la Gazette des Astrologues

n°185 - Mars 2020

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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Billet d’Humeur

La Rencontre de la FDAF a été une grande réussite, chaleureuse et conviviale, à l’image de notre bien-aimé président, Marc Brun, qui a ranimé le flambeau d’Alain de Chivré d’une flamme vive et colorée. Salle comble pour ce premier colloque à la villa Modigliani dans le quartier de Montparnasse.

Monsieur "Baglis TV", Franck Agier, était des nôtres, ayant déjà immortalisé le colloque parisien en hommage à André Barbault il y a quelques mois.

Cinq intervenants pour amener de l'eau au moulin astrologique : Yves Lenoble, Catherine Gestas, Samuel Djian-Gutenberg, Gilles Verrier et Emmanuel Leroy.


Le thème du colloque était : "Parlons avenir !" Un  éclaboussant pavé dans la mare (toutes proportions gardées !), rafraichissant aussi, si ce n'est fédérateur.

Car l'on sait combien l'avenir divise les astrologues.

Nous sommes au moins d'accord que les horoscopes des magazines n'ont aucune valeur. (C'est pourquoi, d'ailleurs, ils avaient été interdits dès l'époque de Colbert au XVIIème siècle.) Mais comment faire connaître au public l'intérêt d'une vraie astrologie de qualité ?

Comme l'a rappelé Marc Brun en ouverture, il ne faut pas confondre prédiction et prévision. Car en réalité, c'est la question du libre-arbitre qui est en jeu. Si un astrologue pouvait prédire un événement, c'est que l'avenir serait écrit d'avance ! Alors à quoi serviraient nos efforts, si au final n'existe aucune évolution possible ?


La consultation astrologique est au cœur du travail du praticien. Respect et bienveillance en sont les maîtres mots. L'astrologue ne doit pas abreuver de jargon son consultant mais se mettre au niveau de ses préoccupations personnelles, différentes pour chacun et très concrètes. L'espace d'une consultation est une alchimie délicate, la rencontre d'un expert en horlogerie céleste et d'un consultant aux prises avec un quotidien très terrestre.

Comment améliorer la profession d'astrologue, garantir un bon conseil ? Depuis longtemps, la FDAF souhaite qu'on réfléchisse et qu'on s'organise - toute la communauté "scientifique" astrologique ! - à la création d'un vrai diplôme d’astrologue reconnu – garantie de professionnalisme.


Pour en discuter, sachez que Marc organise presque chaque mois des "Astrovisios" bien sympathiques où, tout en restant chacun au chaud dans nos pénates, aux quatre coins de la France, nous autres de la FDAF nous réunissons dans la "salle" virtuelle d’un ordinateur.


Voici un aperçu des interventions au filtre de mon ressenti, en attendant que sortent peut-être les Actes de ce précieux colloque qui inaugure un nouveau cycle de vie pour la FDAF.


"Parlons avenir" pour Yves Lenoble, c'est d'abord parlons du passé, en dressant la carte du territoire astrologique, la grande diversité des courants astrologiques qui se sont développés en France et ailleurs.

Dans les années 50, André Barbault élaborait l'Astropsychologie, et organisait les samedis de la rue Mouffetard où se croisaient les passionnés, dont Claire Santagostini qui a développé ensuite l'Astrologie globale. Son approche s'efforçait d'être plus synthétique, de déterminer le défi que comportait un thème natal, de rechercher la solution possible, "l'échappatoire". L'astrologie conditionnaliste de Jean-Pierre Nicola en 1965 mettait en correspondance le Ciel avec les conditionnements terrestres (la chanteuse Françoise Hardy en était fan...).

Au tournant des années 80 est apparue l'Astrologie humaniste sur les pas de Dane Rudhyar. Elle amenait alors une dimension plus philosophique, ésotérique, un souffle d'Orient car Rudhyar avait reçu l'enseignement d'un maître zen japonais. Cette approche était holistique, cyclique, outil de développement personnel. Alexander Ruperti a contribué à cette astrologie, ainsi que Samuel Djian-Gutenberg qui a longuement rencontré Rudhyar en Californie en 1981. Le Réseau humaniste créé en 1984 rassemblait également Marief Cavaignac, Patrick Brunner, Ivan Othenin-Girard et d'autres.

L'astrologie karmique a été initiée par Dorothée Koechlin de Bizemont en 1983, cette dernière ayant travaillé sur les archives du medium américain Edgar Cayce. Martin Schulman, Irène Andrieu, Laurence Larzul, Patrick Giani sont les auteurs à connaître...

