l’Astro Gazette de la FDAF

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

n°207 - Janvier 2022

Billet d’Humeur

Laurent
GIZZI

Sévère, strict, impressionnant et sage, il grimpe l'escalier qui le mènera au sommet de la montagne. Il regarde quand même vers l'arrière… on est jamais assez prudent !

Pourquoi cette faux ? C'est l'arme de Saturne, son maître planétaire, astre de la fatalité, de la justice et de la sagesse. Mais aussi de l'acceptation de la fin, du deuil et de notre finalité, c'est pourquoi, elle est aussi composée d'ossements.

L'étrange étole est une référence au Capricorne lui-même qui est une chèvre mais avec une queue de poisson. Car il vient des abysses pour aller vers les sommets, avec cette lourde queue de poisson à traîner… mais c'est le signe de la persévérance et de la longévité.  


Anthracite Capricorne


Un gris, mais pas n’importe quel gris ! Sombre, presque noir, parfois tendant un peu vers le violet. Les ouvriers, les secrétaires sont en gris ; les boss, eux, sont en anthracite ! C’est par excellence la couleur du costard ; il n’est pas noir, celui-ci se serait pour les cérémonies ; le costard anthracite, c’est celui qu’on met pour le boulot, celui qui fait sérieux mais noble, qui donne une certaine prestance.


Pourtant il a fallu qu’il s’élève avant d’arriver aux plus hautes responsabilités cet anthracite puisqu’il vient des profondeurs des mines. Avant d’être couleur, il est minerai ; celui qu’on extrait par la force de la pioche et la sueur du travail de mineur. Et lui-même avant d’arriver dans les mines, il a travaillé sous la pression de la Terre et du temps pour se transformer de simple tourbe en ce minerai presque de carbone pur ; l’anthracite, c’est le dernier stade du charbon. Il représente ainsi le temps et l’ambition qu’il faut pour faire de la tourbe un minerai et d’un mineur, un patron. Rien d’étonnant à ce que cette couleur se trouve désormais sur les costards de nos plus hauts dirigeants, ceux qui sont arrivés au sommet de la pyramide hiérarchique.


Couleur des pierres mais des pierres dures, celle de la montagne qu’il faut gravir. Celle qui se dresse comme un obstacle et qui n’offre pas de terre hospitalière pour la faune et la flore. Le granit si dur est parfois anthracite, le marbre blanc fait les statues, mais gris, il fait les tombes, les stèles. Le gris a été la couleur du demi-deuil, quand on commence à se remettre du chagrin de la mort. Quand il faut bien remonter la pente et que l’émotion doit passer.


C’est la couleur des nuages quand le ciel se fait menaçant, il n’annonce rien de bon ce gris-là. Ce n’est pas seulement une bonne pluie revigorante qui va tomber mais la grêle, l’orage, la foudre qui pourrait bien détruire une partie des récoltes ! Il convient d’être prudent et prévoyant quand l’anthracite apparaît dans le ciel. Jupiter est en chute en Capricorne, ce n’est pas le bon dieu jovial qui va venir mais la colère divine de foudre et de tempête ! Espérons que les ardoises que l’on a mis sur le toit tiennent ! Ardoise, c’est un anthracite à peine plus bleu, plus protecteur, celui qui -comme les écailles d’une tortue- parachève notre maison en la rendant sûre. L’ardoise c’est aussi le tableau des élèves qui apprennent à lire et à compter, il faut bien travailler dessus pour devenir un jour le boss et porter l’anthracite.


Un peu plus clair, il a la couleur du plomb, le métal de Saturne. Toxique, il donne le Saturnisme si on l’ingère, de quoi bien plomber la santé… on ne rigole pas ici. Une chape de plomb met du plomb dans l’aile à un projet, lourd et oppressif ce gris qui n’annonce pas encore de bonnes nouvelles.


Pourtant il est utile ce plomb, si on sait s’en servir, il est utilisé dans de nombreux domaines de notre industrie. C’est lui qui nous protège des radiations d’ailleurs. On ne sait peut-être pas ou plus le transformer en or mais finalement, n’en est-il pas plus utile ? Car à force d’expérience, on a du plomb dans la tête !


Pas de fantaisie, pas d’espoir mais à force de travail et de persévérance comme le Capricorne au pied de sa montagne, on arrive au sommet !


