l’Astro Gazette de la FDAF
Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)
N°211 ~ Mai 2022
Billet d’Humeur
Laurence
HÉRITIER
SUZANNE VALADON
A l’occasion de la très belle exposition au musée du Luxembourg à Paris sur les femmes « Pionnières », je me suis penchée sur les thèmes de Suzanne Valadon et de son fils Maurice Utrillo.
Quel contraste entre ces deux génies !
L’une, toute en couleur et en rondeur, vénusienne à souhait, (Balance AS Balance) et Maurice le Saturnien (Capricorne AS Taureau), qui n’a peint que des paysages urbains déserts et enneigés, ponctués de silhouettes évasives, fuyantes, où le blanc prédomine.
Si certains aspects se retrouvent dans les deux thèmes, le décor (les signes) et les angularités marquées s’avèrent bien différents…
Balance AS Balance avec un Soleil (et un AS, donc...) carré Uranus au MC et opposé Neptune au DS. La personnalité est solaire et vénusienne, mais aussi passablement uranienne.
Farouchement indépendante, faisant fi de toute convention (elle se mettra en ménage avec le meilleur ami de son fils, André Utter – ce sera la fameuse « trinité maudite »), sa vie d’artiste a commencé suite à un accident de trapèze dans un cirque, après avoir fui une éducation religieuse et un destin de blanchisseuse comme sa mère (Uranus MC).
Elle pose pour de nombreux peintres, Puvis de Chavannes, Toulouse Lautrec, Renoir, et devient l’amie du cruel et misogyne Degas qui l’encourage à peindre.
Les appuis puissants dont elle aura bénéficié toute sa vie sont marqués par Vénus en Lion XI trigone Jupiter en domicile. Elle écoute les conseils, les réfute parfois, mais se refuse à avoir un maître. Uranus quand tu nous tiens…
« Minerve dans un corps d’Eve, Suzanne Valadon est une femme pleine d’ambiguïtés. Farouche et impulsive, elle est aussi naïve, tendre et attentionnée auprès de ses amis ». Toute l’ambivalence Uranus-Neptune est là.
Uranus en Cancer : révolte contre la condition féminine et Neptune Bélier confèrent bien un aspect de « pionnière ». Elle est l’ainée d’Alexandra David Néel qui présente des aspects similaires, (avec un Soleil en Scorpion), qui elle aussi a dû s’extraire d’un destin conventionnel tout tracé.
Dans un monde quasi exclusivement masculin, elle est la première femme admise à la Société Nationale des Beaux-Arts en rupture avec le Salon Officiel.
SI elle admire la palette des impressionnistes, elle s’en affranchit en soulignant le contour des corps par un cerne noir. Point de fioritures ni d’artifices, elle explore des thèmes jugés scandaleux pour l’époque : l’émancipation de la femme, libre de porter des pantalons et de fumer ; elle peint une Vénus noire en 1919.
Quant à la maternité difficile, elle est signifiée par la Lune en Scorpion conjointe Saturne et opposée Pluton. Tombée enceinte à 18 ans d’un peintre obscur et alcoolique qui refuse de reconnaître l’enfant, il sera finalement reconnu par un amant espagnol de passage. Elle qualifie son fils de « sacré emmerdement », mais révèlera son talent et l’obligera à peindre pour le sauver de l’alcoolisme.
LE THEME CHINOIS EST EGALEMENT PUISSANT :
S.V. appartient au groupe Royal très brillant (Général** - Vierge**), voire étincelant (Roi des Astres*** - Palais Céleste*** - Danse ***).
Le Général est une énergie autoritaire (comme le nom l’indique !), et la Vierge est connue pour son intégrité et son incorruptibilité. Elle ne devait pas être commode, surtout avec le Démolisseur en Relations Publiques, d’ailleurs son ami Degas la surnommait « la diablesse » !
Le Destin est toutefois Barré Coupé (BC), ce qui annonce des difficultés jusqu’à la trentaine (le retour de Saturne à la mode chinoise !).
Fleur de Pêcher dans le Destin confère du charme, de la séduction, et surtout, un talent artistique, d’autant qu’elle est en aspect de Cordon Rouge en case Finances au trigone du Destin.
La case Finances est complexe : 3 énergies d’argent (Roi des Astres, Palais Céleste, Réussite), contrecarrés par Néant du Ciel et Sort de Terre. S. Valadon débute par une vie de misère et finira riche et célèbre, (grâce à son propre succès, mais surtout à la vente des tableaux de son fils Utrillo).
Même ambiguïté en ce qui concerne la case du Conjoint : la sensuelle Aphrodite (ce sont aussi les relations amoureuses avec des artistes), est accompagnée de Punition, significateur de nombreuses ruptures amoureuses….
MAURICE UTRILLO
Curieusement, le thème est inversé par rapport à celui de S. Valadon.
