l’Astro Gazette de la FDAF

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

n°205 - Novembre 2021

Billet d’Humeur

Laurent
GIZZI

Plus de doute cette fois, c'est le temps des ténèbres ! Le noir est la couleur du Scorpion et on peut se dire qu'il est en Enfer même… mais c'est son endroit préféré, là où règne Pluton, le prince des Ténèbres, son maître.

Agenouillé dans son cercle d'alchimie, c'est le signe de la transformation, il est prêt à bondir en ayant bien réfléchi à son action.

Sa barbe est rouge et noir, les couleurs évidentes du Scorpion, ses yeux sont vert d'eau, seule référence à son élément.

Il a toute une bijouterie en acier et en cuir, agressive et mystérieuse, extrême aussi… le Scorpion ne craint pas la douleur. C'est pourquoi il a un tatouage gigantesque de Scorpion infernal.


Noir Scorpion


Ce n’est pas une couleur, c’est vrai, c’est l’essence même des ténèbres ! Mais c’est quoi les ténèbres ? L’absence de lumière ou un amas tellement dense que la lumière ne peut y pénétrer…c’est tout ou c’est rien ? C’est l’absolu en fait ! Pas de compromis avec le noir, couleur des anarchistes qui refusent les règles de la société civile et ses compromis incessants avec le pouvoir soi-disant civilisé. Mais l’anarchie, serait-ce la violence extrême avec les hommes débarrassés de leurs brides qui se laissent aller à leurs bas instincts ? ça fait peur cette absence de règles extérieur, cette absence d’un Soleil qui fait tourner dans le bon sens. Et pourtant, la vraie doctrine anarchiste ce n’est pas ça : c’est au contraire la foi absolue dans le bon sens de l’être humain responsable qui saura de par lui-même réfréner la tentation du mal. Le noir, c’est donc cette transcendance, ce laboratoire de transformation qui se fait dans la terreur des ténèbres.


Car oui, le noir est symbole de la peur, la peur de la nuit dont on fête pourtant la gloire à Halloween quand on frôle démons et fantômes, quand les sorciers et les sorcières sont à l’honneur. Magie et ténèbres vont toujours ensemble !


Le noir c’est donc l’autre côté, ce qu’on ne connaît pas. On parle bien d’obscurantisme quand les temps sont dominés par l’ignorance, d’ailleurs on brûlait les sorcières en ces temps-là. Et l’autre côté, ça fait peur, mais ça excite aussi. Car la peur c’est l’épreuve de l’initiation « cap ou pas cap ? ».


Grâce au noir, on va au-delà de nous-même. Comme le trou noir, ultime objet astronomique dont la densité est si forte qu’elle absorbe toute lumière, permet de créer par son attraction une galaxie autour de lui. Toujours autant initiatique puisque le trou noir serait selon certains, le portail d’entrée vers un trou de ver et donc des confins inconnus de l’univers. Qu’y a-t-il derrière le tunnel noir ? Enfer ou Paradis ?


Le noir impressionne forcément, quand une émotion est noire, elle est à son paroxysme, mieux vaut ne pas être dans une colère noire, encore plus dans le désespoir le plus noir. Est-ce que ça existe une joie noire ? ça ne se dit pas en tout cas ! Par contre, le noir c’est aussi la couleur des sexualités extrêmes, où on expérimente notre corps et notre cœur à force de cuir, de fouets et de bruits qui claquent ! Symbole du fétichisme cuir ou latex, des dominatrices et des plaisirs interdits et initiatiques.


Le mouton noir est le rebelle de la bande, le chat noir porte malheur, il ne vaut mieux pas être la bête noire…on finirait sur la liste noire ! De la peur à la haine il n’y a qu’un pas, ça on le sait…mais on aime bien les séries noires et les films noirs qui nous plongent dans les méandres de l’esprit humain…de la peur à la fascination, il n’y a qu’un pas aussi ! Quant à l’or noir, s’il provoque les terribles marées noires polluantes, destructrices, il pousse à la richesse et à toutes ses folies…mais il nous a aussi permis de gagner tant de progrès et de confort…à manier avec précaution et sagesse, un peu comme l’anarchie finalement !


