l’Astro Gazette de la FDAF
Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)
200e
JUIN 2021
Billet d’Humeur
Thérèse
LACAN-MERLIN
L’astrologie, un outil de développement personnel en vogue,
Un nouveau chapitre s’écrit
Une astrologie de voisinage et de proximité
Que l’on croie ou non au pouvoir des astres, une chose est sûre, l’astrologie bénéficie d’un véritable retour en grâce depuis ces dernières années. Dans un récent épisode d’un podcast qui s’intéresse à l’évolution de la société, l’animateur et expert en marketing Grégory Pouy revient avec l’astrologue Sylvie Schramm sur ce phénomène qui touche davantage les jeunes nés dans les années 2000.
La spécialiste rappelle dans un premier temps qu’il s’agit bel et bien d’une science étudiée à l’université jusqu’au XVIIe siècle, avant d’être désavouée puis de nouveau plébiscitée dans les années 30 par, entre autres, le psychiatre Carl Jung. Elle se baserait sur un principe de physique quantique : « tout est énergie dans l’univers ». Plus concrètement, l’astrologie se révèle être un « outil de développement personnel qui donne un sens à son existence ». « Chaque anniversaire, la révolution solaire nous offre tout un champ d’expériences, de nouvelles rencontres », poursuit l’astrologue en donnant quelques clés pour s’y mettre et commencer à concevoir son thème astral. D’après elle, la crise sanitaire actuelle nous invite plus que jamais à réfléchir à l’avenir, prendre de la hauteur sur la façon de se comporter. En somme, avoir la tête dans les étoiles mais toujours garder les pieds sur Terre.
Se méfier de Mercure qui rétrograde, chercher une explication à son stress dans les mouvements des planètes ou encore demander le signe de chaque personne qu'on rencontre pour savoir à qui l'on a affaire. Voilà quelques réflexes des amateurs d'astrologie. La science occulte, qui défend l'idée selon laquelle les planètes influencent la personnalité et l'humeur d'un individu, s'offre depuis peu, un retour triomphant sur le devant de la scène. Difficile de chiffrer l'adhésion des Français à la discipline : le dernier sondage sur la question date de 2010. Réalisé par TNS Sofres pour Le Figaro Magazine, il révèle que 46% des Français croient que les signes expliquent notre caractère, et 29% pensent qu'ils déterminent ce qui nous arrive.
« Je pense que l’astrologie m’aide à construire mon identité, assure Ella. Je vois des choses sur mon signe et son fonctionnement, et je me reconnais dans certaines caractéristiques ». Pour cette étudiante de 21 ans, l'astrologie n'est « pas un outil qu'on utilise, mais des faits » qui l'aident à « se définir ». « Je pense, qu'utilisée à bon escient, l’astrologie peut donner à certains des outils d’émancipation, les aider à comprendre leur fonctionnement personnel et leurs besoins de changements dans la vie », abonde la photographe et artiste plasticienne Lily Hook. Cette Nantaise de 28 ans loue le pouvoir de la discipline « à l'opposé du self care marketé ». « Comme tout ce que j'essaie de faire pour me comprendre intimement, l'astrologie m'aide à aimer même les parties de moi les plus difficiles, à comprendre globalement ce dont j'ai besoin en tant qu'individu », explique-t-elle.
Maud, l'étudiante en art, parle quant à elle de «connaissance de soi facilitée ». La jeune femme a trouvé dans son ascendant une explication à son impulsivité, et y cherche régulièrement l'origine de ses difficultés à communiquer ou de ses sautes d'humeur. « Pourquoi ne pas avoir toutes les cartes en main pour favoriser sa relation avec soi, apprendre à se comprendre et à comprendre les autres ?», nous interroge une youtubeuse lorsqu'on aborde le sujet avec elle. Sur sa chaîne et ses réseaux sociaux, l'astrologie est devenue un sujet parmi d'autres. La jeune femme décrypte les caractéristiques de tel ou tel signe ou étudie les degrés de compatibilité entre eux. Celle qui pensait « que l'astrologie n'intéressait personne » a vu ses vidéos faire un tabac. « En termes de vue, c'est assez variable, mais le taux d'engagement, soit le nombre de commentaires et de partages, est exceptionnel. Il dépasse toutes mes attentes », se réjouit-elle.
Une astrologie de confort et de réconfort
En supposant que le mouvement des planètes et leur position au moment de leur naissance ont une influence sur leurs personnalités, les amateurs d'astrologie partent en fait à leur propre recherche. Les consultations organisées ont ainsi pour but « d'aller chercher les ressources qui vont unifier la personne, en équilibrant au mieux la boîte à outils avec laquelle on est venu sur terre ». Pour aider ses clients, l'astrologue-coach s'efforce donc de les éclairer en les amenant à constater leurs forces et faiblesses. C'est en cela que « l'astrologie a un intérêt évident pour le développement personnel puisqu'elle appréhende votre être », analyse Romy Sauvayre, sociologue à l'Université Clermont-Auvergne et spécialiste de la sociologie des croyances. « On peut vous associer à une planète et ses mouvements pour définir votre avenir.
