l’Astro Gazette de la FDAF
Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)
N°210 ~ Avril 2022
Billet d’Humeur
Marie-Paule
BAICRY
État céleste
Depuis fin février 2022, nous avons pu observer une intensification des valeurs martiennes à travers l’amas plutonien Pluton Mars Vénus qui a présidé au début de la guerre en Ukraine (24 février), et qui a réuni ces trois planètes au même degré du Capricorne le 3 mars ; puis en cette fin de mois de mars (voir thème ci-contre du 31), Vénus et Mars entourent Saturne en Verseau, tandis que le Soleil est entré dans le signe martien du Bélier à l’équinoxe de printemps, rejoint actuellement par Mercure, ces deux planètes se joignant (au même degré le 2 avril).
Nous noterons également au passage que le 23 mars 2020 (période du début de la crise covid), avait également eu lieu une conjonction exacte Mars Pluton, prise là aussi dans tout un amas plutonien (amas Jupiter Mars Pluton Saturne en Capricorne souvent évoqué ici).
Ces faits célestes, associés à l’ambiance du moment, constituent une occasion de nous pencher sur la symbolique martienne, et ce, à travers un regard sur l’atmosphère de toute cette période.
Mars, dieu de la guerre
Depuis 2020, le monde est devenu terriblement binaire, et la crise du covid s’est créée autour d’un vocabulaire résolument guerrier, martien donc, puisque Mars est le dieu de la guerre. « Nous sommes en guerre », nous a dit notre président dès le début de la crise, nourrissant à l’envi ce vocabulaire guerrier et anxiogène : la phrase fut répétée six fois dans le même discours agrémenté de « mobilisation générale », de « combat », d’« ennemi [qui] est là, invisible et insaisissable, qui progresse 1». Même l’armée fut de la partie 2. Chaque soir, le comptage macabre des morts du covid depuis le premier venait alimenter un climat d’angoisse (depuis, l’on sait que nombre d’entre eux moururent avec le covid, et non du covid).
Qui dit guerre dit ennemi, mais aussi risque de mort, de pertes, de deuils. De quoi semer la peur, accompagnée par Deimos et Phobos, c’est-à-dire la terreur et la crainte, enfants de Mars. Lui-même est un dieu sanguinaire, qui hurle et fait beaucoup de bruit, se réjouit du pillage et du carnage... mais se montre également lâche et ridicule parfois. Logique ! Quand a-t-on besoin de vociférer et d’être dans l’excès si ce n’est quand on a peur ? Chacun se souvient que ce discours présidentiel martial fut également assorti de mesures inimaginables un mois plus tôt dans un pays dit libre et démocratique. Mesures très saturniennes dans le mauvais sens du terme, dures, restrictives et répressives à souhait, (accessoirement souvent absurdes) ... que seule la terreur répandue permit de faire respecter. Tout ce climat volontairement dramatisé, abondamment amplifié par une presse devenue propagandiste pour l’occasion, a redoutablement bien fonctionné. Il n’est que de voir combien de personnes gardent aujourd’hui encore leur masque, même à l’extérieur, alors qu’il n’est plus obligatoire et que le consensus face à son efficacité à arrêter un virus peine à se faire.
Puis il y eut le vaccin miracle, forcément sûr et efficace bien qu’expérimental, vendu pour protéger les autres ; l’on sait aujourd’hui qu’il ne protège ni de la contagion ni de la maladie (donc ni les autres ni soi-même), et qu’il arrive qu’il blesse, parfois très sérieusement, voire qu’il tue – y compris, et peut-être surtout, des jeunes qui ne craignaient rien du covid. Mais le mal est fait, Deimos et Phobos ont œuvré, la peur a engendré l’obéissance sans conditions voire la soumission aveugle à des injonctions répétées, souvent incohérentes et contradictoires.
Mars : le courage de naître à soi
Or, la soumission est mère de la manipulation et de l’écrasement de tout désir individuel et même collectif. La peur nous conduit à dire oui à n’importe quoi face à un risque afin de tenter d’éliminer ce risque, ou du moins de s’y soustraire. Mais la vie constitue un risque en elle-même et ce, dès le départ. Nous évoquions dans le dernier article l’impossible retour à la vie d’avant en l’illustrant par le bébé qui, une fois né, ne peut retourner dans la matrice bien chaude et sécurisante où régnait l’unité avec sa mère.
