l’Astro Gazette de la FDAF

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

N°212 ~ Juin 2022

Billet d’Humeur

Sarah Abitbol : quand le Gémeaux sort d’un si long silence  

Danielle
FELDMAN

Sarah Abitbol née le 8 juin 1975 à 17h00, à Nantes (source: Astrothème)

France TV a récemment diffusé le documentaire « un si long silence » qui porte le même titre que le livre, où Sarah Abitbol championne mondiale de patinage artistique, à l’aide de la journaliste du Nouvel Obs, Emmanuelle Anizon, accuse son coach, Gilles Beyer, de viol. Elle met aussi en cause Didier Gailhaguet, patron de la Fédération française des sports de glace, pour avoir couvert les agissements de cet entraîneur depuis 20 ans. En 2007, lorsque Gilles Beyer devint le dirigeant du club des Français volants de Paris, elle alerta un ministre qui ferma les yeux.

Voici sa 4ème de couverture : « " Vous étiez mon entraîneur. Je venais d'avoir quinze ans. Et vous m'avez violée. Il aura fallu trente ans pour que ma colère cachée se transforme enfin en cri public. Vous avez détruit ma vie, monsieur O., pendant que vous meniez tranquillement la vôtre. Aujourd'hui, je veux balayer ma honte, la faire changer de camp. Mais je veux aussi dénoncer le monde sportif qui vous a protégé, et vous protège encore à l'heure où j'écris ces lignes. Quand j'ai voulu parler, à plusieurs reprises, je n'ai pas pu le faire. Aujourd'hui, avec ce livre, je sors de ce silence assassin. Et j'appelle toutes les victimes à en faire autant. "

Le livre de Sarah est sorti chez Plon en janvier 2020, son témoignage a provoqué le #MeToo du sport ! Le 31 janvier, Gilles Beyer est démis de ses fonctions. Il reconnaît avoir eu des relations « intimes inappropriées ». Le 3 février 2020, Didier Gailhaguet est convoqué par la ministre Roxana Maracineanu, pour justifier le maintien de Gilles Beyer dans sa fonction d'entraîneur, malgré une mesure d’interdiction d’exercer auprès de mineurs après une enquête au début des années 2000.

Le 4 février 2020, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour viols et agressions sexuelles sur mineurs. Les faits étant prescrits, le procureur de la République de Paris déclare que l'enquête vise à « identifier toutes autres victimes ayant pu subir, dans le contexte décrit, des infractions de même nature ». Le livre de Sarah Abitbol paru dans un contexte du Mouvement #MeToo, de libération de la parole des victimes de violences sexuelles est le premier témoignage dans le monde sportif.  

Sarah est du signe des gémeaux, un signe reconnu comme étant le bavard du zodiaque, c’est le signe de la communication par excellence et même quand mercure est mal luné, il s’amuse à répandre des rumeurs et s’adonne à la délation. Alors pourquoi un si long silence ?  

Avec 3 planètes en gémeaux (soleil, mercure et lune), Sarah n’était pas mal lotie au départ pour exprimer ce qu’elle avait à dire, mais…tout ce petit monde se trouve en maison VIII, la maison du secret, de la sexualité, de l’inconscient, des actes répréhensibles dont le viol. De plus l’ascendant scorpion de Sarah en remet une couche avec cette énergie qui confronte le natif à des crises générant des mutations. Pluton, le maître de l’ascendant est opposé au second maître de l’ascendant : mars en bélier en VI, exactement conjoint à Eris et plus loin à Jupiter. Eris, celle par qui le scandale arrive, dans le monde du sport mars-jupiter.

Mercure est en domicile en gémeaux, mais rétrograde et au carré de sa lune noire ce qui peut avoir pour effet de couper la parole. Remarquons encore que la maison III de Sarah est en capricorne, un signe avare de ses mots dont on dit au mieux qu’il parle peu, mais bien. Elle est régie par ce Saturne en exil en cancer, si peu à l’aise dans ce signe d’eau. Il fait de plus un carré exact à Jupiter en bélier, conjoint à son mars en domicile. On peut alors s’interroger sur ce mars porté par le feu du bélier, sublimé par sa conjonction à Jupiter dans une hyperactivité de compensation, flirtant avec l’autodestruction de par son conflit avec pluton, qu’un saturne un peu faiblard n’arrive ni à tempérer, ni à responsabiliser. Retenons ce quator de planètes en dialogue dissonant : Jupiter mars, saturne, pluton

Avec ce pôle scorpion, ce soleil en VIII, cette lune en VIII collée au nœud sud, qui parlent de mémoires transmises par le clan, tant du côté de la mère que de celui du père, je m’interroge si un tel traumatisme n’avait pas déjà touché les générations précédentes ? La mère, pétrie de culpabilité, explique dans le documentaire que cela se passait sous ses yeux alors qu’elle ne se doutait de rien. A peine avait-elle trouvé étrange le fait que sa fille prenne des douches pendant 3 heures après les entraînements !

