la Gazette des Astrologues

n°138 - Avril 2016

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Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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Le Billet d’Humeur

Mardi 22 mars 2016 : après Paris, deux attentats ébranlent Bruxelles et la Belgique.

Or, chaque jour, ou quasiment, d’autres attentats sont perpétrés ailleurs dans le monde.  

Ceux de Paris et de Bruxelles sont évidemment plus proches et, pour cette raison, nous mettent bien davantage en alerte.

En tant qu’astrologues, nous sommes évidemment tentés de dresser la carte du ciel de ces événements.  

Pour en faire quelle analyse ? Pour tirer quelle conclusion ?

Certes, il y a actuellement ce fameux carré d’Uranus à Pluton.  Coïncidence !?  Indication et explication de ces bouleversements ?

Relevons que, selon certaines sources, les terroristes avaient programmé ces attentats au cours des vacances de Pâques ; plus de voyageurs transitant par l’aéroport de Zaventem durant cette période ; leur motivation étant de « toucher » le plus grand nombre de personnes possible…

Et de relever, fébrilement, qu’au début du mois d’avril, le Soleil Bélier rejoint et valide le carré d’Uranus-Pluton ; et qu’entre le 7 et le 8 avril, la Lune complète cette conjonction…

Mais alors, que dire et que penser de tous les autres attentats de par le monde ?

Mon propos dans ce billet d’humeur n’est absolument pas de trouver des correspondances entre des configurations astrologiques et des faits ponctuels.  Le ciel propose, mais ce sont les hommes qui décident…

Plus important est d’aborder les mutations en cours et qui, vues sous l’angle des grands cycles à la fois historiques et astrologiques, méritent une réflexion de notre part.

Les causes profondes des attentats ne sont pas à rechercher dans l’événementiel qu’on pourrait expliquer par une analyse ponctuelle des aspects astrologiques.  Il se passe toujours quelque chose sur terre et aussi dans le ciel, et il est trop facile de les mettre en correspondance, avec pour malin plaisir de tout  expliquer, de tout démontrer, avec un arrière-goût de catastrophisme.

Tentons un examen plus large de ce qui se produit dans le monde et au cœur même des aspirations humaines.

À l’origine des idées et de l'action des fondamentalistes extrémistes (qui recourent au terrorisme en se réclamant d’une application littérale et partisane du djihad), il y a principalement deux facteurs : l’effondrement politique dans le monde arabe et une interprétation extrême de la religion, en l’encontre de toute aspiration à bâtir une société moderne.

À cela s’ajoute le besoin essentiel pour les personnes, les groupes, les états… de se donner une identité.  

L’instrumentation des religions a toujours existé, mais à partir d’une certaine lecture de l’Islam, cela atteint aujourd’hui des proportions inconnues jusqu’ici.

Relevons qu’à la fin de la guerre froide, toutes les idéologies ont été déconsidérées, à l’exception de quelques états (je songe notamment à la Corée du Nord) qui sont devenus extrêmement nationalistes et tyranniques.

D’où un vide idéologique et politique qui, comme un appel d’air, a  – soit favorisé le « tout au fric »,  – soit impulsé les mouvements qui se réclament d’une lecture littérale des textes religieux.

D’où aussi une sorte de régression qui doit nous interpeller, nous astrologues, pour autant que nous nous interrogions à propos d’un glissement progressif de l’humanité vers un nouveau modèle de société, autemps du Verseau…

Sur les plans technologiques, scientifiques et économiques, nous voici sans conteste dans une phase d’expansion extraordinaire.   Mais tout se passe comme si nous vivions simultanément une régression morale.

Comment nous organiser intelligemment pour accoucher d’un autre monde ?  D’un monde qui répondrait aux aspirations humaines et qui dépasserait le premier niveau consumériste qui caractérise de plus en plus nos sociétés ?

Notre avenir doit être bâti ; nous ne pouvons seulement compter sur le temps.

Or, notre pratique de l’astrologie nous conduit à avoir une vision plus globale sur la réalité.  Si nous nous accordons un tant soit peu autour de la symbolique reconnue au « temps du Verseau », il nous faut concevoir un autre type de relation entre les personnes, les groupes, les états.

Le monde est devenu un village, mais nous restons des étrangers, les uns vis-à-vis des autres ; et alors que nous devrions être des compagnons de route.

Nous avons assisté à la fin des idéologies, tel le communisme, à l’exception de quelques îlots…  Nous avons donné la primauté à l’économique, estimant même que l’économie se justifie par elle-même et que tout le reste doit se justifier par rapport à elle.  Et de considérer les institutions responsables de l’éducation et de la culture comme devant, elles aussi, expliquer et légitimer leur raison d’être à partir de critères économiques.

Or, la culture est ce qui fait que la vie mérite d’être vécue.  Comme le dit l’écrivain franco-libanais Amin Maalouf, « les gens ne meurent pas pour des taux de change ou de croissance ».  Ils ont besoin d’adhésion et de valeur.  Ils ont aussi besoin de savoir où va le monde.  Et cela, c’est la culture qui le définit.

Autrefois, c’était la religion.  Aujourd’hui, c’est elle qui alimente certains extrémismes.

Que dire des dogmes prononcés par les religions ?  Leur force est de faire référence à ce qui est «hors nature », donc très éloigné des réalités objectives susceptibles de confirmer ou de réfuter leurs affirmations.  Leur efficacité dépend ainsi, pour une bonne part, de référents qui ne sont pas vérifiables.  Ceci fonctionne d’autant mieux que les articles de foi sont inculqués dès le plus jeune âge ou auprès de jeunes adeptes en désarroi et en errance.

