la Gazette des Astrologues

n°186 - Avril 2020

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

Accueil. "Sur le Vif". Billets d'Humeur. La vie de la FDAF. Astro & Espace. Astro & Livres. les Actus DN. Ateliers, conférences.... Divers.

“Sur le Vif”

La chronique de

Jacques VANAISE

Il a eu du flair, Jacques, en août 2019, lorsqu’il a intitulé ma chronique « la course de vitesse ».

Nous y voilà. Oui, courir ; mais pas après le temps, pas après l’argent, pas après les amours qui durent ou les aventures passagères. Non ! Courir pour échapper à la vilaine bête plutonienne qui n’en finit pas de nous harasser et d’agresser nos proches.

Vous me connaissez ! Moi, Bélier, je ne suis pas un homme de préméditation, mais d’action, voire de réaction. J’aime batailler, mais dans le face-à-face, pas devant un ennemi tortueux.  

Nos armes sont inégales. La moindre anfractuosité fait son affaire et mes élans toujours si francs et spontanés sont autant de coups dans l’eau.  Vous voyez ça d’ici : mes lames ardentes sont émoussées avant même que je ne les dégaine…

Ah ! ce vieux Hadès… Je le croyais mon ami.  Nous avions fait un pacte : je gardais le courageux Arès dans mon territoire et lui, je l’invitais à s’épanouir dans les eaux sulfureuses du Scorpion.  J’aurais dû me méfier.  Le voici allié à ce fâcheux Chronos(1).  

Chronos et Thanatos : une belle paire de teignes dont (c’est le cas de le dire) il est bien difficile de se débarrasser.

Aux grands maux, les grands remèdes : j’irai « tout droit dehors »(2) comme on dit à Bruxelles, même si mon équinoxe(3) est manifestement saboté !  

Pendant ce temps-là, la nature fait comme si « de rien n’était ». Elle est en fleur. Eh oui ! comme le chantait Ferré : « c’est l'printemps ».  Peut-être… Mais nous ne pouvons même pas partir sur « la route qui s'fait nationale » ; il n’y a plus guère que les « fourmis qui s'font la malle »…

Si encore c’était un poisson d’avril…  (Oui, d’accord, on ne rit pas avec ça !)

Soit, j’irai donc « tout droit dehors » ! Je sais très bien ce qu’il veut, ce minus… (Retro Coronas !) Ce qu’il veut, c’est nous rappeler qu’il est notre ancêtre, au même titre que la moindre goutte d’eau, promesse de vie ou que le moindre grain de sable, matériau de base de nos constructions.

Il nous dit, ce bousilleur, qu’il est notre ancêtre comme le sont les pierres et les algues.  Il est partout et même là où nous ne sommes pas !

Une dent gâtée qui nous fait terriblement souffrir, on nous en délivre en l’arrachant. Il en va autrement de notre vie. Même si le quotidien nous fait mal, pas question d’arrêter d’un seul coup la machine.  

En vrai guerrier, je descends donc dans l’arène. Corona, prends garde, le Bélier entre en guerre(4) !  

À l’entendre, ce n’est pas lui qui nous tue, c’est notre rapacité et notre manque de vigilance. Car si nous avions été plus prévoyants, nous n’aurions pas fait des coupes sombres dans les budgets qui comptent vraiment et nous disposerions aujourd’hui de plus de lits, de plus d’infirmières et de médecins, de plus de masques et de respirateurs…

Alors, est-ce notre faute si cet infiniment petit a raison de nous ?  Oui, sans doute, parce que nous avons oublié de lever le nez vers le ciel : l’immense univers qui relativise tout et qui devrait nous dicter d’autres priorités.  

Nous avons étendu une toile uniforme sur le monde, une vraie monoculture. Partout le même programme : toujours plus, toujours plus vite, mais toujours moins cher.  

D’où notre folie de la grande échelle…  Non ! Pas celle qui nous ferait prendre un peu de hauteur ; celle qui vise avant tout au rendement.

Ayant entendu cela, moi Bélier, je sors les griffes, ou plutôt je relève les cornes.  Je déteste le mot « raté », comme quand on parle d’un moteur ; et aussi le mot « trop tard » comme au départ d’une course. Si nous avons fait fausse route et s’il fait bien sombre dans nos chaumières de confinement, malgré le soleil printanier qui nous nargue, moi, Bélier, je relève la tête.

Pour moi, redresser la tête, ce n’est pas une question de principe, mais d’humeur.  

Aujourd’hui, demain, bientôt, nous penserons, je l’espère, que la vraie vie, elle se gagne, mais autrement qu’en ajoutant des zéros sur le premier chiffre inscrit sur notre chéquier.

Moi, Bélier, je sais que le vrai bonheur tient à la minute, celle de l’instinct, celle de l’élan, celle de l’impatience.  

Demain, je sortirai à nouveau dans la rue, pour me remplir, mais autrement, les yeux et la tête de mille choses qui m’enthousiasmeront, comme je sais le faire au moment de bondir du lit à l’appel du premier soleil.

Certes, parfois ma marche sera encore retardée par les aspérités qui, jamais, ne manqueront d’acérer les choses.  

Soit, j’aurai le cœur et les poings un peu écorchés, mais ma sève deviendra langue de feu pour terrasser ce minus effrayant qui entend faire la loi au fond de mes veines.

Aujourd’hui, et comme pour fragiliser nos certitudes, l’imprévu a sa revanche. D’une infime manière, vicieuse et abyssale, il nous prend en traître. Il vient nous décrocher, nous démentir, nous faire tomber de notre piédestal.

Est-ce notre humanitude(5) en mal d’accomplissement qui nous prend ainsi à revers et qui génère notre désarroi, nos doutes, mais aussi notre transfiguration, magistralement… ?

Oui, nous vivons une course de vitesse. À l’arrivée, sans doute pas une découverte, mais des retrouvailles.  

Nous nous sommes sans doute, trop longtemps, vus chacun en dehors de l’humanité, et l’humanité en dehors de la vie, et la vie en dehors de l’univers.  

Si bien qu’aujourd’hui l’infiniment petit (un minuscule virus) nous conduit à (re)porter notre regard vers l’infiniment grand, ce qui devrait relativiser nos priorités, nos querelles et parfois notre indifférence vis-à-vis des autres, d’ici ou d’ailleurs.


Jacques VANAISE


(1) Cf. la conjonction actuelle de Saturne et Pluton à laquelle s’ajoutent (excusez du peu) Mars et Jupiter, tous en Capricorne.

(2) Abruptement.

(3) Je veillais ce 20 mars vers 02H45 (heure de Greenwich).

(4) Pour faire chorus avec Emmanuel Macron (Mars en Lion au descendant, carré à la Lune et à Uranus)

(5) Comme l’appelle Albert Jacquard.


Pour tout contact
jacques.vanaise@skynet.be

Le Bélier : la course de vitesse

Sur le vif

“la Gazette des Astrologues”, la newsletter des membres de la FDAF - www.fdaf.org - mail : FDAF@fdaf.org

Conformément à l’article 34 de la loi 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification des données nominatives vous concernant.
Si vous souhaitez vous désinscrire, cliquez ici