L'astrologie ancienne a vu le jour lorsque des textes anciens en grec et en latin ont pu être traduits par le Projet Hindsight des trois Robert : Robert Schmidt, Robert Hand et Robert Zoller. En France, Denis Labouré et Pepita Sanchis en sont les continuateurs, en Italie Giuseppe Bezza... Ainsi Hipparque, Hippocrate, Aristote, les stoïciens, Ptolémée avec le Tetrabiblos, peuvent encore nourrir l'actualité...

La passionnante et foisonnante Catherine Gestas a exposé ses Origines et fondements de l'astrologie.

Dans ses origines les plus lointaines, l'astrologie était sumérienne. Elle comportait plus de croyances que de connaissances car elle était l’œuvre des prêtres qui, observant les étoiles du haut de leurs ziggourats - ces pyramides à sept étages, "collines de Dieu" - s'efforçaient de capter "l'intention de Dieu".

Par la suite, Grecs et Romains, peuples de mathématiciens, ont développé la base scientifique de l'astrologie. Ils se servaient d'astrolabes, de lunettes, de sphères... Ils calculaient la position des planètes de manière précise.

De la Renaissance au XVIIème siècle, l'astrologie est passée de la fascination au rejet. Dès 1492 l'imprimerie de Gutenberg a produit une multitude d’almanachs. Cette astrologie de prévision, aux relents charlatanesques, a inondé le monde. Toutes les couches de la société étaient concernées : le roi Charles V introduisit l’astrologie à l'Université, le pape Léon X dans l’Église. Paracelse en fit usage en médecine…

L’Église a commencé à rejeter l'astrologie lorsqu'elle s'est occupée d'horoscopes individuels, limitant trop le libre-arbitre.

Pourtant, sachez que les astrologues ont été les premiers à défendre Galilée ! Oui, la Terre tourne bien autour du Soleil. Mais pour nous autres Terriens, cela ne change rien de le savoir, car nous verrons toujours le monde évoluer depuis notre position terrienne. Le divorce fut pourtant consommé entre astronomie et astrologie. En 1666 Colbert chasse les astrologues de l’Université – ils ne furent pas les seuls, les théologiens subirent le même sort. En 1690, interdiction de publier des almanachs et autres éphémérides. Le siècle des Lumières rationaliste finit d'évincer l'astrologie.

Aujourd'hui, l'astrologie comporte des croyances, mais ce n'est pas une religion. Est-ce une science ? Non. Est-ce un outil de prédiction ? Non plus. Prudence quant aux prédictions réalisantes !

Au début du XXème siècle, une astrologie contemporaine est née. Edgar Morin parle de ce besoin de reliance, cette religiosité diffuse que véhiculent aussi l'écologie, les médecines parallèles... Quête de sens, d’une véritable "science de l'individu" ?

L’inconscient représente la matière première de l’astrologie. Pourtant il ne s’agit pas de voir dans l’astrologie une autre forme de psychologie. Elle permet plutôt une « échographie de l’inconscient », qui sert à se transformer mais n’a pas vocation à soigner. L’astrologie représente plus un savoir-être qu’un savoir. L’important n’est pas de prévoir, comme disait Saint-Exupéry, mais de pratiquer « l’art de permettre ».

Pour Samuel Djian-Gutenberg, la consultation en astrologie humaniste sert une initiation personnelle, dans l’intimité de l’être. Le style de Samuel, avec sa voix douce et sa bonhomie, est en complet contraste avec celui de Catherine Gestas.

Les présupposés sont ceux d’Annie Besan, des théosophes, d’Aïvanhov, d’Alice Bailey qui avait édité le premier ouvrage de Dane Rudhyar. Il s’agit d’écouter sa vibration intérieure pour qu’elle puisse nous guider et nous transformer.

Samuel propose un schéma de l’être, condensé de quarante ans de recherches et d’enseignement : deux triangles, l’un pointé vers le haut, l’autre pointé vers le bas.

Celui du bas représente la personnalité lunaire, avec ce qu’elle comporte de karma, d’involution : l’esprit chute dans un corps, c’est ainsi qu’il s’incarne. Il prend chair et développe ses premières fonctionnalités grâce aux planètes personnelles Mars, Vénus et Mercure, maîtres des trois premiers signes du zodiaque Bélier, Taureau et Gémeaux.