Le méchant est toujours en noir, souvent au moins, anges noirs, elfes noirs, chevaliers noirs, Dark Vador, Sauron, Voldemort…les Seigneurs des Ténèbres sont toujours aussi convaincants. Mais Hadès lui-même n’a rien de démoniaque malgré ce que l’on peut voir dans certaines œuvres trop modernes. L’underworld fait forcément peur puisqu’il est caché et pourtant, il a aussi ses trésors et ses merveilles…Et ses héros ! C’est qu’à force de nous dire que le noir ce n’était pas bien, on a envie d’aller voir si c’est vrai ! L’or noir vient bien de là, non ?


Quelle belle couleur ce noir si profond, si fascinant, rebelle et paradoxal, symbole du mal et de sa rédemption, symbole extrême. Noir mais brillant ! Tout ou rien…ou plutôt tout et rien ! Une bonne définition du Scorpion !


Grenat Scorpion


Le rouge, la première de toutes couleurs, couleur par excellence de la vie dans toute sa rage de vivre, de l’amour dans toute sa passion brûlante et donc aussi de la haine destructrice qui génère la violence, les blessures et au final la mort.


Car le rouge, c’est avant tout le sang, ces litres d’hémoglobines qui font palpiter les chairs, qui transportent l’énergie et les émotions les plus vives partout dans les muscles rouges. C’est le sang qui fait gonfler les organes de la passion et du désir aussi ! En voilà de quoi avoir des coups de sang, car on est rouge de colère, rouge de désir, rouge de honte…parce que le rouge, c’est la couleur des émotions ! Car elles nous empourprent les joues !


Toujours aussi paradoxal notre Scorpion au dard rouge, à l’aiguille écarlate, qui est signe d’eau mais n’a rien de bleu, mais au final, le sang comme la lave, c’est liquide et rouge !


Le rouge fait peur, on agite le chiffon rouge, c’est l’alerte rouge, et c’est une couleur autant de héros que de méchants. On imagine le diable rouge évidemment ! C’est une couleur infernale ! Ainsi le rouge est autant couleur de vie que couleur de destruction, comme le sang qui est symbole de vie et image de mort. La vue du sang fait peur, elle est même d’horreur, elle est gore !


Alors quel rouge ? Le rouge foncé bien sûr, le pourpre, le bordeaux…le grenat ! Issu du fruit qu’Hadès lui-même a choisi de donner à Perséphone pour qu’elle reste auprès de lui. Un choix explosif n’est-ce pas ? Un Sagittaire chantait qu’il avait le cœur grenadine pour évoquer son spleen d’être séparé de sa douce, comme si la passion grenat s’était diluée dans l’eau des larmes. Par contre, une Cancer chante que sous son sein il y a une grenade, et elle ne parle certainement pas d’un fruit ! Cette association d’idées et de mots montre bien le rapport entre la couleur et la puissance. Car le rouge sombre du grenat, c’est une énergie qui vient des tripes, du plus profond de notre cerveau reptilien et qu’il convient d’user avec sagesse si on ne veut pas qu’il nous explose. C’est la couleur initiatique par excellence, car elle indique notre nature sauvage, même horrifique à l’extrême opposé de la civilisation bleu azur et qu’il faut savoir maîtriser car à force de la rejeter en enfer, on ne vit qu’à moitié. Le rouge grenat, c’est vivre à 100%.


Vert toxique Scorpion


Le vert est la couleur de la nature et de la vie, certes… c’est aussi la couleur la plus éloignée de la nature humaine qui est basée sur le rouge sang ! Ainsi, le vert devient couleur de l’étrange, du bizarre, aussi dangereux que le rouge…d’ailleurs les baies rouges mortelles de l’if, de l’arum ou du chèvrefeuille ne sont-elles pas issues du vert ?


Se risquerait-on à boire un liquide de ce vert presque fluo ? A vos risques et périls ! Serait-ce de la chartreuse, ou encore plus enivrant, de l’absinthe où la fée verte à poser sa baguette pour rendre la boisson si dangereuse qu’elle en fut interdite malgré tous les poètes et artistes qui en ont chanté les louanges…la fée verte justement, le vert, c’est la couleur du petit peuple, mais les fées et les lutins ne sont pas toujours ces charmantes créatures qui exaucent les vœux, ils sont aussi vicieux et malveillants envers le genre humain. On les craignait aussi ces verts habitants des forêts.