Ce qu’il y a là de particulier, c’est qu’alors même que nous ne disposons pas nécessairement des mots qui conviennent pour dire l’indicible, l’infini, l’absolu, le théologien  les fige tous ensemble dans un récit et une histoire qui proclament être la vérité universelle.

Autant le savoir : se réclamer d’une tradition proclamée, c’est user d’un langage qui, à sa manière, ne fait que traduire la réalité, au risque de la trahir.  Dès lors, notre accès à ce qui est susceptible de nous relier, tous ensemble, au fondement des choses, devient un accès partiel, voire partial.  Or, cette partialité est d’autant plus regrettable lorsque l’absolutisme religieux secrète des dissensions, suscite des oppositions, cautionne des guerres fratricides.  

Cette référence à l’universel ne peut que nous interpeller, dès lors que notre horizon se confond avec la dimension du ciel...  Nous ne cessons d’y naviguer au cœur même de notre pratique astrologique, non sans situer la particularité, la spécificité, l’unicité de chaque personne, de chaque situation, de chaque phase de l’histoire par rapport à cet universel.

Et voilà précisément la clef…

Définir notre identité propre au gradient du ciel astrologique, ce n’est pas la singulariser par opposition à tout le reste, mais y reconnaître une réponse individuelle et extraordinairement originale au jeu de la vie ; toutes les autres réponses étant dès lors un enrichissement, sur le clavier universel des particularités, des genres, des races, des expériences.

Pour dépasser les soubresauts du monde actuel qui peine à accoucher une civilisation globale (comme prétend le faire l’uniformisation du monde financier et économique), il convient que nous nous interrogions plus avant.  

Cette civilisation plus globale doit préférer la complémentarité à la discrimination.  

Nous avons le droit légitime d’être fidèles à nous-mêmes, et aussi attachés à nos racines, à notre culture, à notre tradition.  Mais à condition que nous ayons en tête de les relativiser, dans la mesure où leurs expressions sont liées à des circonstances de lieux et d’époques.  L’idée sous-jacente est ici de considérer qu’une personnalité ou qu’une culture sont des moyens, non des fins en soi.

La distance qui sépare les hommes les uns des autres est d’autant plus grande qu’ils s’attachent à l’enveloppe extérieure de leur culture, de leur tradition, de leur religion.  À l’inverse, plus nous approfondissons les éléments fondateurs de notre propre culture, plus nous enlevons les pelures du fruit ; et plus nous nous rapprochons des autres, à condition qu’ils fassent le même chemin.

Par-delà ce qui nous sépare, nous divise et parfois nous confronte, jusqu’à prendre les armes les uns contre les autres, se précise ici même et à nouveau la question de l’universel.  

Or, il nous faut distinguer deux niveaux d’universalité.  Il y a celui de l’éthique qui privilégie le fond à la forme ; et il y a celui des religions, des doctrines et des systèmes (y compris économiques ou politiques) qui entendent imposer une doctrine susceptible de convenir au monde entier.

Comment faire en sorte que l’humanité parvienne à unifier ou, tout au moins, à concilier les convictions les plus diverses ?  Si ce n’est en admettant la pluralité, à savoir la transcription d’une certaine idée de l’humanité globale, de lieu en lieu, d’époque à époque, de culture à culture ?

Lors de l’édification d’un bâtiment, les divers corps de métier se doivent assistance mutuelle.  En transposant cette coopération dans le cadre d’une civilisation naissante,  nous pouvons imaginer une sorte de complémentarité entre le meilleur du christianisme, du judaïsme, de l’islamisme, du bouddhisme ; non sans insister, une fois de plus, sur le fait que la vérité ne réside pas dans le texte de chaque courant de pensée, mais dans sa profondeur.

D’où l’aspiration pour chacun (et en chacun) d’introduire dans la vie de l’humanité entière le plus d’éléments possible de sa propre culture.

Ainsi se précise la nécessité de disposer d’un langage commun et d’en définir les conditions.  Tant que nous restons dans la fragmentation des discours, dans la multiplicité des religions, dans la défense des territoires, nous restons dans l’incompréhension et la divergence.  

C’est peut-être tout l’intérêt d’un langage symbolique et multiforme comme celui de l’astrologie qui ne consiste pas à prescrire une seule réponse à la question du « comment vivre »,  mais à nous considérer et à nous concerner chacun depuis une dimension suffisamment globale et impartiale, pour nous inciter ensuite à participer volontairement, singulièrement, avec enthousiasme à l’aventure humaine.

La reliance au jeu même de la vie est une clé très singulière.  Mais une clé qui dispense de serrure, ou plutôt qui n’est destinée qu’à ouvrir toutes les portes, à ne jamais les fermer à double tour.  Une clé qui exclut l’esprit de concurrence et de compétition, mais aussi de domination et d’ingérence, là où prolifèrent les larves tantôt de la peur, tantôt du chacun pour soi.  Une clé qui invite, tout bonnement, à s’épanouir au cœur même de la vie ; vie qu’on interroge plus avant, dès lors qu’on aspire à se situer dans l’immense boucle de l’évolution, grain de sable que nous sommes et que la vague a déposé sur la page blanche de l’histoire des hommes…


Jacques Vanaise

Les attentats…

au gradient de l’universel…

Jacques VANAISE