l’Astro Gazette de la FDAF
Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)
N°208 ~ Février 2022
Billet d’Humeur
Vivian Maier : l’outsider de la photographie
Danielle
FELDMAN
Le Musée de Luxembourg a récemment consacré une exposition à celle qui fut baptisée « la nounou photographe ». Vivian Maier s’était occupée d’enfants toute sa vie, elle ne devint célèbre qu’après sa mort par la découverte fortuite de ses photos par trois chineurs lors de la mise aux enchères de ses biens.
Née à New York en 1926, elle vient vivre en France avec sa mère, après le divorce de ses parents, dans le Champsaur où elle séjourne de 6 à 12 ans, puis retourne aux USA en 1938. En 1951, elle entre au service d’une famille de Southampton comme nounou, une activité qu’elle exercera toute sa vie ensuite à Chicago.
Vivian, initiée à la photographie par une amie de sa mère, consacra tous ses moments de liberté à faire plus de 120 000 photographies de rue, sans les avoir vues elle-même pour une bonne partie, n’ayant pas toujours eu la possibilité ni les moyens financiers de développer ses négatifs.
Nanny excentrique, son parcours atypique est représentatif de son signe, le Verseau, occupé par trois autres planètes : Mercure, Jupiter et Vénus. Sa célébrité se lit dans l’axe opposé : le lion ou trône Neptune conjoint à la lune noire. Neptune, dieu de la photographie et des images que l’objectif de Vivian, à l’instar de cette lune noire, dépouille de toutes les illusions et de tous les artifices, photographiant la rue, les gens tels qu’elle les voie, la misère parfois, un enfant qui pleure, le paysage inattendu découvert à travers le paillage d’une chaise ou encore cette une femme qui rechausse son escarpin, alors que le bas de sa voisine a filé,. Ses cadrages originaux, ses images insolites, son intérêt pour les marginaux et les personnes de couleurs interrogent et détonnent à l’époque du rêve américain du self made man.
Vivian Maier née le 1er février 1926 à New York heure inconnue
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Sources : Vivian Maier
Trouble d’accumulation compulsive : également baptisé syndrome de Diogène, ce trouble apparaît après un choc émotionnel important, un deuil ou trouve sa source dans l’enfance.
Trailer du film « A la recherché de Vivian Maier »
Mais il y a une ombre au tableau : cette opposition entre soleil vénus en Verseau et Neptune Lune Noire en Lion fait un double carré à Saturne en Scorpion. Cela pourrait évoquer une frustration affective, que sa passion aurait sans doute sublimée. Cette star se met à briller au lendemain de sa mort survenue le 21 avril 2009 à l’âge de 83 ans, comme une surprise uranienne au retour de son cycle. En 2009, le come back de Jupiter en Verseau sur sa position natale activant également Soleil Vénus qui lui sont conjoints, explique cette mise en lumière soudaine et l’engouement planétaire pour son œuvre : Vivian est aujourd’hui considérée comme une des plus grandes photographes de son époque. Mais il n’est pas tout seul, Chiron conjoint à Neptune stationne sur sa vénus natale, comme si la reconnaissance, même tardive, de l’artiste pouvait enfin opérer sa guérison. L’amas céleste active aussi ce double carré, ossature de son thème, à la pointe de laquelle on trouve Saturne : une artiste avec des fractures. Vivian est très secrète et souffre de troubles compulsifs d’accumulation dont on aimerait bien comprendre l’origine.
Son heure de naissance étant inconnue, il est malheureusement impossible de domifier son thème, mais outre l’occupation du Verseau et la dominante neptunienne, ce côté secret, compulsif, cette célébrité post mortem me font subodorer une composante plutonienne. Saturne en Scorpion, deuxième maître de son signe pourrait à lui seul expliquer cela, mais il pourrait également être renforcé par Pluton en personne, avec une naissance vers 14h30 qui lui donnerait un ascendant cancer conjoint à Pluton, et positionnerait l’amas Verseau dans sa maison VIII. Uranus se trouverait alors au zénith conjoint au MC en Poissons.
Les familles pour qui elle travaillait ignoraient tout de son activité photographique. Elle exigeait à son arrivée dans la maison d’avoir une chambre avec un verrou et elle en défendait jalousement l’accès à quiconque. Elle se livrait à sa compulsion d’accumulation en entassant, journaux, documents et tout un tas d’objets hétéroclites qu’elle rangeait dans des boites en cartons qui ne lui laissaient qu’un minuscule espace pour circuler, causant même un effondrement partiel du plancher. Le film « A la recherche de Vivian Maier » disponible sur Netflix retrace son parcours, où les enfants devenus adultes témoignent. Si certains vantent les qualités exceptionnelles de leur nounou et la liberté d’exploration qu’elle leur permettait, deux femmes dressent une toute autre image : mal-aimable, tyrannique à la limite sadique, cette description jette une ombre, comme celle que l’on voit dans certains de ses autoportraits. Elle ne cessera de se photographier obsessionnellement, initiatrice de selfies avant l’heure, comme si elle s’interrogeait sur cette part d’obscurité. Aurait-elle été abusée ? Le film le laisse entendre. Si John Maloof, un des chineurs qui a acheté ses cartons de photos, a œuvré sans relâche à la sortir de cette ombre en multipliant les expositions, Vivian Maier reste une énigme.
Danielle FELDMAN