la Gazette des Astrologues

n°154 - Août 2017

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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Le Billet d’Humeur

Thérèse LACAN

Félicité Herzog a narré dans un ouvrage autobiographique un personnage mythique : son père, le célèbre alpiniste, Maurice Herzog.

Beaucoup d’astrologues commentent les éléments du thème en méconnaissant totalement la personnalité de l’individu et son cheminement propre. Ils s’attachent à commenter les données natales au vu du profil recueilli dans la presse ou dans les propos rapportés par les témoins. Comme s’il suffisait de voir la photo commentée d’un ministre de la République pour savoir qui est réellement ce ministre.

Une biographie, même si elle est autorisée, même si elle est documentée, comporte une part de subjectivité.

Quel meilleur outil que l’autobiographie pour exprimer le ressenti du sujet ? Celui-ci décline les signifiants astraux et les traduit dans l’écriture qui est la sienne. Parfois, me direz-vous, celle-ci comporte un aspect de valorisation personnelle, de mise en lumière. Cet aspect pourra également trouver son explication dans l’interprétation du thème natal.

L’enseignement contenu dans l’analyse du thème de Félicité Herzog

Que nous apprend le thème natal de Félicité ? Native du Taureau, disposant du Soleil, Mercure et Mars en Taureau, son maître d’ascendant est Vénus, d’où des qualités liées à l’expression de cette planète : affectivité, sensibilité, goûts artistiques, hédonisme, sens esthétique et épicurisme.

Sa personnalité, le Moi représenté par Vénus, se décline dans le signe du Bélier. La narratrice aime diriger, commander. Parfois impulsive, elle peut avoir l’étoffe d’un leader. La personnalité est ainsi campée : la main peut être de fer (Bélier) dans un gant de velours (Vénus).

La souffrance engloutit le Moi de la narratrice par la configuration d’un Saturne emprisonnant Vénus, à travers une conjonction étroite. On assiste à l’interaction d’une planète d’affect inclinant vers le plaisir et d’une autre inclinant vers la tristesse. C’est un aspect frustrant, peu propice à l’épanouissement, se traduisant par un complexe d’abandon, survenant souvent à la suite d’évènements traumatisants durant l’enfance. Il en découle une peur d’aimer et une attitude d’échec en matière affective.

Le comportement qui en découle est souvent compulsif. Il peut conduire à reproduire le substitut paternel en épousant quelqu’un d’aisé ou de plus âgé.

Le Soleil Taureau représentant le père, exprime une soif de vivre, la volonté de posséder, de rechercher les plaisirs terrestres, de cueillir, de collectionner. Le référent paternel lui transmet l’amour de la vie. Sans doute Félicité recherche-t-elle des boute en train, des sportifs, des partenaires dynamiques (secteur VII en Bélier).

Le secteur X représentant la carrière mais aussi l’arbre généalogique, dans le signe du Cancer, semble indiquer l’attachement aux valeurs et aux membres de la famille. La Lune, planète maîtresse de cette maison, dans le signe du Poissons, reçoit des flux tendus de planètes lourdes, Uranus et Pluton, en analogie avec le signe du Scorpion. La forte symbolique de transformation mais aussi de mort qui se dégage, confère à Félicité une grande charge émotive.

Le signe double du Poissons semble aller dans le sens de la dualité maternante de Félicité : elle est élevée par deux femmes, sa mère et sa grand-mère maternelle.

Malgré son côté rebelle (Uranus) et révolutionnaire (Pluton), la narratrice jouit d’une excellente dynamique (Lune-Mars), alliée à un excellent feeling (Neptune).

Souffrant d’une blessure affective, d’une frustration (aspects liant Vénus et Saturne) Félicité semble meurtrie dans ses affects, au point que cette souffrance l’envahit parfois totalement. Son maître d’ascendant, en exil dans le thème, persécuté par deux planètes « dures », ne lui permet pas d’opérer en permanence la distanciation nécessaire. Ces aspects suffisent à expliquer une partie de ses rapports difficiles avec son père.

De plus, elle est soumise à la violence de son frère aîné durant plusieurs années. Le frère de la narratrice, Laurent, est abandonné à ses démons pendant une grande partie de son existence.

La mère mystérieusement épargnée dans son livre, ne lui a toutefois pas apporté la sécurité. Elle-même a fait l’objet d’un placement dans un hôpital psychiatrique par sa famille, perdu une partie de son patrimoine lors du divorce. Elle s’avère dans l’incapacité d’élever ses enfants, notamment son fils aîné et ceux-ci sont confiés à leurs grands-parents maternels.

L’ensemble de ces carences est minimisé dans son récit comme si la seule cible et le seul coupable devaient être Maurice Herzog : le seul qu’il convenait de désacraliser, le seul qui devait être caricaturé, le seul qui méritait d’être voué aux gémonies pour la postérité.

Dans d’autres circonstances, la narratrice aurait pu reprocher un certain nombre de choses à sa mère et faire le choix d’idéaliser son père, héros de tout un pays.

suite...

FELICITE HERZOG, FILLE DE …

Avant-propos :

« Si je suis sortie aujourd’hui du silence, c’est qu’il a paru certains livres, dus à des amis de mon père, qui donnent un tableau faux des relations de mes parents entre eux, et, de ma mère, un portrait déformé par la partialité. Dans ces livres, les faits relatés sont en général exacts, mais pour reprendre une expression de notre ami Nicolas Gogol, il n’y a rien de pire qu’une vérité qui ne soit pas vraie. »

Tatiana Tolstoï