Sapin Capricorne


Un vert, mais très sombre presque noir… le vert inquiétant d’une forêt sombre et inhospitalière qui évoque les très anciens esprits de la nature. Ceux qui étaient là avant tout le monde et qui n’avaient rien de sympathique envers le genre humain. Le vert est une couleur ambiguë qui a autant de signifiants rassurants et bienveillants que de malveillants et d’inquiétants. Ici, ce vert sombre est celui de l’écorce, de la nature qui se protège et se défend. Il va falloir couper ou braver le vert sombre pour dompter la nature qui ici est interdite, taboue. L’écorce d’un avocat qui protège la chair vert tendre délicieuse, l’écorce de la pastèque qu’il faut fendre pour atteindre le rouge comestible, les ronces pleines d’épines du rosier qu’il faut braver pour respirer les suaves parfums des roses.


C’est le vert que l’on imagine porté par les dinosaures, ces créatures titanesques des anciens temps, rappelant les frères de Saturne, les anciens dieux qui dominaient le monde avant l’arrivée des dieux, ces mammifères qui donneront l’humain. Ce vert rappelle ici la queue de saurien dans notre tête, celle qui n’est pas oubliée mais maîtrisée par le Capricorne et bien représentée par le signe : la chèvre à queue de poisson… ou de dinosaure peut-être ?


Voici donc un vert qui n’est pas comestible, un vert dur qui représente une épreuve avant d’obtenir les délices de la nature.


Mais parlons de cet arbre si noble qu’est le sapin ! « Quand par l’hiver ils sont dépouillés de leurs attraits, lui il garde sa parure » comme dit la chanson. Voilà le symbole de l’éternité, de la longévité… et aussi de la résistance, de prévoyance. Le sapin ne se retrouve pas tout nu, jamais, il est toujours puissant et verdoyant même à cet âge avancé représenté par l’hiver. Là où les chênes ou les pommiers ressemblent à des pauvres squelettes décharnés, le sapin reste magnifique ! Ce vert est donc celui de la constance, de la persévérance et d’une certaine royauté ! Car « mon beau sapin » n’est-il pas le roi des forêts ? Il y a d’ailleurs un vert impérial qui lui ressemble beaucoup qui était à la mode pendant les périodes de l’empire justement.


Couleur des temps passés, couleur de l’éternité, une chose est sûre, ce n’est pas près de sentir le sapin !


Noir Capricorne


« Noir, c’est noir, il n’y a plus d’espoir » chantait un certain Gémeaux qui devait bien avoir du mal avec cette absence totale de lumière qu’est le noir, normal quand on est du signe en contre-anstice du Capricorne. Pourtant, notre Johnny Gémeaux aimait beaucoup les blousons en cuir noir… oui, mais il ne s’agit pas de ce noir brillant, racé et sexy… on va parler de ce noir insondable, désespérément mat, désespérément ténébreux… un trou noir plein de vide et de néant.


« Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir » serait-il écrit sur les portes de l’enfer selon Dante. C’est la forme négative du noir, sa forme même la plus maléfique, celle qui interdit toute espérance en un renouveau, en une amélioration, en un sauvetage… il n’y a plus de dieux pour nous tirer de là, plus d’amour pour nous réconforter, seul un grand vide noir qu’il faut accepter. Ça s’appelle le deuil et dans nos sociétés, c’est de noir mat dont on s’habille pour pleurer nos défunts qui ne reviendront plus jamais du royaume des ombres. Et on parle bien de travail de deuil, ça ne se fait pas tout seul d’accepter qu’il n’y a plus d’espoir. Cela se fait avec du temps, et Saturne, c’est justement le dieu du temps, représenté d’ailleurs dans un grand manteau noir avec sa faux… apparence qu’il cèdera à la mort qui provoque justement ces deuils, la boucle est bouclée !


