barbault nous aurait rappelé ici le rapprochement des symboles propres à la Vierge (Anal replié) et au Scorpion (Anal relâché).  

L’intensité des émois sollicite le lâcher-prise et les frissons du corps (Lune en Taureau), alors même que la passion dévorante (Neptune en Scorpion, avec sans doute une note sado – masochiste) s’interroge : vais-je oser me livrer au grand jour (Lune dans le Secteur X) ?  Quant à Jupiter qui culmine en Bélier, il requiert un impact percutant dans le but de faire sortir le Soleil de son bain sucré et endolori en Cancer / Secteur XII…

« J'ai besoin qu'on m'aime

Mais personne ne comprend

Ce que j'espère et que j'attends

Qui pourrait me dire qui je suis ?

Et j'ai bien peur

Toute ma vie d'être incompris

Car aujourd'hui : je me sens mal aimé

(Claude François)


Mal aimée… ?  Le ressenti de la Lune en carré à Saturne y fait penser.  Et puis, comment rassasier la Vénus en Cancer en trigone à Neptune, toujours en recherche du lien inconditionnel…  

Mais Vénus est aussi en sextile à Pluton et Neptune est en Scorpion…  Alors, non seulement mal aimée, mais aussi…  mal b… ?

« Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour

De l'aube claire jusqu'à la fin du jour

Je t'aime encore, tu sais, je t'aime »  

(Jacques Brel)


Mais dans la même chanson, Brel poursuit : « Il faut bien que le corps exulte »

Le corps à corps est-il ici souhaitable et souhaité ?  Il suppose qu’Élisa se sente en confiance, pour se laisser aller dans le débordement des sensations… (Lune Taureau opposée à Neptune en Scorpion).

Mais qui choisir comme partenaire ?  Sûrement pas le ténébreux Saturne…

En allant son chemin, morose

Pour se désennuyer un peu

Il joue à bousculer les roses

Le temps tue le temps comme il peut

(Georges Brassens)


Non décidément, un amant saturnien rappellerait trop l’image du père qui dément à sa fille toute valeur…

Dans le thème d’Élisa, le Soleil (en analogie à l’Ascendant Lion) vient de se lever au moment de sa naissance.  Il est donc en Secteur XII et, par ailleurs, je l’ai indiqué, en Cancer.  

Une telle position suppose que le « moi » s’élabore idéalement à partir de ses propres expériences intimes (Cancer XII), bien plus qu’en réponse directe aux circonstances et aux incidences extérieures.  Élisa peut donc se sentir un peu seule, se pressentant – ou unique, – ou  abandonnée (Lune en carré à Saturne).  Or, son Ascendant Lion persiste et signe : elle a besoin d’être vue et appréciée.  

Comment développer ici et en soi-même une capacité d’être ?  Sans doute en puisant un soutien dans son âme la plus intime.  Or, le Secteur XII l’invite à étalonner ses propres repères depuis une sorte d’infini ressenti comme plus accueillant et plus apaisant que ce que lui apportent les personnes faisant partie de son entourage (Saturne en VII).

Il y a donc un contraste évident entre le Secteur XII où Élisa se sent partout chez elle et le monde extérieur où Saturne dénie ses aptitudes à pouvoir un jour rayonner (Lion).

Dans une telle situation dévalorisante, que peut faire le Soleil ?  Dire « Non » à l'autorité jupitérienne et tenter, vaille que vaille, d’affirmer son identité et sa différence.  Et donc, exister, malgré tout, en renonçant à la quiétude du Cancer, tout en s’opposant à la figure exigeante (Saturne) de la morale toute puissante que l'on ne peut, habituellement, remettre en cause et à laquelle il faut obéir.

Le père archétypal est et reste une fonction structurante,  bien nécessaire à la construction psychique de l'enfant, par sa présence comme par son absence, par son autorité comme par son déni.  D’où l’opportunité d’une rébellion libératrice pour faire advenir l'enfant libre, au risque de s’immerger dans les eaux océaniques (Cancer en XII) où tout reste possible, mais où on risque aussi de se perdre dans le sable mouvant.

