l’Astro Gazette de la FDAF

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

Billet d’Humeur

Marie-Paule
BAICRY

En ce mois où le Soleil traverse le signe du Cancer, allons à la rencontre d’Artémis, l’une des déesses personnifiant la Lune qui, en astrologie, est en domicile dans ce signe. Ajoutons que la présence, toujours d’actualité, de Pluton en Capricorne, signe opposé au Cancer, devrait nous pousser à entrer dans l’Essence de cet axe. Et pour ce faire, à conjuguer harmonieusement les valeurs du Cancer et du Capricorne, c’est-à-dire, entre autres, de leurs maîtres respectifs, la Lune et Saturne.


Le mythe de la naissance d’Artémis


Sœur jumelle d’Apollon le dieu solaire, Artémis est fille de Léto et de Zeus. Née la première sur une île flottante et stérile appelée Ortygie, c’est-à-dire « l’Île aux Cailles », c’est au pied du seul palmier de l’île qu’elle vit le jour. À peine née, c’est elle qui aida sa mère à accoucher d’Apollon. Celui-ci fixa alors l’île au fond de la mer par quatre colonnes, en fit le centre du monde grec et la nomma Délos, « la brillante », afin de la remercier d’avoir accueilli sa mère pour sa naissance et celle de sa sœur.

Précisons que Léto avait peiné à trouver un endroit pour mettre au monde ses divins jumeaux. En effet, Héra, l’épouse légitime de Zeus, la poursuivait de sa colère et de sa jalousie de femme trompée, et la Terre refusait de l’accueillir de peur de subir la vindicte de la déesse olympienne.


Un monde instable


L’île qui vit naître la petite Artémis, flottante donc instable, est à l’image des rêveries et des mirages que suscite le clair de Lune éclairant les ténèbres de la nuit. Avant la naissance des jumeaux, elle était également stérile, en dépit du palmier qui s’y trouvait. Pour ce qui est de la caille dont elle porte le nom, elle est symbole de chaleur – et de ce fait en phase avec le Soleil –, mais également oiseau migrateur, ce qui la lie à la cyclicité, caractéristique lunaire. De plus, durant ses migrations, elle vole la nuit, ce qui une fois encore, permet de l’associer au luminaire nocturne.


Artémis accoucheuse d’Apollon

La Lune non seulement naît avant le Soleil, mais de surcroît aide à la venue au monde de ce dernier. Ce rôle précoce de sage-femme valut sans doute à Artémis d’être considérée comme la protectrice des accouchements. Symboliquement, les valeurs lunaires précèdent donc et permettent la naissance du Soleil. Autrement dit, c’est grâce au rêve et à la poésie, à la sensibilité, à une écoute enveloppante, que nous pouvons faire naître notre conscience solaire. C’est en commençant par accueillir notre inconscient lunaire, en osant écouter ses messages, en nous ouvrant au monde de la nuit, que nous pourrons ensuite faire naître la lumière de l’étoile intérieure, arriver à nous centrer et à nous stabiliser (Apollon fixe l’île et en fait le centre du monde grec), être en mesure de rayonner comme un Soleil, comme Délos la brillante.

