l’Astro Gazette de la FDAF

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

n°206 - Décembre 2021

Billet d’Humeur

Marie-Paule
BAICRY

Sagittaire : le monde du sens


L’astrologie nous enseigne que toute mutation, de nature plutonienne ou Scorpion, devrait déboucher sur le monde du sens qui lui, est représenté par le Sagittaire –, actuellement traversé par le Soleil, Mercure et le Nœud Sud, puis Mars y passera jusque fin janvier 2022. En effet, dans le processus décrit par le zodiaque, le signe du Scorpion est immédiatement suivi par celui du Sagittaire. Nous pourrions même dire que toute mutation devrait être sous-tendue par ce monde du sens, sinon à quoi servirait-il de se métamorphoser, si cela n’avait pas de sens ?

Or, voilà bien une question qui mérite d’être posée collectivement, depuis bientôt deux ans de crise mondiale où des mesures illisibles, aussi insensées qu’incohérentes et destructrices, se sont empilées un peu partout. Une fuite en avant vers le précipice du transhumanisme agite les gouverneurs du monde qui ne reculent devant rien pour y expédier l’humanité tout entière, coûte que coûte.

La figure du Centaure qui illustre le signe du Sagittaire nous propose, un peu comme chaque signe du zodiaque, deux voies. La première, lumineuse, nous invite à maîtriser le cheval des instincts grâce à notre part d’humanité tendue vers le feu spirituel de l’étoile qu’il vise avec sa flèche, afin que cette lumière vienne irriguer et nourrir notre incarnation. La seconde, plus sombre, use du feu spirituel de cette même étoile comme d’un feu destructeur mis au service de nos passions et réflexes animaux qui en arrivent à commander également notre part humaine, dans un retournement de valeurs.


De l’usage insensé des mots


Ce retournement pervers, nous le retrouvons actuellement dans la gestion de la crise, et ce, jusque dans l’usage fait des mots, reliés à l’énergie des Gémeaux, signe complémentaire du Sagittaire. A ce titre, ce dernier devrait en intégrer le sens profond et lumineux plutôt que de faire perdre aux mots leur véritable signification à force d’être tordus et dévoyés.

Ainsi, nous constatons qu’une « recommandation », terme qui normalement contient la possibilité de la suivre ou non, aboutit aujourd’hui à une exclusion pour celui qui s’aviserait de ne pas y souscrire. Ce que l’on nomme actuellement « liberté » de vivre sa vie est conditionné par l’acceptation d’une surveillance des déplacements, loisirs, moments de convivialité, par un « laisser-passer »... obtenu en obéissant à la doxa en vogue. L’on nous vend la « protection » par un produit qui ne « nous protège ni de la contagiosité ni de la maladie », nous dit-on en même temps ! « Les chiffres ne se discutent pas », mais s’avèrent biaisés sinon faux. N’y a-t-il pas là de quoi perdre son latin ?

Cet usage trompeur des mots (qui pourrait encore s’aggraver durant le passage de Mercure exilé en Sagittaire où Jupiter, son maître, amplifie ce qu’il touche) sert une honteuse propagande gouvernementale et médiatique visant, après avoir engendré la peur, à soumettre la population. Cette dernière, à force d’être inondée de messages contradictoires, s’est majoritairement laissée hypnotiser par un véritable lavage de cerveaux à travers un flot ininterrompu de mensonges répétés jusqu’à la nausée, jusqu’à ce qu’un esprit même sain finisse par s’y habituer et ne plus pouvoir les mettre en doute.

Ces « arguments » déversés quotidiennement ont conduit un grand nombre de personnes à donner leur pouvoir à leur peur : du virus, de ses multiples variants, de la maladie, de l’autre possiblement contagieux, de la mort. Cette peur a permis d’attiser et d’exacerber les plus bas instincts de l’être humain, ceux de notre part animale de centaure sauvage qui, se sentant en danger, se met en mode défensif voire agressif et offensif. Elle a engendré la soumission à une « autorité » prétendant « protéger » son peuple tout en ayant perdu toute limite éthique et même légale. Que cette obéissance aveugle se fasse « contre » les autres, vient renforcer une « rivalité » naturelle aux accents fratricides que nous portons tous en nous. Et la jouissance de biens ou de plaisirs réservés aux « gentils » obéissants et interdits aux « méchants » récalcitrants, ne fait qu’augmenter le plaisir d’en « profiter » et de « vivre » soi-disant « comme avant » une « liberté » pourtant sous cloche et conditions.


