la Gazette des Astrologues

n°154 - Août 2017

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Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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“Sur le Vif”

La chronique de

Jacques VANAISE

La psychologie éclaire toute la subtilité de nos interactions avec nos proches.  Ce que notre thème désigne, ce n’est pas un parcours de vie établi par avance, mais le processus d’éclosion de notre personnalité, à la frontière d’un échange constant entre nos capacités psychiques, tout d’abord potentielles, et les apports sociaux – culturels de notre environnement immédiat.

Chaque personne « émerge » ainsi dans sa bulle de conscience, nourrie des aptitudes de la psyché (cf. l’inconscient collectif), utilisant le véhicule biologique reçu en héritage et s’appuyant sur son milieu familial, social et culturel.  En réciprocité, cette nouvelle conscience nourrit à son tour la psyché collective.  Une chose est donc d’élaborer, pas à pas, notre nouveau chemin de vie en interaction avec notre milieu ; une autre est de penser qu’il est défini par un « ailleurs » ou par un « antécédent »…

Pour en revenir au karma, comment démontrer que nous avons vécu de telle ou telle façon, ou que nous avons « commis » tel acte dans une autre vie ?

Il me semble qu’il est plus adéquat d’observer que certains processus psychologiques actuels sont en résonnance avec une expérience particulière inscrite dans la mémoire collective.  

Je prendrai un exemple dans le domaine du rêve : si des images ou des situations occupent notre imaginaire, l’idée d’une résonnance ne prescrit pas que nous soyons réellement en train de vivre ou de revivre les conséquences directes d’un événement ancien ; mais que sa forme, son cadre et son contexte sont illustratifs, comme dans une métaphore, d’une réalité psychique susceptible de nous concerner.

Il est également possible qu’une image ou qu’une situation nous vienne de la mémoire collective et qu’elle prenne sens pour nous, parce qu’elle est en correspondance (en synchronicité) avec tel ou tel événement de notre vie.   

Nous ne disons pas autre chose lorsque nous considérons qu’une prédisposition psychique (désignée par notre thème astrologique) s’actualise en nous à l’occasion d’une situation particulière ; non sans indiquer que c’est cette prédisposition devenue active qui interprète la situation comme elle nous convient ; autrement dit, à « notre ressemblance »  

De telles « correspondances » sont-elles pour autant programmées ?  Y a-t-il, en arrière-plan de notre parcours de vie, une intention qui nous dépasse, qui nous conditionne, voire qui nous détermine ?

Il convient que nous réfléchissions ici sur la portée du mot « programme ».

Ainsi, un arbre tend vers l’aboutissement et le mûrissement de ses fruits.  Or, l’arbre n’en a pas vraiment le projet conscient ; il ne fait que déployer son « programme ».  Il est fait pour cela…  

En revanche, l’une des spécificités de l’homme est d’avoir un but conscient et de se donner des projets.  Ceux-ci, bien évidemment, dépassent son seul programme biologique de croissance.   

Un but peut être conçu comme une « cause finale ».  Comme telle, une destination finale tire vers l’avenir et par attraction, tandis que les causes physiologiques agissent par une poussée venant du passé.

Tout ce qui est inné ou acquis (ou karmique ?) produit une cause.  Face à elle se présente une autre perspective, celle d’un but producteur, lui aussi, de causalité ; mais dans le sens inverse, comme si un attracteur agissait à rebours du temps.  

Ainsi, entrent en relation, voire en compétition, la poussée évidente de l’acquis du passé et la traction exercée par le but.  Ces deux « déterminations » se rejoignent dans le présent.

En ce qui concerne le passé, notre héritage biologique (notre hérédité) et son information sont inscrits et codés dans et par les gènes.  Selon le point de vue matérialiste, cet héritage ne peut évidemment qu’être matériel.  Il exprime une cause motrice, à l’antithèse d’une cause «finale» qui représente le but et, en ce qui concerne l’intelligence humaine, le projet.

