la Gazette des Astrologues

n°149 - Mars 2017

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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1996-2016

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Le Billet d’Humeur

Thérèse LACAN

Le Soleil Noir est le nom de l’apogée solaire. Il est à 13° Cancer, actuellement. Le périgée solaire, ou Queue du Soleil Noir, se trouve à 13° Capricorne. Ce qu'en astrologie, nous appelons Soleil Noir ou apogée du Soleil, n'est, du point de vue héliocentrique, que le périhélie de la terre (point de l’orbite d’une planète le plus proche du soleil).

Le Soleil Noir ne bouge pratiquement pas. En 7500 av. J.-C., il était à 0° du Verseau, en 5750 av. J.-C., il était à 0° des Poissons, 4000 ans av. J.-C., à 0° du Bélier, 2250 ans av. J.-C. à 0° du Taureau et en l'an 504 après J-C, à 0° des Gémeaux. Il est arrivé en Cancer en 1246 après J.-C. Depuis 1950, il est situé à 13° du Cancer.

Le soleil noir n’est pas forcément perceptible dans le thème de nativité. Il semble s’ajouter à la liste des points fictifs parés ou non de concepts karmiques. Cependant, l'apogée solaire (Soleil Noir) est analogue à un projecteur comparable à Jupiter ou à Neptune. Lorsqu’une planète lui est conjointe dans le thème natal, elle est si brillamment éclairée qu'on ne voit qu'elle. Elle devient hypertrophiée, envahissante, omniprésente, obsédante, primordiale. L'apogée solaire confère à cette planète une domination relative sur toutes les autres planètes du thème. Cette planète participe ainsi de l’expression du moi essentiel, du moi primal, du moi reptilien, du moi absolu. La planète conjointe au soleil noir devient l'équivalent d'un cristallin à travers lequel tout va nous apparaître limpide, clair, compréhensible.

Le Soleil Noir semble le partenaire de la Lune Noire. Il régit bien sûr l'inconscient comme elle. Par ailleurs, le fait qu'il soit actuellement dans le signe du Cancer, souligne une donnée remarquable tant au niveau de  l’affectif, de la sensibilité, à la fraîcheur et à la naïveté. Comme si la lune noire lui avait délégué sa part de féminité. Le message de ce soleil noir Cancer est paradoxalement une vision de tendresse, d’innocence et d’humanité.

Il émane de lui, un climat, une atmosphère, une enveloppe universels. A l’image d’une tendre protection maternelle posée sur la surface de notre planète terre.

Souvent dans notre inconscient, le soleil noir demeure symbole de deuil, de perte, de tristesse, de maladie, de dépression. Les écrivains, musiciens et penseurs l’associent le plus souvent à la tristesse et à la mélancolie.

Gérard de Nerval, écrivain français, écrit en 1854, Le Soleil Noir de la Mélancolie :

Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé,

Le prince d’Aquitaine à la tour abolie,

Ma seule étoile est morte et mon luth constellé

Porte le soleil noir de la mélancolie.

Julia Kristeva, psychanalyste de renom, propose une série d'explorations s’appuyant sur l’analyse de situations « de type soleil noir ».

L'art religieux, avec un tableau, le Christ de Holbein, un Jésus magnifiquement cathartique, qui dit "Père, pourquoi m'as-tu abandonné?”. Nerval et son "déshérité". Dostoïevski et l'économie psychique du pardon. Marguerite Duras et sa littérature à fleur de douleur, où la ruine du langage est manifestée par les personnages. On ne peut pas parler d'Hiroshima mon amour, sans parler de l'impossibilité de parler d'Hiroshima. Qu'est ce qui nous émeut chez les personnages de Duras si ce ne sont ces phrases elliptiques, cette reconnaissance de l'impossible parole ? Et la tristesse qui s'en écoule.

En s'appuyant sur le Christ mort, peint par Holbein le Jeune au XVIème siècle, mais aussi sur Gérard de Nerval, Dostoïevski ou Marguerite Duras appelée " la femme-tristesse ", Julia Kristeva explore les facettes de la dépression, qui peut être source de souffrance mais aussi de création.

A cette enseigne elle publie en 1987, un ouvrage emblématique : Soleil noir Dépression et Mélancolie.

La chanteuse Barbara raconte en 1968, pour la première fois, le monde qui l’entoure. Le fils de son arrangeur qui meurt à 4 ans. Une catastrophe minière ayant tué 263 personnes, dont elle a été témoin en Belgique.

Une chanson voit le jour en 1968, intitulée Soleil Noir

… un enfant est mort,

Là-bas, quelque part,

Mais un enfant est mort,

Et le soleil est noir,

J'entends le glas qui sonne,

Tout là-bas, quelque part,

J'entends le glas sonner,

Et c'est le désespoir…

…Je ne ramène rien, je reviens solitaire,

Du bout de ce voyage au-delà des frontières,

Est-il un coin de terre où rien ne se déchire,

Et que faut-il donc faire, pouvez-vous me le dire,

S'il faut aller plus loin pour effacer vos larmes,

Et si je pouvais, seule, faire taire les armes,

Je jure que, demain, je reprends l'aventure,

Pour que cessent à jamais toutes ces déchirures,

Je veux bien essayer,

Et je veux bien y croire,

Mais je suis fatiguée,

Et le soleil est noir…

Loin de ces clichés, de ces synthèses, de ces symboles, le Soleil Noir pourrait cependant être porteur d’espoir. Dans le signe de l’enfantement du Cancer, il jouerait une partition mère-enfant.

Le soleil noir serait en quelque sorte l’antithèse de la Lune noire. Non qu’il lui soit opposé mais il représenterait un parallèle de révélation face au mystère. Si la Lune noire tient plus des éléments d’une certaine lutte pour l’indépendance, l’anarchie libérale, le Soleil noir équivaudrait à une participation, une jubilation, une fusion du concept de créativité.

Si la Lune noire est une recherche de liberté, le Soleil noir pourrait être une exécution de cette liberté.

Si la Lune noire est distance, le Soleil noir serait participation voire charité et compassion.

Si la Lune noire prend la posture de l’ascète, le Soleil noir forme le désir d’exister, tel qu’il est, loin de la matière et  près de l’humanité terrestre.

Comment ne pas octroyer du crédit au point de rencontre d’un astre de lumière ni véritablement fixe, ni véritablement mobile, ne perdant pas de vue la planète qui dépend de lui ?

Une position zodiacale dans le Cancer pendant des siècles ne constitue-elle pas une empreinte commune aux natifs de ces périodes ?

Une présence quasi égale pour chacun d’entre nous n’est-elle pas un signal d’appel vers d’autres sensations, d’autres analyses, d’autres expressions, d’autres comportements ?

Une force attractive nous propulsant vers une matrice commune, une capsule géante au sein du cosmos, une serre chaude dans laquelle nous pousserions à l’abri Des aléas climatiques, telle pourrait être la déclinaison de l’existence d’un Soleil Noir sur nos têtes.

Loin des visions cauchemardesques relatives au Soleil Noir, véhiculées par nos contemporains, un nouveau concept de Soleil Noir demeure à établir : plus convivial, plus empathique, plus chaleureux, plus profondément humain.

Thérèse LACAN

Présidente de l’association Astrolude
www.astrolude.com

le 20/1/2017

LE PERIGEE SOLAIRE OU SOLEIL NOIR L’ABSENT