Avec Mars et le Bélier, c’est le processus même de la naissance qui est à l’œuvre.
L’instinct de vie, l’irrépressible désir d’exister, poussent l’enfant à sortir du
ventre maternel protecteur, à prendre l’initiative de s’engouffrer dans une voie
sombre et trop étroite pour lui où il peine souvent à progresser, et qui le conduit
vers l’inconnu total, avec le risque de mourir dans ce passage. C’est seul qu’il
est obligé d’affronter cette épreuve en s’engageant sans retour possible pour obéir
à l’impulsion de vie qui l’anime.
Tentant de nous projeter dans ce vécu, nous pouvons aisément imaginer la peur voire l’angoisse qui peuvent habiter le bébé lors de cette expérience (notons que Mars est maître du Bélier qui impulse la vie, mais également du Scorpion qui va vers la mort). Le bébé va-t-il renoncer pour autant ? Si oui, il meurt ! Généralement il y va ! Seul ! Seul responsable de lui-même dans cette traversée. Mars est exalté en Capricorne, signe des responsabilités, et Saturne, en chute en Bélier, devrait constituer le socle de ce signe : oser (= Mars) exalte le sens des responsabilités et exige de se redresser (Saturne). Oser, ce n’est pas nier la peur, c’est l’entendre mais trouver le courage de la dépasser, d’y aller malgré elle. C’est assumer la solitude du nouveau-né ; c’est ne pas compter sur le troupeau suiveur d’un meneur, pour savoir que penser ou que faire ; c’est réfléchir et agir par soi-même, y compris lorsqu’une majorité pense différemment. C’est donc aussi savoir dire non et prendre des initiatives constructives, comme Mars, également dieu de la jeunesse qu’il guide au printemps lorsqu’elle émigre pour fonder de nouvelles villes. C’est surtout nous (re)mettre en lien avec notre propre désir, notre énergie vitale, celle qui nous rend vivants et nous permet de naître à nous-mêmes, chaque jour un peu différents et grandis grâce à des expériences nouvelles. S’empêcher de suivre son désir revient à se contraindre à l’inexistence, à tout simplement ne pas être, et finir par n’être rien par peur de décider d’aller là où la vie nous appelle.
Mars, « le plus odieux des Immortels »
Il est vrai que notre société n’encourage pas (ou plus) cette démarche martienne de Bélier initiateur. La mondialisation en marche, avec ses chaînes (qui dit mieux ?) de magasins, d’hôtels, de restaurants et autres, tue toute individualité et, ce faisant, toute créativité. L’uniformisation en marche rabote toute velléité d’existence propre. L’identité numérique, en marche elle aussi, parachèvera cette œuvre destructrice de ce qui fait la vie et notre humanité même. L’homme ordinaire, à moins de se redresser et d’apprendre à dire non à ce qui le nie, en est réduit à n’être plus qu’un exécutant au service du pouvoir et des intérêts financiers d’une poignée d’autres hommes, cyniques et sans scrupules, se prenant pour des dieux.
Ces derniers, grâce à la peur répandue viralement par la propagande mise en place autour du covid, ont réussi à jeter le monde dans une binarité terriblement délétère. Depuis un peu plus d’un mois, la guerre en Ukraine est venue se substituer (peut-être seulement momentanément), ou peut-être se rajouter, à la guerre du covid, et l’on observe, impuissant, les mêmes effarants mécanismes manichéistes à l’œuvre.
En gros, le principe mis en place pourrait se résumer ainsi : « celui qui sort de la pensée unique est l’ennemi du bien », – évidemment représenté par cette pensée unique. Et qui dit ennemi, dit violente confrontation, agressivité, dualité. Il faut être pour ou contre, et mieux vaut d’ailleurs être dans le camp majoritaire, si l’on ne veut subir la stratégie présidentielle consistant (je cite) « à emmerder » les réfractaires. Toute nuance a disparu, fracassée sur l’autel d’une bien-pensance pour le moins étonnante. En mode martien, la société s’est divisée, fracturée, disloquée, et celui qui ose simplement partager un questionnement ou émettre le moindre doute sur le récit officiel, est immédiatement taxé de complotiste, ou bien d’anti ou de pro (vax, pass, Ukraine, Poutine et j’en passe...), si ce n’est de sympathisant d’extrême droite ou d’extrême-gauche.