Le mythe nous enseigne que pour nous réaliser, pour manifester dans le monde incarné la lumière dont nous sommes dépositaires, pour trouver notre ancrage et pouvoir nous déployer, il nous faut d’abord accoucher de notre part lunaire ; c’est-à-dire la laisser apparaître, lui permettre de s’exprimer pour en prendre conscience, lui offrir un espace dans notre vie. Celle-ci nous entraîne, à la suite d’Artémis, dans les forêts de l’inconscient qu’elle connaît comme personne. La déesse lunaire nous y guide, elle-même entraînée par les biches et les cerfs qui conduisent son char avec souplesse et agilité. Cet inconscient lunaire – si nous acceptons de l’explorer et de nous mettre à son écoute –, recèle des trésors d’imaginaire et de poésie, des rêves merveilleux certes parfois irréalistes mais néanmoins indispensables à la manifestation ultérieure de notre éclat solaire. Sans cet univers humide et mystérieux de la nuit éclairée par la lumière blafarde de la Lune, sans la prise en compte de cette dimension sensible, émotionnelle et imprévisible, aussi changeante qu’irrationnelle, et pourtant si riche et si féconde, pas de naissance de notre Soleil, et pas de stabilité (évoquée par les quatre colonnes fixant l’île, le chiffre quatre étant celui de la manifestation). Sans lien conscient avec notre âme – l’anima lunaire –, sans rêverie et sans inspiration, nous ne sommes que coquilles vides flottant sans ancrage comme des embarcations sans but, incapables de manifester la vérité de notre personnalité profonde et lumineuse, mise au service de la dimension spirituelle solaire que la Lune reflète.


Le féminin sauvage


Bien sûr, tout comme l’inconscient, Artémis ne se résume pas à un aspect rêveur et tendre, elle qui protège les Amazones guerrières et parcourt les forêts remplis de bêtes sauvages, son arc et son carquois rempli de flèches à l’épaule, accompagnée par sa bruyante meute qui la suit fidèlement dans les chasses auxquelles elle s’adonne avec bonheur. De plus, elle préside à la conception et à la grossesse, s’occupe des accouchements, de l’enfance et de l’adolescence, c’est-à-dire des moments de vie où s’exprime une forme de nature incivilisée, indomptée, voire abrupte. S’il y règne une certaine indétermination propre aux passages entre deux états, l’on y trouve également une part primitive brute, celle d’un féminin sauvage fougueux qui peut devenir menaçant s’il n’est conscientisé et pris en compte ; à l’instar de l’ourse, attribut d’Artémis qui illustre parfaitement cette ambivalence de la déesse lunaire. (Vous trouverez une nouvelle vidéo sur ce sujet sur mon site).


Le Cancer sous cloche saturnienne


Or, depuis bientôt un an et demi, toute cette énergie vitale a été entravée, empêchée, interdite même, au risque de la refouler – avec les dangers que l’on connaît du refoulement (angoisse, dépression, violence, etc.…). Tout ce qui relève du Cancer et de la Lune, mais aussi de Jupiter (exalté dans ce signe), a été mis sous cloche, malmené, banni par un climat devenu saturnien à outrance. Certes, ces tendances capricorniennes existaient avant (de manière moins visible et moins prégnante cependant), mais la gestion du Covid les a exacerbées, mises sur le devant de la scène, et justifiées par des prétextes sanitaires.

Les enfants, sortes d’archétypes lunaires, ont été et sont encore les premières victimes de tous les protocoles mis en place sans aucune considération pour leurs besoins les plus élémentaires ni pour tout ce qui faisait leur vie, une vie juste normale d’enfant. Ils ont été muselés derrière leurs masques, y compris pendant leurs récréations qui pourtant leur servent normalement de défoulement. Une distanciation sociale contre nature (n’oublions pas que Jupiter est exalté en Cancer) leur a interdit d’exprimer librement leurs émotions et leurs élans affectifs. Ils ont été punis pour être entrés en contact physique avec leurs petits camarades en jouant dans la cour de récré, culpabilisés d’aller embrasser leurs grands-parents, accusés de risquer de les tuer s’ils allaient les voir. Il leur est même arrivé d’être interdits d’école !

Tandis que des femmes, des mères, elles aussi archétypes lunaires, ont dû accueillir leurs nouveau-nés masquées, et les nouveau-nés n’ont pas toujours eu le droit de voir le visage de leur mère en arrivant au monde ! Quelles conséquences à long terme ?

Ados et jeunes n’ont pas été en reste non plus, cloîtrés chez eux, parfois seuls et sans ressources, ils ont cumulé l’ombre du Capricorne (excès de solitude, de manques, de frustrations, parfois même pauvreté...) et celle du Cancer lunaire (obligation de rester en famille dans des conditions souvent délétères, dépendance financière, etc...).