En effet le Démolisseur (en R.P chez Valadon) se trouve dans le Destin, et l’on retrouve la conjonction Général / Vierge de Valadon, mais en R.P, soit en face du Destin. On y retrouve également la Fleur de Pêcher artistique.
Cordon Rouge accompagne Roi des Astres et Palais Céleste étincelants en case de la Chance (qui concerne le Karma et les ascendants). Filiation artistique et glorieuse.
En ce qui concerne le Démolisseur dans le Destin, il faut toujours se demander à qui il s’adresse. Typique des dictateurs,
En case du Destin, le Démolisseur porte lui aussi bien son nom. D’ailleurs, en case du Cheval où il se trouve, on le surnomme « le typhon dans le ciel ». Il faut admettre qu’avec le thème chinois seul, on serait en droit de se demander si l’on n’a pas affaire à une personne autoritaire voire dictatoriale. Mais pas avec Neptune – Mercure/Vénus et Jupiter angulaires. C’est bien le mélange des deux thèmes qui donne toute la dimension au personnage.
La fortune qu’il acquerra à la fin de sa vie est bien signifiée par Fortune dans le Destin en aspect de Trésor et Sept Epées en case Finances. Dès l’âge de 40 ans, on s’arrache ses œuvres.
Heureusement, la case Santé, quoique BC (début de vie difficile), est occupée par l’Honnête qui assure une protection certaine. Il finira par surmonter sa maladie, et mourra à 72 ans.
Laurence HÉRITIER
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Si Utrillo trouve lui aussi un chemin vers la couleur dans la seconde moitié de sa vie, ce Saturnien arbore toutefois une palette et des thématiques radicalement différentes de celles de sa mère. Le blanc prédomine. Au lieu des portraits, des villes désertes et enneigées.
3 planètes en Capricorne, dont le MC. AS Taureau.
Beaucoup de Terre, donc... La dominante Terre indique un travailleur invétéré, mais aussi un grand besoin de sécurité, d’autant que Neptune se trouve ici à l’AS, qui brouille l’identité. Typique d’un enfant non reconnu par le père, et qui changera de nom lorsqu’un amant de sa mère acceptera de lui donner le sien. Selon A. Barbault, avec Neptune en Taureau, « l’astre trouve dans le signe un support sensuel à ses évasions, ses enchantements, à sa mysticité ». On ne saurait mieux décrire l’alcoolisme d’Utrillo, ainsi que sa vocation artistique (trigone Vénus). Mais Utrillo est également très croyant. Sa vie se résume à boire, à peindre, et à prier. Toute la thématique neptunienne est là.
La relation à la mère apparaît très angoissée par la Lune en opposition à la conjonction Saturne-Pluton. Quel aspect de sevrage difficile ! le pauvre Maurice était chassé de la maison tandis que sa mère recevait ses multiples amants … et pourtant il la vénérait, elle était son mentor. Il faut dire qu’elle l’a soutenu tout au long de sa vie, s’est battue pour qu’il ne finisse pas chez les fous, le relevait sans cesse…
De nombreux aspects similaires, donc, en transgénérationnel, mais la mère est chaude et aérienne (Balance), tandis que le fils évolue dans le contexte froid du Capricorne.
Son M. AS Vénus est heureusement bien aspecté, et Jupiter en Lion au FC lui assure le succès et même la joie d’un foyer sur le tard.
A noter l’axe VI-XII intercepté, avec le 1er maître de XII en I, Vénus exaltée en X (la rédemption par la peinture), et le 2è Maître en V, la création.
THEME CHINOIS
A MAURICE UTRILLO
La rue avec ses maisons blêmes,
Ses débits, ses trottoirs luisants
Et ses hasards, toujours les mêmes,
Nous savons trop pourquoi il l’aime,
Depuis le temps de sa bohème,
D’un cœur qui muse et va gueusant …
L’aigre bise aux soirs de misère,
Montmartre, l’hiver, le printemps,
Fleur mâchonnée entre les dents
Des gigolettes de quinze ans
Et des marlous au cœur de pierre
Qui le guettaient en complotant.
Sous le métro de la Chapelle,
Près des garnis à vingt-cinq-sous,
C’est toujours lui, cet homme saoul,
Qui bat les murs et qui appelle
On ne sait qui, d’on ne sait où…
Son étoile était de la fête,
Il la voyait dans le ruisseau
Trembler comme un regard de bête
Battue et portant bas la tête
Sous les coups qui tombent d’en haut,
Sans se douter que c’était cette
Pauvre étoile, dans le ruisseau,
Qui le suivait comme un poète.
Une nuit, il la ramassa
Et, l’essuyant contre sa manche,
S’aperçut qu’elle était blanche
Mais ne brillait pas tant que ça…
Poème de Francis Carco en hommage à Maurice Utrillo