Pourtant, les extrêmes ne sont pas toujours là où l’on veut bien les voir. N’est-il par exemple pas extrême, dans le camp du bien supposé, de suspendre des soignants, les privant ainsi de tout revenu, eux et leurs familles, sous prétexte qu’ils préfèrent rester prudents face à une injection expérimentale ? Et ce alors même que l’on manque cruellement de soignants et qu’ils étaient bien présents lorsque nous avons eu besoin d’eux au début de la crise. Idem pour les pompiers et bien d’autres professions. N’est-il pas extrême d’exclure une partie de la population de toute activité sociale parce qu’elle souhaite décider elle-même de ce qui est bon ou pas pour sa santé ? Et que dire du boycott de la culture russe dans son ensemble sous prétexte que Poutine a envahi l’Ukraine ? Boycott qui a par exemple conduit l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg à exclure le mot russe du titre des concerts prévus avec des compositeurs... russes (tout en maintenant les concerts en question... Quelle hypocrisie !) ? Comme si Prokofiev ou Chostakovitch étaient responsables de la guerre en Ukraine ! Idem pour un jeune pianiste voyant annuler ses concerts canadiens parce qu’il est russe 3! L’on en arrive même à vouloir débaptiser un collège Soljenitsyne 4! Et comment ne pas voir la violence de l’exclusion des sportifs russes et biélorusses des jeux paralympiques 2022 5? Même les chiens russes ont été interdits de salon canin en raison de l’invasion de l’Ukraine 6!!! Même sort pour les chats russes aux expositions félines internationales !!! Sans oublier « le président [– bien intentionné sans doute –] de la Caisse autonome des règlements pécuniaires des avocats des Hauts-de-France [ayant] décidé de bloquer les avoirs des clients dont “la consonance du nom serait slave”8» ! Rien d’extrême à cela, n’est-ce pas !?
Oser souligner le ridicule de telles mesures vous expose à l’exclusion. Vous aventurer à ne pas prendre parti dans cette guerre en suggérant que les choses ne sont peut-être pas tout à fait aussi binaires et simplistes que ce que l’on veut bien nous faire croire, vous fait taxer de froideur et d’insensibilité, parfois par ceux-là mêmes qui jusque-là vous trouvaient trop sensible. Introduire de la nuance vous rend coupable ; chacun est devenu un ennemi potentiel pour l’autre. Nous trouvons, dans ces situations frisant l’absurde, une illustration parfaite du côté le plus sombre du dieu de la guerre. Son père Jupiter déjà, l’accusait d’être le plus odieux des Immortels. Ce fou qui ne connaît pas de loi, disait de lui sa mère Héra. Quant à sa sœur Athéna, elle le traitait de fou furieux, ce mal incarné, cette tête à l’évent !
Mars : né d’une fleur
Athéna pourtant était une guerrière, elle aussi, mais pourrait nous servir de guide. Un peu la version féminine de Mars, sortie armée et casquée de la tête de son père Zeus, brandissant sa lance et son bouclier en poussant un puissant cri de guerre. Mais en tant que déesse, femme donc, elle a une autre vision de la guerre et, plutôt que de créer la division et le carnage, elle préfère œuvrer pour la paix en privilégiant la sagesse de la stratégie, de la raison et de la prudence. À bon entendeur, salut !
Astrologiquement, la complémentarité du Bélier avec son signe opposé, la Balance, invite elle aussi à la diplomatie plutôt qu’au maniement sauvage d’armes meurtrières. Si Mars et Vénus, leurs maîtres respectifs, ont engendré dans leur côté passionnel Deimos et Phobos, ils ont également mis au monde Harmonie, dont le nom renvoie évidemment à un concept de concorde et d’équilibre (en dépit d’une déesse présentant elle aussi ses côtés sombres, ce qui montre la nécessité d’un travail). L’alliance d’une saine et courageuse affirmation de soi, de son désir (Mars Bélier), et d’une ouverture harmonieuse à l’autre (Vénus Balance), dans le respect de sa différence et de son désir à lui, est la voie qui conduit à l’harmonie. C’est ce que nous enseigne l’axe Bélier-Balance.
