l’Astro Gazette de la FDAF

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

n°206 - Décembre 2021

Billet d’Humeur

Qui sera élu en 2022 ? (II/III)

Louis
SAINT-MARTIN

louis.saint.martin@pronoia.fr

Dans mon précédent article j’émettais une simple hypothèse de travail : le thème de l’élu ou de l’élue de 2022 devrait fort probablement présenter une valorisation des rapports Jupiter/Neptune.

Cette hypothèse ne m’avait pas été inspirée par mon Neptune à l’ascendant (quoique, comme aurait dit Raymond Devos) mais elle reposait sur une série d’observations, sinon d’expérimentations (il est difficile d’« expérimenter » en Astrologie du fait même que nous ne pouvons enfermer le ciel dans un laboratoire…) et, en cela, elle respectait les canons d’une méthode « scientifique » qui se fierait à un certain empirisme.

En quoi consistait ces observations consistaient ?

A remarquer et à relever la place de Jupiter/Neptune dans le thème d’une longue série de gouvernants français.


Mais on pourrait se demander pourquoi précisément mettre en valeur Jupiter/Neptune ?

La réponse est assez aisée pour qui s’efforce de pénétrer le sens profond des symboles universels que nous mobilisons en astrologie.


JUPITER, roi des dieux, représente l’autorité. Autorité reposant avant tout sur la notion d’unification, de rassemblement sous des lois communes (religieuses, philosophiques, politiques, culturelles) et de la capacité à les « représenter ». Il est donc logique d’affecter sa maîtrise au signe du Sagittaire qui, sous l’angle individuel, évoque l’effort d’unification intérieur, de résolution des dualités multiples qui nous divisent et que nous ne pouvons résoudre qu’en choisissant de donner un sens à la fois individuel et collectif à notre existence en vue d’un authentique accomplissement (l’arc, la flèche, la cible… je n’insiste pas) accomplissement qui nous fera accéder à une autorité vraie : celle qui – étymologiquement parlant – consiste à « faire grandir » les autres en leur apportant les éléments indispensables à leur croissance morale et spirituelle. D’où l’importance de Jupiter et du Sagittaire en matière d’éducation.

Au niveau collectif, possède l’autorité celui qui est chargé de guider la collectivité dans le cours changeant des époques et des âges. Pendant treize siècles, cette fonction était dévolue au Roi, dont l’autorité reposait sur la délégation qui lui en était faite par Dieu et qui faisait de lui, le « sergent de Dieu », le « lieutenant du Christ ».

Il en est tout autrement aujourd'hui où cette autorité – par le truchement de l’utopie démocratique – est dévolue à celui qui, ayant réussi un long et harassant parcours du combattant dans le marigot des ambitions politiques déchaînées, aussi soucieuses du Bien Commun que moi de ma première brosse à dents, aura su manifester l’allégeance indispensable à ceux qui décident vraiment des destinées de notre pays, et possède la capacité de séduire ceux – vous et moi - que l’on a soigneusement préparés à l’élire en lui servant le discours le plus susceptible d’emporter leur adhésion, matraqué par un appareil médiatique tout-puissant… et totalement asservi aux puissances d’argent. En un mot : l’électorat.

Il existe quelques remarquables et fragiles exceptions à cet état de chose, mais, sauf à s’appeler Jeanne d’Arc, elles n’arrivent jamais au pouvoir. Au moins jusqu'à présent.


NEPTUNE, quant à lui, opère une action, absolument contradictoire et complémentaire à celle de Jupiter (c’est pourquoi le Sagittaire et les Poissons sont en carré dans le zodiaque).

Alors que Jupiter et le Sagittaire, unifiaient et regroupaient le collectif  (ou toute autre forme de réalité) sous une règle commune, un destin commun, des repères – notamment historiques – une histoire et une destinée communes, Neptune et les Poissons, eux, ont pour fonction d’effacer et de dissoudre, voire de transgresser, l’édifice vertical jupitéro-sagittairien, pour retourner à un état de disponibilité originel riches de toutes possibilités à venir (en analogie avec l’océan au sein duquel la vie serait née en ses multiples formes) en opérant la dissolution des principes mêmes qui avaient présidé à la provisoire unification/organisation jupitérienne.  Cela en vue d’une nouvelle forme de manifestation censée être meilleure, plus inclusive, plus universelle et répondant mieux à la nostalgie du « paradis perdu » qui habite le cœur humain, comme l’habite le mystère de ses origines…

Ce qui s’explique que Jupiter et le Sagittaire clôturent la triade d’automne qui nous renvoie aux valeurs collectives, bien terrestres – disons spatio-temporelles -, qui nous conditionnent, alors que les Poissons, en clôturant le zodiaque par le triade d’hiver et ses valeurs transcendantes (« plus-que-personnelles » écrirait un astrologue « humaniste ») nous renvoient à l’illimité, au « non-conditionné » (pour parler comme un astrologue « conditionnaliste ») et nous préparent à accueillir l’infini ou l’absolu dans nos existences sous une forme quelconque .


Pendant les treize siècle sus-évoqués – du baptistère de Reims, à la guillotine place de la « concorde » (quel humour macabre !) l’alliance de ces deux dispositions fut exemplaire :

- à l’autorité politique : le Roi, dont l’autorité reposait avant toute chose sur l’alliance avec le divin qui en limitait l’exercice.

- à l’autorité spirituelle : l’Église ou, tout au moins, sa Tradition constante, dont l’autorité consistait à inspirer et à guider le politique dans sa tâche.


Cet équilibre « miraculeux » fut détruit à la révolution.

Désormais pouvoir politique (ressort de : Jupiter-Sagittaire) et pouvoir transcendant (Neptune-Poissons) s’acharnèrent à se faire la guerre l’un l’autre, du fait que le second fut alors décrété comme soumis à la volonté de l’homme et non plus sujet d’une « révélation »et d’une « tradition » .

