la Gazette des Astrologues

n°166 - Août 2018

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“Sur le Vif”

La chronique de

Jacques VANAISE

Si vous êtes en vacances (ce que je vous souhaite), je vous propose de disposer d’un peu de temps pour lire cette chronique plus longue que d’habitude…

J’aimerais revenir sur le thème exposé dans ma chronique de juillet pour en compléter l’analyse. Souvenez-vous, il s’agissait de la carte du ciel de Roland (prénom fictif).

En conversant avec lui, il me disait se reconnaître dans chacune des planètes, sauf une, Cérès (que j’attribue « par maîtrise » au signe de la Vierge).  

En voici quelques traits, tels que présentés à Roland : analyser, s’occuper des détails, mettre en ordre, classer, mesurer, fignoler, être efficace (ce descriptif n’est évidemment pas exhaustif).

Au cours de notre conversation, j’ai pu aussi percevoir qu’il ne se sentait pas très en accord avec Saturne. Oui, il sait qu’il doit faire preuve de mérite… Mais son signe solaire Cancer aspire de son côté à être reçu et accueilli inconditionnellement.

Dès lors, pour mériter malgré tout le jugement favorable de Saturne, il développe comme par défi l’ambition jupitérienne.

Relevons que Saturne et Jupiter sont tous les deux dans le Secteur VI et en opposition large au Soleil.

Ce qui est très particulier, c’est que Roland souligne avec insistance qu’il ne supporte pas de dormir seul. Se retrouver seul au lit, au moment d’aborder le sommeil, cela est pourtant assez commun.  Cela nous arrive à chacun d’entre nous, lorsque notre épouse, compagne ou compagnon s’absente… Mais cela prend une tout autre dimension pour Roland.  J’y reviendrai.

Roland me dit aussi, avec la même insistance, sa crainte de la mort.

Comment relier cette peur de la mort aux données de son thème astrologique ? Elle nous conduit à observer la conjonction de la Lune à Pluton, dans le signe de la Vierge ; tandis que Cérès (que j’attribue donc, personnellement, à ce signe) est dans le Secteur VIII, analogue au Scorpion et à Pluton.

Pourquoi as-tu peur de mourir ? lui demandai-je. Parce que j’ai peur de ne pas avoir terminé.  Terminé ?  Oui : « assez » fait…  Et de penser à la double opposition de Jupiter et de Saturne à son Soleil ; alors même que l’enfant Cancer ne souhaite qu’une chose : qu’on le laisse vivre tranquillement et qu’on prenne bien soin de lui.  Nous en sommes loin.

Pour approfondir mon analyse astrologique, je m’attacherai à établir un lien entre le rejet par Roland de la note Vierge / Cérès mentionné plus haut et sa peur de la mort…  

Tel un détective, j’irai à la rencontre des protagonistes (ou des suspects)…

Menons notre investigation en nous fiant à ce que raconte le mythe de Déméter et de sa fille Perséphone, appelée aussi Coré. Fille de Zeus et de Déméter, Perséphone est l’épouse d'Hadès et, comme telle, déesse du monde souterrain (les Enfers).  Elle est associée au retour de la végétation au printemps dans la mesure où, chaque année, elle revient six mois sur Terre, puis rejoint Hadès durant six mois dans le royaume souterrain.  

Mais cela, vous le savez aussi bien que moi.

Et Cérès alors ?  Cérès récupère chez les Romains la mythologie de la déesse grecque Déméter.  Elle est la fille de Saturne et de Rhéa.  C’est elle qui apprit aux hommes l'art de cultiver la terre, de semer et de récolter le blé.

Pour la suite de mon propos, je relève donc dans le récit mythique, aussi bien à propos de Cérès / Déméter que desa fille Coré, des correspondances avec le signe de la Vierge, mais aussi avec Zeus / Jupiter, Chronos / Saturne et Hadès / Pluton.

Je rappellerai quelques éléments du mythe qui met en scène ces différents personnages.  

Déméter veille étroitement sur sa fille, soucieuse qu’elle est de sa virginité. Or, un jour, Perséphone se fait enlever par Hadès. Déméter a entendu le cri de sa fille et, se mettant en quête de la retrouver, elle apprend que c’est Hadès qui l’a enlevée. Déméter se met à errer, délaissant son œuvre, si bien que la terre s’appauvrit et que les récoltes s’amenuisent.  

Zeus / Jupiter craint que les hommes ne puissent plus faire leurs offrandes aux Dieux et mandate Hermès (Mercure) pour demander à Hadès de restituer Perséphone à sa mère. Hadès feint d’accéder à cette requête, mais donne à manger à Perséphone un pépin de grenade (symbole de fertilité).  Or, ce grain rouge issu d’un « fruit infernal » est une parcelle du feu chtonien (à savoir relatif aux divinités infernales et souterraines).  En rejoignant sa mère à la surface de la terre, Perséphone apportait ainsi aux humains la Connaissance du Feu Intérieur.  Mais ce feu doit être régénéré, périodiquement ; comme doit l’être la nouvelle sève, venant des profondeurs de la terre, sollicitée par la lumière croissante du printemps.

Ainsi se détermine par l’alternance des séjours de Perséphone sur terre et dans les enfers le cycle des saisons.

Retenons, pour notre enquête, que ce mythe nous parle évidemment du rapport à l’au-delà et à la mort.

Comme pour la mort, la capture par Hadès de Perséphone se fait en une seconde, par surprise et à son insu.  Ce qui introduit le piège de l’inattendu.  Mais d’un inattendu particulier qui ouvre une faille, une fracture, un abîme ; d’un inattendu bien différent du « non encore connu », à savoir de tout ce qui est (encore) à découvrir et qui, de son côté, enchante le Jupitérien dans ses conquêtes et ses découvertes. (Jupiter dans le thème de Roland est opposé au Soleil, son Nœud Lunaire Sud est dans le Secteur IX).

Ce compromis accepté avec Hadès quant au séjour alterné de Perséphone dans le monde des vivants et dans celui des morts nous satisfait-il lorsque nous le transposons dans notre propre existence, entre vie et trépas ?  Sûrement pas, à moins que nous soyons persuadés d’une périodicité entre notre vie terrestre et un hypothétique au-delà…

Épinglons ici l’adage attribué à l’empereur philosophe Marc Aurèle : « souviens-toi que tu vas mourir ».  Comment neutraliser cette évidence ?  Comment la défier ?  Comment neutraliser cette absurde échéance ?

Associons à cela cet autre aphorisme.  Lors de leurs triomphes, il était rappelé aux vainqueurs, chez les Romains : « regarde derrière toi et souviens-toi que tu n’es qu’un homme ».

Le Jupitérien conteste : par ambition, par conquête, par expansion, par croissance, décide-t-il, j’habiterai le temps et l’espace, je réaliserai de grandes choses, je laisserai une trace, j’imprimerai ma marque de ce côté-ci de la vie, si bien que la terre continuera à produire à partir des grains que j’y aurai laissés.

Cela nous fait songer à la permanence de ce que le grain transmet ; mais aussi à la question de savoir ce qui vraiment persiste ; en contraste à ce qui, inévitablement, change, se transforme, meurt pour renaître autrement…  

Ainsi, comment se fait-il qu’au réveil, le matin, nous nous reconnaissons semblables à ce que nous étions la veille, en nous couchant ?  Nous avons pourtant voyagé durant la nuit dans le monde des rêves et ceux-ci auraient pu nous métamorphoser ; ou mieux, nous réinventer, à notre insu…

la suite...

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Sur le vif

La chronique de Jacques Vanaise  (1er août 2018)