Devenir conscient(e) de soi-même et construire ses propres balises (Saturne en Verseau et en Secteur VII), c'est alors s'accepter distinct de son environnement et, bien entendu, pour commencer, s’extraire de la matrice originelle (Cancer en XII).

J’évoquais plus haut le rôle libérateur et salutaire d’un partenaire et je repose la question : qui choisir ?

L'image structurante du père ne peut inspirer cet alter ego attendu et espéré.

Qui choisir donc ?  Quelle rencontre espérer ?

Un beau Jupitérien peut-être ?  Mais ne sera-t-il trop brusque dans ses élans de conquête… ?  (Jupiter est en Bélier et dans le Secteur IX).  

Relevons cependant que si l’incise jupitérienne peut « effaroucher » le tendre Soleil en Cancer, elle peut aussi être un basculement salutaire et donc rendre possible une sorte de rédemption.

Bien qu’ils soient en tension aux luminaires Lune et Soleil, Saturne et Jupiter peuvent pourtant devenir des alliés, à l’encontre d’une astrologie qui fixerait Élisa dans les tensions inscrites une fois pour toutes dans son thème.

Ainsi, et alors que notre Saturne juvénile nous incite à intérioriser (à introjecter) les messages contraignants provenant de l’extérieur, notre évolution psychologique nous conduira (à la faveur des cycles saturniens : 29 ans ou 58 ans…) à nous fier progressivement à notre propre expérience, à nos propres critères, à nos propres prises de responsabilité.  

Quel peut être pour Élisa le bénéfice d’un Saturne personnel et intériorisé ?  Lui permettre d’être l’observatrice avisée (cf. la distanciation de Saturne en Verseau) des explosions passionnelles où elle se livre, corps et âme, à l’intrusion vibrante d’un Jupiter faisant grâce à ses yeux.

Se laisser émouvoir ainsi, c’est se mettre à la hauteur d’une régénération.  

Un tel désir, lorsqu’il est à la fois reconnu et balisé, est le contraire du blasphème.  La fête du corps est alors si hardie qu’elle dépasse les limites convenues.  

Dès lors, tandis que le Secteur XII rend évanescente et tellement relative toute réalité ; et tandis que Saturne en Verseau prend une attitude sage, mais distante vis-à-vis des suggestions venant du monde, et comme pour ne pas perdre totalement pied, c’est la sensorialité (Lune en Taureau) qui conduit Élisa à s’incarner, à se densifier, dans le désir et la sexualité ; le paradoxe étant que l’accomplissement même de ce désir et de cette sexualité ne peut être que la chute libre dans un instant de total abandon, quoi qu’il puisse arriver… (Neptune en Scorpion)

En revanche, l‘esprit saturnien, mis en place au fil des années, veille, tout en laissant le navire sur le point de chavirer.  Au moment de l’abandon (Neptune opposé à la Lune, Nœud Nord en XII), le frémissement triomphe des interdits et des peurs (Lune noire en Scorpion).

Comme quoi…  rien n’est déterminé si, en cours de route, sur le chemin de notre vie, nous nous défaisons, non pas de notre théâtre intérieur (qui reste évidemment acquis en tant que sentier désigné), mais de sa mise en scène tout d’abord dirigée par un autre que soi ; tant il vrai que nous sommes malhabiles, dans les premières années de notre vie, pour lire, comprendre et jouer notre propre partition.


Jacques VANAISE


Note : toute ressemblance avec le parcours de vie d’Élisa est délibérée, puisqu’une partie de mon analyse se base sur ses confidences.

Pour tout contact
jacques.vanaise@skynet.be

Sur le vif

Comment cerner le processus psychologique que désigne une carte du ciel ?

“...une sorte de puzzle dont chaque partie s’ajoute aux autres, au risque d’aboutir à un melting-pot fait de touches contradictoires.”

“...il convient de ne pas simplement additionner les pièces du puzzle, mais d’en faire apparaître la synthèse vivante.”

“Se laisser émouvoir ainsi, c’est se mettre à la hauteur d’une régénération.”

“la Gazette des Astrologues”, la newsletter des membres de la FDAF - www.fdaf.org - mail : FDAF@fdaf.org

Conformément à l’article 34 de la loi 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification des données nominatives vous concernant.
Si vous souhaitez vous désinscrire, cliquez ici