la Gazette des Astrologues

n°166 - Août 2018

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“Sur le Vif”

La chronique de

Jacques VANAISE

Notre engagement dans le monde et dans la vie nous modifie, lui aussi, immanquablement.  Mais nous restons bons joueurs. En l’occurrence, nous sommes amusés et même ravis de nous découvrir de nouvelles aptitudes et de nouvelles aspirations, à mesure que les circonstances se présentent à nous et qu’elles nous sollicitent et nous interpellent… autrement.

Dans le monde de la nuit, il n’en va pas de même et gageons que l’enfant intérieur (Cancer – Lune) nous fait aspirer à ce qu’une main apaisante nous guide et nous protège.  

Que penser dès lors d’une Lune conjointe à Pluton ?  Peut-on lui faire confiance ?  

Est-ce de cette Lune ensorcelante que découle la peur de la mort, mais aussi la peur de l’endormissement, exprimées par Roland, à défaut de la sauvegarde d’une compagne ? Alors même que, de jour, en pleine activité, il lui est si aisé d’explorer avec enthousiasme et appétit (Mars culminant en Taureau) le monde et de le conquérir, à satiété…

Revenons à Déméter.  Elle sait que sa fille n’a pas réellement disparu.  De même, nous savons que durant le sommeil nous ne nous évaporons pas totalement dans l’infini océanique des songes (Nœud Sud en Poissons, Soleil et Vénus dans un signe d’eau et dans le Secteur XII, Neptune en Scorpion en carré à Mercure).

Mais si Perséphone / Coré, en tant qu’Immortelle, réapparaît sur terre, périodiquement intacte, et si nous revenons le matin à la lumière du jour le plus souvent pareils à ce que nous étions la veille, il en va autrement lorsque nous approchons de trop près le monde des enfers symbolisant ici le monde de la mort et le monde de l’inconscient.  Cet inconscient que Roland souhaite explorer, découvrir, connaître, sachant que les méandres de son monde intérieur n’ont pas les mêmes courbes que les horizons qui, de ce côté-ci du « miroir », dans la réalité objective, l’appellent à l’aventure.

En ce qui concerne les traits propres à Cérès et que Roland ne reconnaît pas dans sa façon d’être, voire même qu’il estime insupportable de considérer, relevons que Déméter a compris qu’elle n’était pas préparée à la perte de sa fille, perte qui dans le mythe conduit à la disette, suite à son absence.  D’où l’importance de l’art de l’agriculture enseigné aux hommes pour remédier aux caprices de la nature, car celle-ci a beau être créatrice et généreuse, encore convient-il de la gérer, voire de la discipliner (Cérès / Vierge).  

En transposant cet aspect du mythe et pour mieux saisir sa mise en œuvre dans le thème de Roland, il s’agit de compléter les prises d’initiative et les élans enthousiastes (Mars culminant opposé à Neptune) par une mise en œuvre prenant en compte les aléas du quotidien. C’est ce que ferait volontiers le Nœud Nord en Vierge. À ceci près que l’application au travail et le soin accordé aux détails, tels que les préconise le mythe de Déméter, risquent de ne produire qu’une seule récolte qui serait la marque d’une fin.  Rien ne peut ici être achevé. Tout ne peut être qu’un état de transition, suivi d’un renouveau.  En cela, Jupiter apprécie plus que tout le renouvellement des horizons.  Il y a pour lui toujours de nouveaux territoires à explorer, à conquérir, à posséder.

Mentionnons que dans le mythe, la séparation entre Déméter et sa fille est difficile, voire impossible à vivre.  On peut augurer que la note Cancer et son opposition à Saturne, dans le thème de Roland, appréhende aussi les « abandons ».

Dans le Secteur XII, cette idée de l’abandon se conjugue avec celle de l’exil.  De quoi pouvons-nous être exilés ?  Mais de notre inconscient, voire de notre subconscient neptunien, ce qui correspond bien au Soleil Cancer dans le Secteur XII.

Être incarné dans un espace-temps, c’est être coupé de l’héritage collectif et universel (Neptune) pour assumer et assurer la réalité jupitérienne d’une autre forme d’amplitude, dans un élargissement continu de nos frontières.  