Sarah aura attendu 30 ans pour parler ? Pourquoi si longtemps ? Parce qu’il lui fallait du temps : du temps pour surmonter sa honte, du temps pour comprendre que feindre oublier n’était pas une solution, du temps pour trouver la force de dénoncer, du temps pour ne plus se sentir souillée et relever la tête. Du temps, 30 ans…on pense immédiatement à Saturne.

Tout commença lors d’un stage d’été en résidence, en juillet 1990 où Gilles Beyer, vint la retrouver dans sa chambre et la viola. Elle venait tout juste d’avoir 15 ans. Ce scénario continua pendant deux ans. Attouchements, harcèlement, contacts trop appuyés et non désirés du corps de l’entraîneur, pendant les échauffements et viol…« tu ne diras rien…ce sera notre secret » lui fit-il promettre. Pourtant Mercure venait de repasser direct en progression à 15° Gémeaux mais il stationnait au plus proche du soleil natal en VIII et faisait un carré exact à la lune noire moyenne progressée. Aurait-elle été crue si elle avait parlé alors ?

Pourtant, il y en avait du monde dans sa maison III, le secteur de la communication ! Saturne en capricorne y effectuait sa première opposition à saturne natal qui était alors transité par Jupiter et rejoint temporairement par un soleil estival au carré du couple Jupiter Mars natal. Cette opposition céleste Saturne Jupiter venait réactiver le quatuor dissonant déjà évoqué.

Quel fut le rôle de Jupiter, exalté en cancer, maximisant la faiblesse de ce saturne natal dilué dans ses émotions, auquel saturne céleste, au maximum de son énergie en capricorne retirait encore de la force ? Au lieu d’une parole dure et forte qui aurait imposé des limites, il la réduisit au silence, lui imposant une omerta. Uranus, qui venait juste de faire son entrée en III, ne fut pas suffisant pour libérer ses mots. Etait-ce parce que Neptune, déjà là depuis quelque temps, plombait  son aptitude à formuler les choses clairement ? Que se racontait-t-elle ? Pourtant entre 1990 et 1992, le nœud nord, qui donne l’opportunité d’évoluer, transitait aussi sa maison III.

On apprend dans le documentaire que le souvenir de ces événements fut alors purement et simplement oublié, passé à la trappe. L’inconscient fit son travail en refoulant les souvenirs insupportables pour qu’elle puisse continuer.

En 1992, elle fait équipe avec Stéphane Bernadis pour la danse en couple et change d’entraîneur. Les viols cessent. Le couple gagne des médailles, pourtant elle ne va pas bien. Elle évoque dans le documentaire ce sentiment de mal-être qui l’accompagne en permanence et qu’elle ne sait à quoi attribuer. Saturne a quitté sa maison III. Mais neptune et uranus y sont conjoints, associés à la lune noire à l’exacte opposition de saturne natal. L’oubli est parachevé.

En janvier 2020, son livre sort, après un long travail de reconstruction. Uranus sur son descendant a déjà effectué une opposition à lui-même, lui permettant de se libérer de l’emprise de l’autre et le nœud sud a transité sa maison III lui donnant l’opportunité de se libérer d’un vieux schéma lié à la parole.

Saturne a fait une révolution, il se trouve en III en capricorne, dans la même position que lors des événements de 1990 opposé à saturne natal. Cette fois ci il n’est pas tout seul, Pluton le gardien des profondeurs insondables de l’inconscient, s’est joint à lui et annonce la promesse d’une transformation radicale dans ce secteur, celui de l’expression. Ils seront bientôt rejoints par Jupiter, mars, soleil, mercure. Un saturne qui dès mars 2020, fait un carré à son uranus en XII. Alors que la France est en plein confinement, son témoignage fait l’effet d’une bombe. De nouveau on retrouve Saturne, Jupiter, mars, pluton, les protagonistes de son quatuor dissonant, sur le même point de dissonance, mais dans une toute autre configuration.

Il est très intéressant de voir comment ce saturne a muri au fil des ans et comment il a permis de structurer sa pensée et de prendre la responsabilité de dénoncer son entraîneur, une responsabilité qui a entrainé dans son sillage d’autres dénonciations. Une parole libératrice non seulement pour elle-même, mais aussi pour sa famille sportive, où uranus si proche de son ascendant mais caché dans sa maison XII a enfin tenu ses promesses.

Source : Sarah Abitbol dans Wikipédia


Danielle FELDMAN