la Gazette des Astrologues

n°150 - Avril 2017

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Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

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1996-2016

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Le Billet d’Humeur

Thérèse LACAN

En ces temps d'élection présidentielle, retour sur la présidence mitterrandienne et sa face cachée.


ANNE PINGEOT : UN PRESIDENT DE CŒUR POUR UNE FEMME D'OMBRE

Comment une relation aussi longue et aussi complexe est-elle demeurée secrète pendant tant d'années ? Comment un président-monarque a-t-il pu régner sans intervention médiatique au sein de la vie publique ?

C'est le sort qu'a connu une femme de l'ombre, Anne Pingeot. Indépendante et soumise, fine observatrice, noyée dans les méandres des jeux du pouvoir, elle a souhaité orienter sa vie en fonction de son choix affectif alors même que sa destinée a été forgée par des éléments émanant tant de la volonté personnelle du Président que de la raison d'Etat. Celle qui partagea dans l'ombre la vie de l'ancien président de la République, pudique, discrète, s'est rarement confiée aux journalistes.

Des biographies sur François Mitterrand, il y en a eu des dizaines. Mais celle de Philip Short sort du lot. L'ancien correspondant de la BBC a en effet recueilli les confidences d'Anne Pingeot, la maîtresse de François Mitterrand et la mère de Mazarine. Une première rendue possible par un proche d'Anne Pingeot qui a indiqué à l'ancienne conservatrice au musée d'Orsay qu'il était temps de sortir de l'ombre. La parution française de Portrait d'un ambigu aux éditions du Nouveau monde, en est l'illustration. Plus proche du personnage, David Le Bailly, journaliste d'investigation à Paris Match, a publié sous le titre : la captive de Miterrand, un portrait intimiste de la mère de Mazarine.


o Romantisme de jeunesse à l'épreuve de la décision imposée par le Président

De leur coup de foudre au milieu des années 60, six ans après leur rencontre, Anne Pingeot dit: "Ce n'était pas le schéma qui était prévu. C'est une affaire qui m'a dépassée.".

Et Philip Short de résumer : "elle le captivait. Il la charmait". La jeune femme de 20 ans "régénère" le politicien de 47 ans. C'est à Anne Pingeot que François Mitterrand montre la petite cabine en bois, qui deviendra sa résidence d'été à Latché. Le socialiste lui déclare alors : "On en fera notre maison". L'endroit devient un lieu de rendez-vous, mais ne sera pas le foyer d'Anne. Danielle Mitterrand, même si elle mène sa propre vie, s'y oppose. La déconvenue d'Anne Pingeot est brûlante : " Ses lettres étaient passionnées, je les croyais. J'avais fait des dessins pour la bergerie, pour l'aménagement... L'idiote que je suis ! Découvrir que l'on n'est pas la préférée, c'est le plus dur ".

Séducteur invétéré, François Mitterrand reste "libre", alors qu'Anne Pingeot ne lui sera jamais infidèle, même après sa mort. C'était... le renouvellement permanent, dit-elle. Trente-deux ans de vie intense de bonheur... et de malheur ! Parce que c'était dur, résume-t-elle. François avait une phrase merveilleuse : " Il n'y a d'amour éternel que contrarié. Méfiez-vous d'un amour paisible où tout va bien ! Quand c'est tout le temps difficile - l'amour ne s'éteint pas ".


o Le refus du divorce, assorti du choix d'une double vie

Interrogée sur la raison pour laquelle François Mitterrand n'a jamais quitté Danielle, Anne Pingeot y voit un exemple du "lien indissoluble" qui unissait le couple après la mort de leur premier enfant, Pascal, à trois mois, en 1945. Secret et pudique, François Mitterrand ne lui parla jamais de ce deuil intime. "Il n'abandonnait jamais un choix. Danielle, c'est un choix ", avance la mère de Mazarine Pingeot qui réfute l'idée d'un François Mitterrand inquiet de l'opinion publique en cas de divorce.


o L'enfant caché pendant des années, Mazarine

Désirant un enfant, Anne Pingeot était prête à mettre un terme à sa liaison avec le dirigeant socialiste si celui-ci le lui refusait. Le député de la Nièvre a hésité, s'estimant à 57 ans trop vieux pour pouponner et redoutant de mourir avant de voir cet enfant atteindre l'âge adulte, avant de capituler. C'était leur façon de s'engager l'un envers l'autre. François Mitterrand n'était peut-être pas sentimental, mais il était romantique. De fait, Mazarine est devenue la lumière de sa vie. "C'est le seul vrai cadeau qu'il m'ait fait", a glissé Anne Pingeot qui décrit une grossesse parfois difficile et solitaire en 1974, année de campagne électorale.

"À l'automne, François et Danielle Mitterrand se rendent à Cuba à la tête d'une délégation du Parti socialiste", se souvient la conservatrice, "Je touchais le fond du désespoir. J'étais enceinte de sept mois et lui, il était à Cuba avec sa femme !".


o La fin de vie auprès de ses deux familles : l'une d'entre elles a recueilli le dernier souffle du Président

C'est la thèse défendue par Anne Pingeot. Le matin du dimanche 7 janvier 1996, François Mitterrand devient agité et réveille sa compagne qui alerte le Dr Tarot. L'ancien locataire de l'Elysée veut se lever malgré les perfusions et les tubes.

Le dirigeant socialiste et son praticien avaient eu une discussion sur la fin de vie et l'ex-président avait demandé "à être liquidé quand le cerveau serait atteint". Anne Pingeot pense que cette agitation a fait comprendre au Dr Tarot qu'il était temps d'intervenir. Le médecin a renvoyé Anne chez elle. L'ancienne conservatrice au musée d'Orsay demeure  persuadée que le Dr Tarot a aidé "les choses". Philip Short se montre plus circonspect : "Avec un cancer du cerveau, la mort peut venir vite. On ne sait donc pas s'il a été aidé à mourir ou s'il est mort naturellement".

Une femme d'ombre a accompagné un Président pendant les longues années de deux septennats, sans que rien ne transparaisse aux yeux des citoyens. Par sa constance, elle a réussi à humaniser un homme de pouvoir et à forger avec lui une nouvelle descendance.

L'histoire ne dit pas si le Président aurait présidé différemment en son absence.


Thérèse LACAN

Présidente de l’association Astrolude
www.astrolude.com


La double vie du Président