Car ce noir-là, c’est le symbole du néant, il n’y a rien, juste rien… et ce néant dévore tout ou plutôt annihile tout et notamment la fantaisie et les rêves d’une nuit noire sans Lune. Comme dans « l’histoire sans fin » où le royaume de l’imaginaire « Fantasia » risque de disparaître à tout jamais, comme dans notre tête d’adulte qui laisse tomber dans l’oubli ses rêves d’enfants… à moins que l’on garde au plus profond du noir une poussière de fantaisie ? Il n’est pas temps ici de cultiver cette poussière, on doit mettre les costumes noirs pour aller travailler à conquérir le monde. Mettons les idées noires de côté, car qui s’habille de noir est le chef dans nos sociétés ! Encore plus impressionnant que l’anthracite, le noir est ici le symbole du pouvoir, du grand pouvoir de celui qui maîtrise le monde dans son costard d’un noir insondable arborant sa bague sertie d’une onyx noire. Le noir devient alors la couleur du luxe, de ce luxe d’un raffinement extrême que tout le monde ne peut apprécier. Caviar, truffe noire… quelques grammes de luxe à faire croquer sous les dents qui ne devraient pas rayer le parquet. C’est subtil, la saveur noir, amère souvent comme un café noir, l’amertume est le goût de la tristesse… il faut savoir l’apprécier car cela fait partie de la vie. Le café nous tient d’ailleurs réveillé pour que nous n’allions pas dans de tendres rêves et que nous continuions notre dur et indispensable labeur.


Mais ne broyons pas du noir, car il existe un humour… noir justement ! Des plus subtils et pince sans rire, c’est par excellence celui du Capricorne, celui qui s’énonce sérieusement tout en faisant rire l’assistance en maniant avec élégance les pires horreurs !


Alors nous disions :  pas de sauveurs, pas de dieux ? Mais des héros ! Car après avoir été la couleur des méchants, le noir est devenu aussi la livrée des héros, de ceux qui travaillent dans l’ombre « qui surgissent hors de la nuit » et qui restent discrets sous les apparats d’un playboy milliardaire ou d’un bel hidalgo.


Alors habillons-nous de noir car il n’y a rien de plus classe et de plus élégant, le Capricorne le sait bien : la vraie noblesse ne s’habille que de sobriété !


Blanc Capricorne


Saturne a longtemps été représenté comme la faucheuse et confondu avec… en fait, c’est même la faucheuse qui s’est inspirée du look de Saturne avec sa faux qui pourtant avant d’être l’instrument qui fauche les vies était celui qui moissonnait les champs.


Ainsi le noir de la mort, du désespoir et de la fatalité est considéré comme la couleur par excellence de Saturne et du Capricorne.


Pourtant sous la cape noire, il y a le squelette blanc !


Le blanc est dans nos contrées occidentales associé à l’idée de pureté et même de bien. On retrouve ici la grande droiture du Capricorne, son amour pour la vertu, l’honnêteté, la rigueur d’âme. Le squelette n’est pas juste image de mort, il est aussi image de la colonne vertébrale, celle qui nous permet de rester droit justement, de ne pas être un mollusque, de marcher et de travailler. De pouvoir supporter le poids de l’atmosphère comme Atlas et de rester digne !


Le squelette c’est aussi le symbole de ce qui dure et qui reste jusqu’à la fin. Le blanc a donc cette notion de pérennité… un peu comme les neiges éternelles ! N’y a-t-il de blanc plus parfait que celui de la neige ! On est « blanc comme neige » paraît-il quand on est innocent, encore une histoire de droiture et d’honnêteté ! Bien sûr cette neige, cette glace blanche nous renvoie directement au froid. Car de toutes les teintes, il n’y en ait de plus froides que le blanc ! Même la lumière crue est qualifiée de froide quand elle paraît le plus blanc possible. Et pourtant on chauffe à blanc… comme quoi avec le Capricorne, il y a toujours le feu sous la glace !


Le blanc c’est aussi le vide, le néant, comme la page blanche qui angoisse tellement les écrivains, les artistes et les étudiants. Le Capricorne représente cette notion de « plus rien du tout » quand il ne reste plus que les os. Quand il n’y a plus rien à manger et qu’il faut se restreindre. Même si on a mangé son pain blanc quand les jours heureux ont été là et qu’il ne reste plus que le pain noir pour faire avec.


Mais le blanc rappelle aussi la lame de la faux, métal dur et froid lui aussi mais dont la maîtrise nous a permis le progrès. Le métal est précieux, surtout le platine, l’un des plus blancs qu’on qualifie de platine un blond presque blanc…et d’ailleurs encore plus blanc on le qualifie de polaire… et encore plus blanc, il s’agit de la marque de la vieillesse ou alors de l’expérience !


Le blanc est donc précieux, et encore plus précieux que le métal, il y a la gemme translucide par excellence, celle de la pureté, la pierre la plus précieuse au monde : le diamant ! Le matériau le plus pur et le plus dur au monde !


Laurent GIZZI

L'homme Capricorne