Liberté conditionnelle


Cette « liberté » assortie d’obligations et d’interdits, de discrimination et de division devenues la norme dans une indifférence quasi générale, est magnifiquement symbolisée par le carré entre Uranus (la liberté) et Saturne (sous surveillance). Ce carré décroissant (c’est-à-dire un aspect de tension allant vers la fin du cycle commencé en 1988), est en train de se reformer en ce mois de décembre 2021, pour la troisième fois en un an, dans ce contexte sagittarien de direction à prendre et de sens à donner (l’aspect sera exact le 24 décembre).

Je l’ai évoqué à plusieurs reprises (article de février 2010 au moment de l’opposition entre ces deux planètes ici, conférence FDAF de novembre 2020 sur le Minotaure et le Ciel étoilé), ce lien planétaire nous renvoie au mythe de la castration d’Ouranos par son fils Cronos-Saturne. Saturne, planète de terre, s’allie à Gaïa, sa mère la Terre, pour trancher les organes génitaux de son trop fécond père, le Ciel étoilé. Ce dernier en effet, chaque nuit, couvre son épouse et lui fait des enfants monstrueux qu’il déteste au point de leur interdire de sortir du ventre maternel qui, de ce fait, grouille de cette vie monstrueuse et chaotique. Le feu du Ciel est, pour la Terre et son monde incarné, de la nature d’une foudre destructrice. L’un des résultats de la castration d’Ouranos par Saturne est la libération des enfants d’Ouranos de leur enfermement dans les profondeurs de l’inconscient de la Terre. Un second effet est de rendre le feu du ciel plus acceptable par la Terre-Matière en ce qu’il se fait « langues de feu » plutôt que feu foudroyant. Mais une autre conséquence encore est la rupture entre la Terre-Matière et le Ciel-Transcendance, rupture aboutissant à une culpabilité telle, qu’elle engendre chez Saturne un exercice du pouvoir dur et rigide, inflexible et autoritaire pour ne pas dire dictatorial. Au point que le dieu avale ses propres enfants par peur d’être détrôné par l’un d’eux.


Nous sommes en plein dans cette symbolique, en cette année 2021 où ce conflit présent dans le ciel à travers le carré Uranus Saturne, fait rage sur la Terre. Dans un article de septembre 2004 intitulé Bilan des cycles planétaires, André Barbault écrivait à propos des cycles historiques (analysés depuis 1625) de ces deux planètes sèches1 :


« Il n’est pas d’étapes historiques où l’Europe ait connu d’aussi manifestes « mises au pas » totalitaires que celles de Richelieu, des deux Napoléon, de la Sainte-Alliance des autocrates européens et de Hitler, quelles que soient les différences qualitatives de ces affirmations. Ce qui se dégage de la ligne de cette série [de cycles Saturne-Uranus], à travers diverses variantes, est la manifestation uranienne d’une affirmation aventureuse d’intérêts, que sous-tend une avidité saturnienne ; ambition sèche et dure, concentrée dans ses objectifs, à tonalité de jusqu’auboutisme et d’extrémisme. »


Je laisse au lecteur le soin de méditer ce propos et de le rapporter éventuellement à notre actualité s’il le juge pertinent – toute ressemblance avec elle serait-elle fortuite ? Contentons-nous simplement de donner ici quelques mots-clefs se rapportant au côté sombre de Saturne et d’Uranus.

Séparer, diviser pour mieux régner, discriminer ; contraindre, obliger, interdire ; culpabiliser, accuser un bouc émissaire, punir... ainsi œuvre Saturne lorsqu’il s’est coupé de la dimension spirituelle de verticalité.

