l’Astro Gazette de la FDAF

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

n°207 - Janvier 2022

Billet d’Humeur

Un Capricorne déguisé en scorpion : Elisabeth de Wittelsbach, impératrice d’Autriche et reine de Hongrie

Danielle
FELDMAN

Plus connue sous le surnom de « Sissi » et immortalisée par Romy Schneider dans la trilogie culte, le mythe vient d’être revisité et diffusé sur TF1 et Netflix va lui aussi sortir un biopic sur l’impératrice en 2022, de quoi donner envie de regarder son thème !  

On sait que Sissi avait été élevée sans contraintes ni manières et qu’elle refusait de se plier à l’étiquette de la cour, ce qui provoquait des conflits avec sa belle-mère et tante, l'archiduchesse Sophie de Bavière.

Je m’attendais à trouver une dominante uranienne dans son thème, elle n’apparait que sous la forme d’une Vénus en Verseau conjointe à Eris, fort contrainte par le carré qu’elle fait à Saturne Lune en Scorpion !

Sissi naît le jour de Noël, le 24 décembre 1837 : elle est Capricorne, avec Jupiter collé à son ascendant Vierge ! Avec de telles influences on aurait pu imaginer plus protocolaire ! On vante souvent la longévité des Capricornes, or Sissi meurt assassinée à l’âge de 60 ans.

La dominante jupitérienne va comme un gant à sa tête doublement couronnée (elle devient impératrice d'Autriche par son mariage avec François-Joseph en 1854 à l’âge de 16 ans, puis reine de Hongrie, de Bohème et de Lombardie-Vénétie en 1867. Elle explique également son goût pour les chevaux, l'indépendance et les voyages, qu’elle entreprendra une grande partie de sa vie pour fuir la cour.  

Mais alors quel genre de Capricorne était cette femme libre et passionnée qui a aussi Mars et Mercure dans ce signe ? On le retrouve de manière anecdotique dans le fait qu’elle naquit avec une dent sur la gencive et de manière beaucoup moins accessoire dans la dépression qui l’a accompagnée tout au long de son existence. Saturne, le maître de son signe, campe en Scorpion accolé à sa Lune dans le même signe, quoiqu’avec cette Lune en chute, on peut se poser la question de « qui plombe qui ? ». Cette conjonction capable du meilleur et du pire semble avoir été le pivot autour duquel les grands événements de sa vie se sont articulés et où cette Vénus Verseau qui aimait tant la liberté s’imposa par à-coups. Un Capricorne oui mais un Capricorne Scorpionisé !

Si elle refusait les règles de la cour, elle en imposait pourtant à son corps de bien plus drastiques. Obsédée par la peur de grossir, elle portait un corset extrêmement serrée sur son abdomen et s’astreignait à un régime draconien (lait, bouillon de poulet, jus de viande de bœuf). Elle s’obligeait à la pratique de sports quotidiens : marche forcée, cheval, gymnastique dans des salles d'agrès aménagées dans tous ses appartements. Si on reconnaît la discipline et l‘endurance du Mars en Capricorne, son anorexie mentale nous ramène encore à cette conjonction Saturne Lune en Scorpion dont l’impact l’emporte sur ce qui aurait dû être le côté bon vivant de Jupiter, dont l’expansion naturelle est limitée dans ce signe de la Vierge où il est en exil.

Sa vie, émaillée de tragédies, avec la perte de deux enfants de son vivant et de nombreux membres de sa famille, jusqu’à son assassinat nous oriente encore vers la facette plutonienne de sa personnalité où Saturne et Lune ont élu domicile.

Sa belle-mère, l’archiduchesse Sophie qui la jugeait trop jeune pour élever ses enfants lui en retira la garde. Sophie, la première née du couple, nommée comme sa grand-mère, contracta la rougeole. L’archiduchesse imposa le choix du médecin de l'enfant contre l'avis de sa mère, qui ne put la sauver et elle décéda à l’âge de 2 ans en 1857.  

En 1859, l’empereur perdit la guerre contre la France et le royaume de Sardaigne, et s’éloigna de sa femme pour prendre des maîtresses. L'impératrice, âgée alors de 22 ans, rongée par la culpabilité de la mort de sa fille, par les tracasseries perpétuelles de sa belle-mère, affaiblie par la naissance de son fils Rodolphe et par le peu de soutien qu'elle recevait de son mari, entièrement soumis à sa mère, tomba malade. Les médecins diagnostiquèrent une tuberculose (devinez dans quelle maison se situe la conjonction Saturne Lune en Scorpion ?). On la crut perdue comme sa belle-sœur et cousine, Marguerite de Saxe, décédée l'année précédente à l'âge de 18 ans. Les médecins préconisèrent une cure dans un pays ensoleillé. Elle séjourna à Madère, mais à son retour à Vienne, le mal redoubla. Elle s’exila alors à Corfou pendant deux ans.

A son retour, elle joua un rôle politique incontestable dans l'élaboration du compromis austro-hongrois, qui aboutit au couronnement du couple en 1867 comme roi et reine de Hongrie. Cette année-là, à peine âgée de 30 ans, Saturne faisait son premier retour sur sa conjonction natale en Scorpion : les deuils familiaux se succédèrent : Sophie de Saxe, l’épouse de son frère préféré,  emportée par une grippe à 22 ans, puis son beau- frère, le prince Maximilien de Tour et Taxis et mari de sa sœur Hélène, quelques semaines plus tard, son beau-frère l'empereur du Mexique Maximilien Ier fut  exécuté. Sissi se mit à fumer, scandalisant la cour, beaucoup de jeunes filles l'imitèrent en transgressant les règles, parmi elles, sa jeune cousine, l'archiduchesse Mathilde de Teschen, qui voulant cacher sa cigarette dans un des pans de sa robe enduite de cire, mourut brûlée vive.