Chaque citoyen fut alors décrété à la fois comme Dieu et comme Roi (suffrage universel décidant de nos lois et valeurs aussi bien morales, sociales que politiques) et comme Sujet soumis à une très mystérieuse « volonté générale » (voir les divagations de Rousseau à ce sujet).

Or, dès le moment où la règle ne nous vient plus d’une autorité transcendante mais est laissée à la libre décision de chacun, on sait ce qu’il advient : la guerre de tous contre tous (Hobbes) qui oblige à faire appel à un « sabre » (dixit Robespierre). Ce qui ne manqua pas de se produire avec Bonaparte.

Sous le couvert d’un pouvoir élu, donc expression de la volonté générale en son principe (Jupiter), purent se déchainer alors les utopies (le mot est de Thomas More) politiques et sociales dissimulant les pires appétits de pouvoir sous les plus généreuses apparences … mais aboutissant tous à de sanglants épisodes, tant les « idéaux » qu’elles voulaient imposer et reposant sur des motivations plus que contestables, étaient chargés d’irréalité (Neptune) destructrice (Pluton). J’ai résumé, bien entendu.

Ce fut donc la longue succession des révolutions, coups d’État, bouleversements politico-sociaux, massacres et génocides  qui devaient amener l’éclosion d’une humanité nouvelle sous un ciel débarrassé de ses vieilles idoles qu’étaient Dieu et ses saints, pour les remplacer par de nouvelles idoles dont on nous assurait qu’elle amènerait le paradis sur terre, ou presque : démocratisme, socialisme, marxisme, libéralisme, consumérisme, pansexualisme, relativisme, individualisme, hédonisme, allaient faire notre bonheur… toujours plus tard ou plus loin (en quoi ils sont bien des reflets de la face sombre de Neptune  la planète des brouillards et des attentes insensées).

On peut constater aujourd'hui où l’existence même de l’humanité est en question, où nous ont menés de pareilles émancipations.

J’arrête là ce petit intermède historico-philosophique sur l’approche que je vous propose de bien vouloir adopter à ma suite, au moins provisoirement, dans votre réflexion sur Jupiter et Neptune en politique (on pourra retrouver l’intégralité de ce développement sur mon site http://www.astrophilo.com/2021/11/28/analyse-prospective-sur-la-presidentielle-2022-suite-et-fin/)


Ce sont donc l’ensemble de ces considérations qui m’ont conduit à formuler cette hypothèse de départ concernant le jeu crucial de Jupiter/Neptune. Hypothèse qui m’est apparue assez pertinente pour que je vous propose de l’appliquer aux principaux candidats à la course de l’Elysée en 2022. Je dis bien les principaux car sur les dix-huit , j’ai éliminé ceux qui me paraissaient les plus folkloriques (encore qu’ils ne fussent peut-être pas les pires).


On aura compris que Jupiter favorisera celui ou celle qui inspirera le maximum de confiance quant à la pertinence de son discours politique, aux solutions qu’il est prêt à mettre en œuvre et – à ne pas oublier – aux responsabilités qu’il a déjà assumées, aux réalisations qu’il peut déjà avoir accomplies.

Cela ne suffira pas, car nombre de nos compatriotes présenteraient toutes les qualités requises pour occuper une fonction qui ne pourra de toutes façons échoir, qu’à un certain nombre de personnes soigneusement « pré-sélectionnés » par le « Système » (super-Jupiter que d’autres appelleraient Big Brother) qui ne se risquera jamais à laisser élire un outsider ne présentant pas toutes les qualités de servilité nécessaire à occuper le poste. Qu’on songe à la mésaventure de François Fillon en 2017 qui présentait toutes les chances d’être élu, mais qui, pour une raison qui apparaîtra plus bas, ne « devait » pas être élu. Et pourtant, en fait de souplesse et de servilité, il paraissait difficile de faire mieux que lui.

Neptune, quant à lui, favorisera celui qui saura le mieux traduire les attentes inconscientes et quelque peu utopiques de la société et la persuader qu’il saura y répondre. Mieux encore : celui qui saura le mieux traduire ces attentes dans un langage qui lui convienne à lui, comme ces psychanalystes qui finissent par vous faire dire ce qu’ils ont besoin que vous disiez pour vous enfermer dans les petites cases de leur classification préétablie.

La campagne de 2017 du candidat Macron, que personne ne connaissait trois ans auparavant, candidat n’ayant jamais rien réalisé d’exceptionnel mais qui eut le génie de faire croire qu’il était l’homme providentiel ; candidat dont la réputation fut fabriquée de A à Z comme on fabrique une « story » pour une vedette de cinéma ; candidat qui reprit ces fameuses attentes  inconscientes et sut y répondre grâce à des méthodes et à des logiciels importés des USA grâce auxquels le « vendeur » qui est en face de vous, en reprenant votre propre vocabulaire soigneusement sélectionné, vous donne l’impression qu’il vous a « compris » au fond de l’âme et emporte votre adhésion ; la campagne 2017 de Macron donc, fut un chef-d’œuvre du genre. Pas de quoi s’étonner quand on constate que justement Neptune couvre la conjonction Soleil/Vénus en Sagittaire, sous la maîtrise de Jupiter, maître de l’ensemble donc, et exalté en Cancer.

- Avec de tels atouts et compte-tenu de la médiocrité effarante de sa principale adversaire, que vouliez-vous qu’il lui advînt ?

- Qu’il fût élu !

aurait peut-être écrit notre bon Corneille par la bouche du vieil Horace.


(SUITE AU PROCHAIN NUMERO…)


Louis SAINT-MARTIN