Engendrer des monstres, les refouler dans la confusion, créer le chaos et la démesure ; déstructurer, rompre, faire exploser ; heurter, choquer, scandaliser... ainsi s’exprime Uranus dans son côté le plus sombre.

Vous trouverez, si vous le souhaitez, d’autres mots-clefs, balayant les différents niveaux possibles de la symbolique de Saturne et d’Uranus, ainsi que ceux de leur rencontre, dans l’un des articles déjà cités plus haut (voir ici, article de février 2010).


Centaure guérisseur


Alors que s’intensifie la pression, sur les peuples du monde entier, de gouvernements soumis aux multinationales qui œuvrent ensemble sans scrupules à travers le Forum économique de Davos, il est plus qu’urgent d’aller vers la Lumière de l’étoile du Sagittaire. Chiron, le Centaure guérisseur, qui astronomiquement circule entre les orbites de Saturne et d’Uranus comme pour créer un lien harmonieux entre eux, peut nous guider dans cette voie de Sagesse et d’Amour. C’est parce qu’il est intérieurement aligné qu’il est guérisseur. À l’écoute de « ses tripes » (sensations physiques) autant que de son cœur (monde intime sensible), des pensées qui le traversent (domaine intellectuel) autant que de ses perceptions subtiles, il met son animalité de cheval et sa personnalité d’être humain au service de la Lumière de la transcendance. Lorsqu’il sera blessé par une flèche d’Hercule empoisonnée par le sang de l’hydre de Lerne, c’est-à-dire par le poison d’une animalité non maîtrisée par un héros ivre de sa puissance matérielle coupée de la transcendance, Chiron préférera la mort à cet état de bête blessée. Et cette mort le conduira à devenir constellation du Centaure (ou du Sagittaire selon certains), c’est-à-dire guide lumineux pour une humanité en quête.


Puissions-nous, nombreux, lever les yeux vers le Ciel et élever notre cœur à la dimension d’amour guérisseur du divin Centaure. Ainsi pourrons-nous retrouver, individuellement et collectivement, notre lien à la transcendance, au Ciel étoilé uranien, qui nous a laissé en héritage Vénus – l’Amour –, née de son sperme lumineux mêlé à l’écume des eaux marines du monde sensible, après sa castration par Saturne. De la fuite en avant effrénée – et inconsciente pour beaucoup – vers le transhumanisme rêvant d’une immortalité technologique pour certains et d’une surveillance généralisée pour les autres, nous pourrons alors passer à un cheminement conscient vers le temps de l’ère d’un Verseau apaisé. Pour ce faire, nous aurons à accorder l’énergie de ses deux maîtres, précisément Saturne et Uranus dont nous évoquions le conflit, en travaillant à structurer (Saturne) sur Terre de nouveaux champs de Lumière uraniens et des expansions jupitériennes de conscience. Ainsi pourra s’incarner la coulée de l’eau vive immatérielle du Ciel uranien grâce à des cadres saturniens renouvelés et accordés aussi bien à la réalité du monde incarné, qu’à la puissance des langues de feu céleste. C’est par cette reliance intime de chacun à son étoile que nous pourrons, après le chaos, reconstruire un monde humain, de coopération solidaire et fraternelle.


Images : Photos Baicry. 1. Vézelay. 2. Avallon. 3. Giorgio Vasari et Cristoforo Gherardi - La Mutilation d'Uranus par Saturne. 4. Saulieu, chapiteau.

Renouer avec le sens

Marie-Paule BAICRY

30 novembre 2021

03.88.64.10.88

Consultations et accompagnement.         

Cours d’astrologie et Ateliers de méditation.

marie.paule.baicry@gmail.com

https://www.mariepaulebaicry.fr/

Tous droits réservés.

_________________________

1  Saturne = planète de terre = froid et sec ; Uranus = planète de feu = chaud et sec ; qualité élémentale commune et donc dominante dans leur rencontre = sécheresse.