On en vient naturellement à la couleur des sorcières évidemment, qui triomphent à Halloween sur le balai en riant à en faire grincer des dents les honnêtes gens ! Le vert réveille ainsi nos peurs archaïques trop bien enfouies dans nos cerveaux trop civilisés. La marâtre de Blanche-neige d’ailleurs trempe la pomme dans un liquide vert pour l’empoisonner « Pomme devient rouge pour tenter Blanche-neige et lui donner envie de te croquer ! »…encore un poison rouge issu du vert ! Walt Disney en aura fait son marqueur des méchants, quand on voit dans un dessin animé ce drôle de vert peu engageant, c’est mauvais signe ! C’est la couleur des nécromanciens, ceux qui manipulent la mort ; c’est la couleur des spectres et des âmes maudites, celles qui n’ont pas compris qu’il valait mieux chercher la paix que la vengeance !


C’est la couleur des reptiles, comme un mamba vert dont le venin peut terrasser un homme en quelques heures. Les reptiles, dont nous avons conservé le cerveau archaïque et mis bien à l’abri sous des couches de cortex et neo cortex pour paraître civilisés…c’est qu’il faudra un jour s’y intéresser de plus près à ce cerveau vert reptile pour comprendre les pulsions dont il est le détenteur. Le reptile, c’est l’animal initiatique, on doit marcher dans la fosse aux serpents pour prouver sa valeur aux dieux.


Vert comme l’eau stagnante des marécages, de cette eau pleine de vie et de mort, qu’il ne faudrait surtout pas boire. Encore une histoire de poison. On imagine ces plantes carnivores dévorant les insectes pour venger leur espèce de ces animaux qui les broutent, les piétinent et les détruisent. On pense à ces eaux couvertes de vert cresson, de celui où un dormeur du Val perd sa vie par deux trous rouges.


Entre le vert et le rouge, c’est une histoire d’amour, de haine, de vie et de mort, ce sont nos deux couleurs de base à nous les humains qui s’échangent leurs symbolismes et leurs signes. Le rouge ou le rose naissent du vert avec les fleurs et les fruits mais le vert renaît du rouge car un cadavre se recouvrira nécessairement d’herbe et de mousse…


Violine Scorpion


Une jolie couleur violet sombre, le violine ne peut être que sombre dans les acceptations actuelles. Charmante couleur donc, pleine de séduction…et de poison ! Le violine à la base désigne un poison émétique issu des fleurs violettes comme la violette et la pensée. On ne s’étonnera pas que même si la séduction fait son effet, on l’utilise beaucoup pour représenter les méchants et surtout les méchantes dans les dessins animés !


Le violine se trouve à la frontière du violet et du pourpre, il y a donc une accentuation vers le rouge sombre de ce violet qui est ainsi quelque peu corrompu par la violence du rouge. La profondeur du violet fait alors rejaillir ce rouge comme si on avait été au plus profonds des méandres de l’inconscient pour retrouver la pulsion primale…c’est une bonne définition du Scorpion ! Ainsi l’on obtient un violet…violent ! Difficile de ne pas oublier l’homophonie entre ces deux mots pourtant si différents ! Le violet n’a rien de violent, il n’est que profondeur, mystère, enveloppement…alors que le violine, y adjoint cette notion quelque peu agressive. Il y a quelque chose qui se trame dans la nuit ! C’est bien pour ça qu’on va en habiller ou teindre les cheveux des sorcières, des démones ou des vampires !


Violine, c’est la couleur de l’extrême colère quand on est tellement plein d'émotions qu’on arrive plus à respirer et que le sang afflue en masse, créant cette étrange coloration qui signifie qu’il ne vaut mieux pas nous chercher. C’est aussi la couleur des hématomes tous frais, ces meurtrissures issues des coups portés qui vont devoir passer par toutes les couleurs de l’arc en ciel avant de disparaître. Alors oui, violine c’est une couleur de la mode, de la séduction, mais qui porte en elle les traces de la violence qu’il faut digérer pour la rendre jolie !


Laurent GIZZI

L'homme Scorpion