Telle jeune femme lit les horoscopes des astrologues médiatiques. Tous les jours, d'abord, puis de temps en temps. Elle met de côté les mauvais présages « pour ne pas être démoralisée », mais essaie de savoir « ce qui va se passer au niveau professionnel ». Claire, 25 ans, commerciale à Paris, utilise les horoscopes de la même façon. Elle est tombée dans l'astrologie à 17 ans, lorsque sa mère lui offre une consultation chez une astrologue qui interprète son thème astral. « On devait parler de mon orientation professionnelle, mais elle a fait mon portrait, me parlait de ma personnalité et de ma vision du monde, de ce qui serait bon pour moi », raconte la jeune femme. L'astrologue lui assure qu'elle prendra son indépendance deux ans plus tard. « C'est la période à laquelle j'ai trouvé l'école qui me convenait, puis ensuite j'ai quitté ma ville natale » Aujourd'hui, la discipline « ne me force pas à faire des choses, ne me donne pas l'impulsion, mais la motive », explique la jeune femme.
On est loin de l'image de la cartomancienne de foire qui prédit des événements précis. « L'astrologie n'est pas un outil pour orienter les choix des gens, assure-t-on mais elle aide à devenir maître de ses choix en connaissance de cause » Telle autre, qui pratique parfois l'astrologie pour ses amis, partage son point de vue. « Il y a quelque chose de l’ordre de la potentialité, c’est une dimension très importante de l’astrologie. Il faut penser en termes de disponibilité. Elle ne nous enferme pas mais nous dit "je suis née avec telle potentialité". Rien n’est plus oppressant que de penser qu’il faut faire tel métier et avoir tel nombre d’enfants. L’astrologie serait devenue plus flexible, plus adaptable.
Toujours est-il que l'observation des astres peut venir combler le vide de l'inconnu. « L’idée de l’incertitude est anxiogène, rappelle la sociologue Romy Sauvayre. On est tous confrontés à une série de choix que l'on fait à l’aveugle. Et tout à coup, quelqu’un nous dit qu'il a des suggestions et l’affirme avec assurance »
Observer les étoiles pour prendre de la hauteur. Chez nombre de ses adeptes, l'astrologie satisfait un désir de spiritualité que les religions ne comblent pas, ou plus. « On n'a plus rien en quoi croire, donc on se tourne vers des choses liées aux énergies naturelles, à l'univers dans sa globalité, plutôt que d'idolâtrer des personnes qui sont peut-être inventées de toutes pièces », lance Aurore, une professeure de yoga. L'idée est de « se remettre à une échelle où on est un peu plus humble, moins maître de ce qui nous arrive ».
« Cette idée, de quelque chose de plus grand que nous, est agréable, abonde Claire, commerciale à Paris. Ça va avec d'autres courants de développement personnel comme la pensée positive, qui ajoutent un peu de spiritualité dans le quotidien ».
Pour adhérer à l'astrologie, encore faut-il croire en l'idée que les astres ont une influence sur l'homme, ce qu'aucune étude n'a jamais démontré. Mais c'est justement cette croyance, presque choisie, qui séduit bon nombre d'adeptes. « On parle souvent de personnes ayant un sentiment de vide, qui cherchent un sens à leur vie, et on se dit qu’ils adhèrent à ces croyances parce qu’ils avaient besoin de croire, observe Romy Sauvayre. Mais si on est plus pragmatique, on se dit que la croyance répond à une question. Quand on a une question, on la pose à quelqu’un, et quand on trouve une réponse qui nous paraît probable ou suffisamment bien construite, on l’accepte »
Coup de chance pour la plupart, l'astrologie s'appuie sur des mesures astronomiques qui, elles, sont bel et bien scientifiques. De quoi pousser certains sceptiques à sauter le pas. « Il y a bien des gens qui suivent les phases de la lune pour le jardinage, alors pourquoi ne pas le faire pour les humains ?», lance Claire.
L’astrologie est entrée dans un nouveau monde. Celui de ceux qui sont appelés à en rebâtir les structures endommagées par des évènements planétaires. En première ligne du fait de leur âge, les jeunes s’interrogent sur les valeurs reçues en héritage et souhaitent arbitrer des choix sociétaux. Pour répondre à leurs désirs, ils n’hésitent pas à mettre en œuvre leurs multiples compétences.
Thérèse LACAN
Fondatrice d’Astrolude
www.astrolude.com/