Et bien sûr, cette claustration familiale a eu des conséquences parfois graves, de l’ordre de la violence, en particulier à l’égard des femmes et des enfants. Nous noterons à ce sujet que Mars est en chute en Cancer, et maître du Bélier qui est un signe en conflit avec le Cancer : lorsque la violence s’exprime dans ce signe lunaire, c’est que Mars a été dévoyé, et qu’il va falloir opérer une sorte de retournement de valeurs afin que la violence retrouve sa place d’énergie de vie et non de destruction.


Également malmenée par les excès saturniens, la société tout entière, jupitérienne par essence, s’est vue saturnisée, réduite à ce que quelques-uns ont jugé être essentiel, à savoir ce qui touche presque exclusivement aux besoins physiques, corporels et matériels. Une société de surveillance (saturnienne aussi) est en train de se mettre en place peu à peu, sous couvert d’arguments de sécurité (lunaire), de protection de la population (lunaire), en agitant le spectre des variants pour affoler un peuple infantilisé (lunaire aussi). Exit la convivialité, les relations sociales, la culture, la joie de vivre, le plaisir d’être ensemble, de se rassembler. Exit l’expansion et l’enthousiasme jupitériens, les échanges improvisés dans l’intimité familiale, les rites si essentiels au Cancer (y compris ceux autour de la mort... avec quelles conséquences à long terme ?). En somme, exit tout ce qui touche à l’âme, jugé inutile. Et pourtant !


Retour à la dynamique de nos rêves


Nous sommes actuellement dans le mois du Cancer (juillet 2021). Allons-nous continuer à cristalliser ce que symbolise le Capricorne dans son côté le plus sombre, en sacrifiant notre intimité lunaire et notre liberté d’être ? Plutôt que de vivre dans la peur et la culpabilité, dans une forme d’infantilisme et de déresponsabilisation, dans un besoin d’être protégés par un État paternaliste, dans une quête de sécurité tout à fait illusoire, ne devrions-nous pas aller recontacter notre anima lunaire ? Et ce, tout en nous appuyant sur les qualités lumineuses du Capricorne – structuration, responsabilité individuelle, autorité intérieure, élévation vers les hauteurs d’une voie initiatique ? Artémis nous appelle à oser explorer notre inconscient, celui qui contient nos peurs d’enfant, pour les dépasser et devenir adultes. Elle nous invite à prendre en charge et à dissoudre nos vieux traumatismes, nos souffrances et abandons, nos pertes, comme autant de bêtes sauvages oubliées, à apprivoiser. Elle nous suggère de défricher et de cultiver à nouveau nos beaux jardins intimes et d’y planter des fleurs merveilleuses et colorées. Elle nous propose de retrouver le chemin de nos rêves les plus fous et, dans notre verticalité saturnienne, notre pleine puissance solaire, afin de les incarner. Elle nous aide à accoucher du Soleil qui va rendre notre île spirituelle, brillante et lumineuse.

Bel été et bonnes vacances à tous, dans la spontanéité et l’ingénuité de l’enfance, l’énergie de vie du féminin sauvage apprivoisé, l’exubérante fécondité du sanctuaire sacré d’Artémis, écrin verdoyant et foisonnant tout ruisselant d’eaux vives pures et vivifiantes.


Artémis, déesse lunaire, et le Cancer

Marie-Paule BAICRY

26 juin 2021

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Cours d’astrologie et Ateliers de méditation.

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Images :

1. Naissance d’Apollon et d’Artémis par Marcantonio Franceschini (vers 1692-1709). Wikipédia.

2. Horloge astronomique cathédrale de Strasbourg. Photo Baicry.

3. Église d’Issoire. Photo Baicry.

4. Vitrail cathédrale de Chartres. Photo Baicry.