Sissi voyagea de plus en plus pour noyer son chagrin. Mais le destin la rattrapa : en 1888 elle perdit son père le duc Maximilien en Bavière, (Jupiter transitait la conjonction Saturne Lune natale en Scorpion au carré de Saturne céleste en Lion), deux ans auparavant, son cousin le roi Louis II de Bavière, avait été retrouvé noyé dans le lac de Starnberg (la Lune transitait alors la même conjonction), puis son ami le comte Andrássy en 1890 (Mars transitait la conjonction) suivi du décès de sa mère, la duchesse Ludovica de Bavière, (le nœud sud transitait Saturne Lune en Scorpion), enfin sa sœur Sophie-Charlotte en Bavière, périt brûlée vive lors de l’incendie du Bazar de la Charité en 1897 (Saturne conjoint à Uranus passait alors sur la conjonction natale Saturne Lune en Scorpion). Uranus était encore là, conjoint à Chiron, le jour de son assassinat, qui eut lieu le 10 septembre 1898 à 13h40 à Genève, au moment où la Lune en Cancer conjointe au nœud sud s’opposait à son Mars natal en Capricorne et où le soleil passant sur son Jupiter natal faisait un carré à Pluton céleste exactement sur son milieu de ciel.

Mais, ce fut la mort mystérieuse (suicide ou assassinat ?) de son fils unique, l'archiduc Rodolphe d'Autriche à Mayerling en 1889, (Mercure au carré de sa conjonction Saturne Lune) qui plongèrent Élisabeth dans une douleur et une mélancolie indescriptible. A la suite de cet événement elle ne s’habilla plus qu’en noir et multiplia encore ses voyages pour ne plus faire que quelques brèves apparitions à la cour. On a dit qu’elle portait en elle la mélancolie des Wittelsbach, comme son cousin, Louis II de Bavière, mais avec tous ces décès, on peut comprendre qu’elle soit devenue neurasthénique, faisant draper les pièces de noir et exigeant de ses domestiques qu’ils portent le deuil.

Cette Lune en Scorpion accompagnée par Saturne qui se manifeste dans son rapport complexe à la nourriture et une relation frustrée à ses enfants pourrait trouver son origine dans sa propre relation avec sa mère Ludovica de Bavière. Ludovica est la 12ème enfant du roi Maximilien 1er de Bavière, qui l’oblige à épouser son cousin le duc Maximilien, un cadet des Wittelsbach afin de réconcilier les différentes branches de la famille de Bavière, alors que Ludovica aurait préféré épouser le roi Michel Ier de Portugal. Elle est la seule de ses sœurs à ne pas épouser un souverain et vit son mariage avec un duc sans importance, comme une humiliation, refusant de rejoindre son époux lors de la nuit de ses noces. Elle rêve d’unions brillantes pour ses filles et celle d’Elisabeth avec François Joseph qui lui fait retrouver son statut de souveraine est une revanche sur sa propre destinée. Mais Elisabeth ne s’est jamais adaptée à sa vie de souveraine et son mariage se révéla un désastre.

Lorsqu’ Ernst Marischka tourna la série des Sissi entre 1955 et 1957, il mit en scène une Romy Schneider rayonnante, dont l’arrivée sur le trône d’Autriche et sa romance avec l’empereur était digne d’un conte de fée, omettant les facettes sombres d’Elisabeth et les aspects moins glorieux du règne de François Joseph. Neptune entrait en Scorpion au sextile du Soleil de l’impératrice, idéalisant son image au point d’en faire un mythe, alors que Saturne effectuait au même moment un nouveau retour sur la conjonction fatidique imposant sa censure. La nouvelle série entend apporter un vent de modernité au personnage de Sissi. Certainement tournée entre 2020 et 2021 au moment où Jupiter et Saturne transitaient le Verseau et la Vénus de l’impératrice, elle n’hésite pas à lui faire visiter un bordel où son futur époux a passé la nuit pour mieux se préparer à sa nuit de noces. Quant à la série à venir sur Netflix, « The Empress », elle devrait elle aussi dépoussiérer le mythe en abordant les dépressions successives et l’anorexie de la souveraine.  

Petit clin d’œil à la série culte, que l’on voit régulièrement à Noël, elle a été diffusée sur TF1 le 23 décembre, qui est aussi la veille de l’anniversaire de l’impératrice. Le Soleil céleste était à 2° Capricorne et transitait celui du thème de l’impératrice, la donnant à voir aux yeux des téléspectateurs sous un jour nouveau.


Danielle FELDMAN

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Sources :

Elisabeth de Wittelsbach, Ludovica de Bavière (Wikipedia)

The Empress », la série sur Sissi par Netflix

« Sissi » : Sex-toys, masturbation et prostituées, la nouvelle version casse le mythe

Photo prise le jour du couronnement de l'impératrice Élisabeth à Budapest le 8 juin 1867.
(source Wikipédia)