Enfin, il existe une très jolie légende autour de la conception de Mars, qui invite elle aussi à un travail d’harmonisation du masculin et du féminin, c’est-à-dire à une tout autre guerre, intérieure, une guerre sainte qui élève et sublime, au-delà de contradictions en apparence inconciliables. Ainsi, Mars aurait vu le jour grâce à une fleur magique aux vertus fécondantes, et ce par l’intervention d’Héra seule, sans le concours de Jupiter (qui venait de mettre au monde Athéna sans son épouse). Pour ce faire, elle s’adressa à Flore, déesse des jardins et des champs qui lui offrit une fleur très particulière : par un simple attouchement, elle rendait une femme féconde. Et c’est ainsi que fut conçu et que naquit Mars, d’une fleur merveilleuse résultant, comme toutes les fleurs, d’une alchimie des quatre éléments qui lui permettent d’éclore et de se déployer dans toute sa beauté, à travers l’assimilation des éléments féminins nourriciers de la terre et de l’eau, autant que par l’intégration de ceux, masculins, de l’air et de la lumière solaire.
Alors, en cette période printanière quelque peu tendue, retrouvons le chemin des fleurs ! Osons laisser naître et se développer l’énergie de Mars à partir des vertus de réceptivité et d’écoute du féminin, et suivons Homère dans son hymne à Arès 9 qui nous indique la voie d’évolution spirituelle que symbolise le fougueux dieu guerrier, lorsqu’il parvient à dompter ses passions brutales :
« Arès souverainement fort... Cœur Vaillant... Père de la Victoire qui clôt heureusement les guerres, soutien de la Justice, toi qui maîtrises l'adversaire et diriges les hommes les plus justes... Dispensateur de la jeunesse pleine de courage... Entends ma prière ! Répands d'en haut ta douce clarté sur notre existence, et aussi ta force martiale, pour que je puisse détourner de ma tête la lâcheté dégradante, réduire en moi l'impétuosité décevante de mon âme et contenir l'âpre ardeur d'un cœur qui pourrait m'inciter à entrer dans la mêlée de glaciale épouvante ! Mais toi, Dieu heureux, donne-moi une âme intrépide, et la faveur de demeurer sous les lois inviolées de la paix, en échappant au combat de l'ennemi et au destin d'une mort violente ! »
Bon renouveau de printemps et paix à tous.
PS. Nouvelle conférence sur mon site, évoquant entre autres les difficultés et la complémentarité de Vénus et de Mars : L’amour, des illusions et conflits au sens de la vie.
https://www.mariepaulebaicry.fr/categorie-produit/conferences-a-telecharger/
Mars : le courage d’exister
Marie-Paule BAICRY
31 mars 2022
03.88.64.10.88
Consultations et accompagnement.
Cours d’astrologie et Ateliers de méditation.
https://www.mariepaulebaicry.fr/
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1 https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Document-l-integralite-du-discours-d-Emmanuel-Macron-du-16-mars-2020-1678998
2 Remarquons que dans son thème, Mars est en Lion en maison VII (maison de la relation, du rapport à l’autre, des contrats...), rendu puissant (parfois trop) par un sextil à Pluton, mais également quelque peu explosif et imprévisible par un carré à Uranus et disharmonieux par un second carré, à la Lune (le peuple). Également en VII mais dans la terre de la Vierge, Saturne vient durcir encore le rapport à l’autre (du moins dans la situation ici décrite, mais bien sûr, il est possible de vivre les choses différemment, sur un autre plan).
3 https://www.lefigaro.fr/musique/l-orchestre-symphonique-de-montreal-annule-les-concerts-du-pianiste-russe-alexander-malofeev-20220311
4 https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/vendee/vendee-renommer-le-college-soljenitsyne-une-demande-des-ukrainiens-8cd10a10-a9f4-11ec-a5d3-077a6bd58027
5 https://www.lefigaro.fr/sports/jeux-olympiques/paralympiques-2022-les-sportifs-russes-et-belarusses-finalement-exclus-20220303
6 https://www.lapresse.ca/societe/animaux/2022-03-10/royaume-uni/le-salon-canin-crufts-de-retour-sans-participants-russes.php
7 https://www.nova.fr/news/la-federation-internationale-feline-interdit-les-chats-russes-aux-expositions-felines-internationales-176096-07-03-2022/
8 https://www.bvoltaire.fr/bloquer-les-avoirs-des-personnes-portant-un-nom-a-consonance-russe-en-voila-une-idee-quelle-est-bonne/
9 Nom grec de Mars.
