la Gazette des Astrologues

n°154 - Août 2017

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Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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Le Billet d’Humeur

Thérèse LACAN

En épousant la configuration d’une Lune potentiellement conflictuelle et en intégrant le profil mythique du Taureau zodiacal solide, puissant et prolifique, elle aurait pu inverser la présente charge à l’encontre de Maurice Herzog. Celui-ci aurait été pardonné de ses dérapages adultérins et serait resté la vaillante figure que l’on connaît : l’athlète qui a voué sa vie aux sommets himalayens au prix d’atroces souffrances.

Mais la blessure narcissique de la narratrice marquée dans le signe du Bélier virilise sa souffrance. Ainsi, Félicité a tendance à se comporter comme un garçon « manqué », pour reprendre ses propos.

Elle n’a de cesse de régler un compte à la figure masculine du thème : le père et éprouver de l’indulgence envers les éléments féminins : la grand-mère collaboratrice et la mère séductrice et rebelle.

Ce thème semble être une version revisitée des théories freudiennes. La fille prend la place du frère laissé pour compte et se mue en égérie masculinisée d’un combat parricide pour prendre à son compte les mots de Freud lui-même.

J’ai trouvé en moi comme partout ailleurs des sentiments d’amour envers ma mère et de jalousie envers mon père, sentiments qui sont, je pense, communs à tous les jeunes enfants.


La narration de Félicité Herzog dans son ouvrage sulfureux intitulé : Un héros

« Toute ma vie, j’ai été dépossédée de mon père par les femmes. C’était peut-être inévitable de la part d’un père aventurier qui ne connaissait aucune frontière, mû par une volonté de transgression permanente.

Quelque chose en lui n’était pas vrai. Je l’écoutais attentivement, absorbée par son charme, ses fluides et la constatation me vint simplement à l’esprit qu’il mentait.

Je ne craignais qu’une chose : attirer son attention. A la moindre tentative, heureusement rare, je m’évadais de ses bras, ne supportant pas de me tenir sur ses genoux, je détournais mes joues. Sa voix, son effluve, pourtant attirants et puissamment masculins suscitaient chez moi une méfiance extrême… Il était un ogre, un ogre de père. Mon ogre de père.

En société ou en famille, il jouait une représentation sartrienne du héros de l’Annapurna… Je ne pouvais entrer dans son jeu. Il le sentait chez cette petite fille qui refusait les attributs de la féminité en puissance, qu’il aurait pu séduire, et s’obstinait à ne pas admirer l’homme de légende. Je boudais l’Annapurna comme seuls les enfants savent bouder, en dépit de rationalité, de toute légitimité, de toute morale.

Il faut lire le livre de ton père, me disait-on avec de gros yeux. Quelque chose en moi alors se refusait à lire Annapurna premier 8000 : c’eût été l’équivalent de signer un pacte faustien avec sa mémoire.

Rien de mon père et de ma mère ne se mariera réellement. Ils n’ont ni les mêmes idées, ni les mêmes goûts, ni les mêmes fréquentations.

Après la séparation de fait de mes parents, on se voyait occasionnellement lors des fêtes et des vacances. Son emploi du temps ne s’accordait que rarement avec le calendrier solaire. Son engagement politique, ses nouveaux enfants, sa vie mondaine, les fréquents voyages à l’étranger et son intense vie adultérine concouraient à son éloignement. Ma relation avec lui s’apparentait à un jeu de pistes. Une carte postale m’accueillait parfois sur la table quand je rentrais de l’école, indice de l’existence de ce père insaisissable qui s’était déjà envolé vers une autre destination. Toujours le même script : ma petite Félicité, je suis à Séoul où je vends des métros. J’espère que tu es sage et que tu travailles bien. Ton Papa qui t’embrasse. Nos échanges tenaient, pour l’essentiel, en ces cartons de dix centimètres sur quinze.

Magnifique, il avait l’air conquérant mais apaisé de ceux qui sont revenus de tout : Maurice était couvert de gloire. Son comportement et ce que l’on m’en disait, tantes gênées, mère défaite, regards ironiques et silences complices, me démontraient que l’on ne pouvait pas avoir une relation de confiance avec un homme de cet acabit. J’avais donc fini par le rayer de la carte.

Un rapt de la réalité se commettait sous mes yeux ébahis et inévitablement désenchantés. Où était-il ce héros pour la galerie lorsqu’un mot de trop, une préséance oubliée, un devoir inaccompli était prétexte au déchaînement du joug sans merci de mon frère herculéen et dominateur ? Un père de pacotille, insensible à la souffrance des siens, indifférent au sort d’une jeune fille, au demeurant la sienne ? Notre appartement était devenu, en l’absence de toute affection et autorité paternelles, une arène dangereuse et mortelle.

Devenant à mon tour, sans compassion, sans vulnérabilité, je me coupais les cheveux très courts et, cultivant un air androgyne, ne pouvais rentrer dans un magasin sans y être accueillie par un bonjour jeune homme, de bon aloi.

Cet homme avait renoncé à être mon père. Je le savais mais le deuil d’un père aimant n’est jamais acquis. Toujours subsistait un dérisoire, misérable espoir qu’il me prenne dans ses bras sans malice et respectueux. Qu’il m’appelle par un petit nom coutumier, par exemple, un « ma chérie » tout bête, tout simple…

 Pire, il était traître et dangereux. Seuls primaient son rapport de séduction fatale avec les femmes et leur assujettissement absolu à sa légende. J’en avais pris mon parti aussi loin que je pouvais remonter dans le temps. J’étais une adulte avant l’heure ou plutôt une adolescente mal grandie, sans tuteur, poussant sauvagement dans la rosée du matin. Peut-être même l’attendais-je finalement, le cœur ardent et résigné, ce moment de confusion et de face à face désillusionné.

S’il y avait eu alors un marché de l’occasion des pères, je l’aurais cédé pour un franc symbolique. »


NAISSANCE LE 23 AVRIL 1968 A 17 HEURES 55 A BOULOGNE-BILLANCOURT ACTE  1036

Thérèse LACAN

Fondatrice d’Astrolude, association de coaching astrologique

Participe régulièrement aux études d’astrolude  

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