la Gazette des Astrologues

n°138 - Avril 2016

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Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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Le Billet d’Humeur

J’ai écouté récemment dans l’émission «Les Racines du Ciel », sur France Culture, Jean-Marc Kespi présenter son ouvrage « Médecine traditionnelle chinoise, l’homme et ses symboles », réédité chez Marabout. J’ai été enthousiasmée par le discours de cet homme de 82 ans, médecin acupuncteur, exerçant toujours dans un hopital parisien une médecine véritablement humaniste, et président d’honneur de l’Association Française d’Acupuncture, et j’ai eu envie de lire ce livre, qui me semblait en résonnance avec l’astrologie que je pratique.

Ce qui m’intéresse dans son ouvrage, c’est moins l’aspect médical, même s’il présente une conception de la médecine qui me plait beaucoup (à cent lieues de la médecine pratiquée le plus souvent aujourd’hui et des intérêts des laboratoires pharmaceutiques) que les bases dans lesquelles s’enracine cette médecine traditionnelle chinoise: le taoisme et le confucianisme.

Au fil de ma lecture, des phrases de Dane Rudhyar surgissaient, et je me suis donc replongée dans son livre, « Le rythme du zodiaque » pour vérifier plus précisément ce qui pouvait faire écho en moi.

En fait, Rudhyar reconnaît lui-même au tout début de son œuvre ces similitudes avec la philosophie chinoise : «  Nous sommes, en fait, à l’unisson avec les Sages de la Chine qui ont écrit, dans leur grand Livre des Transformations, le Yi King, la croissance et le déclin des deux forces universelles de polarité opposée, Yang et Yin. »

Il écrit plus loin « L’étude du zodiaque nous apprend qu’il y a toujours deux forces opérant dans toute situation, dans toute expérience. Nous ne pouvons réellement comprendre notre expérience et prendre une décision valable que si nous considérons toujours les deux possibilités d’un même fait : ce n’est jamais « ou-ou » ; c’est toujours une question de « plus ou moins ». Il y a dualisme, mais c’est le dualisme dynamique de deux forces opposées qui s’interpénètrent constamment et se transforment mutuellement.

Avec une grande clarté, Kespi expose les « couples symboliques fondateurs de la tradition chinoise » et écrit « Elle ( la tradition chinoise) pose comme préalable le principe Yin-Yang (…/…) Yin-Yang est un principe de dualité et de distinction d’une part, d’alternance et d’échange de l’autre(…. /…)  Nous n’avons donc pas à choisir entre Yin ou Yang mais à établir Yin et Yang. »

« Yin-Yang est aussi un principe d’alternance (comme l’inspir et l’expir), d’échange et de transformation l’un dans l’autre (comme le jour et la nuit). Yin et Yang, c’est l’action concertante entre deux éléments qui, loin d’être en lutte, de s’opposer, marchent de concert, en se cédant le pas. »

En plus de cette notion d’alternance entre deux polarités, principe du Yin et du Yang, il existe un autre point commun entre ces deux systèmes de pensée: d’une part l’idée d’unité et de multiplicité, de totalité, d’un Grand tout, et de  moindre tout.

Pour Kespi « La tradition chinoise est une cosmologie, non une théologie. Elle ne postule pas l’existence de Dieu, mais pose discrètement une Unité suprême (… /…)  Il n’est aucune rupture entre cette Unité suprême et les « dix mille êtres », expression traditionnelle qui désigne l’ensemble des vivants de l’univers. Chaque être est une émanation de l’Un. Dans cette continuité, tout être manifeste, quelles que soient les apparences, une des infinies possibilités de l’Un. Il n’est pas de vie inutile, chacun a une place, une fonction cosmiques. »

« Dans la cosmologie chinoise, notre rôle consiste donc à faire totalement l’expérience de la potentialité que nous manifestons ou, en d’autres termes, à accéder à notre « nature essentielle », car chacun des dix mille êtres est unique, avec sa « nature propre ».  

Rudhyar écrit « Les hommes sont de « moindres touts » au sein de ce « plus grand tout » (…/…) « Tout homme constitue un tout, une unité : un individu. Mais, être un individu ne signifie rien si ce n’est par référence à la société humaine ou à l’Univers (…/…) Il n’y a pas d’entité organique qui ne soit comprise dans un « tout plus grand » et qui, à son tour, ne contienne des « touts moindres » (…/…) Tout homme est, en potentialité, un univers ou, comme disent les Chinois, un « Céleste ».

« Tout est dans tout ».

Cette lecture et cette réflexion me sont venues au cours d’une lunaison commencée dans le signe des Poissons, tombant, dans mon thème natal, en maison IX.

Il va sans dire que l’ouvrage de Patrick Jarnouën, « Le cosmos et la science, la stupéfiante relation entre l’être humain et le cosmos » que Jacques Vanaise présente dans le dernier numéro de la Gazette des Astrologues pourrait bien être une de mes prochaines lectures !


Maryvonne MEYER

Tradition chinoise et Astrologie humaniste

Maryvonne MEYER