Par le filtre de Jupiter et Saturne, planètes sociales, en passant par la clé de Chiron, l’individu peut s’élever ensuite à une autre dimension de lui-même et manifester son triangle du haut, la personnalité solaire, le Soi dans toute sa splendeur, à condition d’utiliser les planètes transpersonnelles Uranus, Neptune et Pluton, que Dane Rudhyar appelaient les « ambassadeurs de la galaxie ».

Le but est d’expliquer au consultant qu’il peut vivre ses énergies à des niveaux de conscience très différents, et c’est là précisément que s’exerce son libre-arbitre. Il peut choisir de vivre sa vie au premier niveau socio-culturel où il reste prisonnier de ses conditionnements éducatifs et culturels, ce qui est peu satisfaisant à la longue. Mais il peut aussi choisir de s’individuer, de travailler consciemment ses défauts - autant de défis - en s’appuyant sur ses compétences humaines acquises. Le troisième niveau est  le niveau transpersonnel, celui des mystiques qui mettent leur ego au service de la communauté humaine.

L’astrologie ainsi expliquée ouvre un champ de possibilités infinies à l’individu.


Après la pause déjeuner, Gilles Verrier a complété cette vision humaniste de la consultation : une ouverture évolutive.

Rappelons que le thème natal donne une image symbolique d’un individu. Mais les symboles sont polymorphes : ils peuvent donner des manifestations très différentes, concrètement, dans la vie de l’individu. Ne sachant pas quelle forme prendront ces archétypes qu’il lit dans le thème, l’astrologue ne peut donner que des pistes au consultant. A ce dernier d’aller explorer ensuite ce territoire qui a été reconnu sur le papier. La responsabilité de l’astrologue est grande, de choisir les mots justes qui ouvrent des perspectives et ne ferment pas les portes.

Une autre dimension importante de la consultation est celle d’espace sacré, comme un rituel où la dimension subtile du « divin » peut se manifester. A l’image d’un akêne (graine-fruit, comme par exemple un gland de chêne, image de James Hillman), le thème représente un potentiel qui s’incarnera, éventuellement. Il ne faut pas noyer le consultant sous un flot d’informations, mais plutôt encourager la compréhension. Le « pot-en-ciel », grâce à l’échange avec l’astrologue, produira ainsi un « pot-en-terre », c'est-à-dire une manifestation concrète du potentiel.

La question se pose aujourd’hui, dans cette époque de mutations profondes, de comment « planter » ces akènes collectivement autant que personnellement. Les apports de la physique quantique peuvent-ils aider ?

« Peut-on prévoir l’avenir avec l’astrologie karmique ? », demande Emmanuel Leroy, élève de Laurence Larzul. « Ce qui se réincarne, ce sont les habitudes », aurait dit le Dalaï-lama. Alors, quelles habitudes doit-on changer ? Quelles nouvelles habitudes créer ? Nos repères sont : la souffrance, l’insatisfaction, les épreuves récurrentes… Il faut nettoyer les mémoires, rectifier les comportements du passé, développer les antidotes aux névroses karmiques. En d’autres termes, rectifier l’utilisation des énergies planétaires en aspect difficile avec l’axe des nœuds de la Lune, comprendre le message des planètes rétrogrades. Les grands rendez-vous karmiques sont les différents passages des nœuds dans les Maisons, les conjonctions aux nœuds, les transits de la Lune noire… Il faut se créer un nouveau karma, découvrir l’au-delà de l’ego, non soumis à la loi du karma.


En conclusion, tout est possible.

Que nous réserve la dernière génération, les « Millenials » nés autour de l’an 2000 ? S’intéressent-ils plus que la génération précédente à ces données cosmiques ?

L’astrologie s’est toujours enrichie des dernières découvertes : tirera-t-elle parti des neuro-sciences et de la physique quantique ?

La meilleure attitude concernant l’avenir, disait Arnaud Desjardins, c’est la «  stratégie du oui ».


Vive la FDAF, vive l’astrologie, vive les astrologues ! Et recommençons la fête dès l’année prochaine !


Mireille MORGAN-SMITH

Astrologue humaniste


Cours et consultations, dans l'Indre et la Creuse
www.theraneo.com/morgan-smith
Cabinet de consultation : 1  Allée de Saint Antoine 36200 Le Menoux

06 76 11 34 23

Membre de l'Association Bien-Être en Berry, association Loi 1901 de praticiens et thérapeutes
bienetreenberry@gmail.com

La FDAF renaît de ses cendres !

Mireille
MORGAN-SMITH

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