Dans ma chronique précédente du mois de juillet, j’ai souligné l’ambition de Roland en indiquant la revanche d’une conquête (Mars) et d’une ambition (Jupiter), toutes deux caractérisées par une faim d’expansion, comme pour remplir le vide ressenti subconsciemment.

Dans le mythe, il revient au psychopompe de rétablir le lien avec le monde inconscient des enfers.  Mercure valorisé à l’Ascendant et en carré à Neptune, dans le thème de Roland, y pourvoira-t-il ?  On pourrait s’attendre à ce que la Lune (l’imaginaire) assure, elle aussi, ce cordon ombilical…  Mais sa conjonction à Pluton (Hadès) est troublante…  Ne serait-elle pas complice des forces sombres capables d’un envahissement de la conscience ?

Notre entrée dans le monde brise assurément l’unité de l’imaginaire inconscient (Neptune et le Secteur XII), tandis que l’application avec laquelle Perséphone entend contrôler les choses évoque notre capture par la réalité du monde.

Que veut dire cette capture ?  C’est, pour Déméter, accepter que l’UN se fragmente en une multiplicité de formes, de lieux, de fractions de temps. Déméter voit en effet dans le zèle avec lequel sa fille entend désormais gérer l’ordre naturel et encourager les hommes à travailler la terre avec précision et régularité une perte de confiance dans l’ordre divin.  

Ceci nous rappelle l’épisode de la sortie d’Adam de l’Eden. Déchu de son caractère divin, l’homme doit désormais travailler la terre et mériter son pain à la sueur de son front…

Qu’importe !  Le jupitérien entame le voyage terrestre avec confiance, alors que la Vierge aspire à connaître la fin de l’histoire, avant même qu’elle ne commence, refusant le frisson de l’inquiétude et se gardant de vivre le frisson de l’aventure et de l’inconnu.

Il existe pourtant un lieu, un monde, un moment où un inconnu majeur survient : dans l’instant de la mort, dans le glissement du sommeil, dans le mystère du rêve, dans l’émergence des forces inconscientes…

Revenons au thème astrologique de Roland. La confrontation de son Soleil Cancer à Saturne nous rappelle le rôle séparateur de Chronos qui s’emploie à couper le cordon ombilical qui nous relie chacun à l’univers fusionnel et originel d’où nous émergeons à la naissance (Soleil Cancer en Secteur XII– se reporter à ma chronique précédente).  Mais le rôle de Saturne est aussi de ralentir et de conditionner la croissance du grain enfoui dans la terre. Grain qui doit permettre de multiples récoltes futures (Jupiter), mais pour autant que, désormais, l’art de l’agriculture de même que la sage prévoyance de Cérès interviennent, à seule fin d’éviter le gaspillage, confondu ici avec la dispersion jupitérienne et l’excès d’idéalisation neptunienne.

Nous songeons ainsi à la dualité que désigne la psychanalyse entre la double version du processus anal : tantôt retenu ou replié (Vierge / Cérès), tantôt relâché (Scorpion / Pluton).  

Nous pensons aussi au concept d’un flux continu et implié de l’univers, tel qu’il se déplie dans la diversité ; alors même que nous oublions que les innombrables objets ou entités qui nous entourent et dont nous faisons notre quotidien ne sont que la manifestation démultipliée et infiniment diversifiée d’une plénitude indivise, en état de flux et de changements constants.

À propos du stade « anal », méditons quelque peu sur le Secteur VIII, en analogie à Pluton / Hadès.  

La pulsion de mort qui nous habite entend éroder ce qui nous banalise. Nous retournerions volontiers à la case « départ » où tout est encore possible et où tout se régénère sans fin.  La sève de vie, confondue avec la libido, dénonce la précarité de notre investissement en périphérie, dans la vie. Cela peut tout aussi bien nous mettre en appétit (toujours plus : Jupiter) qu’en retrait ascétique (se limiter, se contrôler, se discipliner : Saturne).

Que deviendrons-nous lorsque nous serons dépossédés de tout, au moment de mourir… ?

Rien d’autre que la trace pathétique d’un parcours où "pierre qui roule n’amasse pas mousse… ?"

la suite...

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Sur le vif

La chronique de Jacques Vanaise  (1er août 2018) (page 2)