Le « projet » est un potentiel, une aspiration, une pulsion ou encore un désir qui devient cause, ou, plus exactement, moteur.

Ainsi, tout un programme génétique indique, exprime et manifeste une sorte d’intention qui est en mesure de diriger le développement des organismes vivants.  On peut y déceler l’effort par lequel un être vivant tend à persévérer dans son être.  On y voit surtout une causalité physique qui est un lien allant du passé vers le présent.  En cela, toute réalité concrète est déterminée par des causes physiques.  

Or, l’être humain ou, mieux, l’être conscient est un sujet qui, consciemment ou inconsciemment, choisit et sélectionne dans son propre passé ce qui lui permettra de rejoindre son futur potentiel.

Tout se passe à cet égard comme si, en considérant que la causalité physique va du passé vers le présent, à l’inverse, l’activité consciente de l’être humain allait en sens inverse, à savoir du futur possible, vers le présent (celui du choix et de la décision).

Certes, toute situation mentale est conditionnée par un ensemble de situations et d’expériences anciennes.  De même, le futur n’existe pas (encore) ou seulement en tant que potentialité, ou en tant que possibilité ; et sa venue reste conditionnée par la pression objective du passé et de l’acquis.

Et donc, tout but n’existe que dans un monde virtuel, dans la perspective d’un accomplissement qui n’est pas encore atteint.  Or, les buts et les motivations n’en sont pas moins des causes qui « tirent » depuis un futur possible.

Ce qui caractérise l’être humain, c’est donc qu’à travers lui se réalise l’émergence d’une sorte d’excroissance : celle d’un sujet conscient de lui-même et de ses propres intentions et buts.  Il en résulte que si notre histoire personnelle se confond avec une stratification d’expériences anciennes, elle rend aussi possible la percée de notre être même, tel qu’il utilisera ensuite et pour son propre compte ce qui, jusque-là, n’était que reproduction du passé (notamment génétique, voire karmique).

Dans une telle perspective, celle d’une percée de l’être, il convient de considérer en quoi cette émergence d’un sujet conscient de lui-même (et donc, en principe, en mesure de délibérer à propos de «qui» il est ; et de ce qu’il fait ; et comment ; et pourquoi…), en quoi cette émergence constitue un véritable saut quantique dans l’histoire de l’univers…  

Mais, une interrogation subsiste et, à coup sûr, y répondre nous comblerait sans doute : cet avènement de l’être (ou de la conscience) est-il (était-il) inscrit, dès les origines, dans les fondements mêmes de l’univers et plus modestement, dans notre potentiel de naissance, voire dans notre karma?

En attendant de pouvoir répondre à cette question abyssale et au poids du passé karmique, je considère avant tout le germe d’un devenir en projet ; projet en chacun de nous d’une nouvelle réponse unique au « comment vivre » parmi les hommes, tout en apportant notre propre pierre à l’édifice commun et tout en collaborant à l’émergence d’un autre monde qui, demain, devrait solliciter autrement le potentiel de chacun.

Ceci revient à dire qu’à la détermination du karma je préfère voir dans un thème astrologique la préfiguration d’un but, d’un accomplissement, d’un projet.  À la bouteille à moitié vide et emplie d’une eau trouble, je préfère la bouteille à moitié pleine d’une eau claire.  

Bien entendu, cela suppose que nous restions encore démunis quant à l’ultime explication de notre signature astrale…  Notre filiation avec un imaginaire démultiplié dans le temps et l’espace reste un mystère.  En revanche, nous voici acteur d’un accomplissement, non face à un destin dont les méandres seraient prescrits par un improbable karma, mais face à ce qui nous est destiné, dans le sens de confié, telle une graine ou un germe confié à la terre.

En dernière analyse, je préfère donc composer avec l’indétermination que penser : « les jeux sont faits, et rien ne va plus… »


1er août 2017,

Jacques VANAISE

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